Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

mardi 26 avril 2011

 

L' ÉTREINTE

by ~boucherif


Il faut que la mort m'étreigne
Et chante la douleur.
Il faut qu'elle parcoure les champs d'avoine,
passe sa main calleuse dans la blondeur de ta chevelure.
Il faut que la mort se perde dans le brun profond d'un visage d'enfant,
se perde à nouveau dans la chevelure
brune, soyeuse et bouclée, luisante au soleil africain
se perde dans les replis de ton sexe méridional,
ouvert à l'heure vespérale,
- appel d'un désir inassouvi -
il faut qu'à l'heure du soleil endormi et de la lune montante,
nous soyons un couple de feu et de chants rauques
enchantant le défilé entre les roches du désert.
Thanatos m'emportera.


©christiancazals

lundi 25 avril 2011

SUR LE LONG CHEMIN DE L'ART.





Le Guignon.


Pour soulever un poids si lourd,
Sisyphe, il faudrait ton courage!
Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage,
L'Art est long et le Temps est court.

Loin des sépultures célèbres,
Vers un cimetière isolé,
Mon cœur, comme un tambour voilé,
Va battant des marches funèbres.

- Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli,
Bien loin des pioches et des sondes;

Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans les solitudes profondes. 


BAUDELAIRE

LES NUAGES SOMBRES DE NOS PENSEES.


L'ombre d'une soirée.
Des larmes refoulées
Un feu intérieur.
©boucherif




UN LONG SOUPIR,
DES LARMES
UNE PLAINTE QUI N'EN FINIT PLUS,
S'ÉTEINT,
ET C'EST UN CHANT LIBÉRÉ,
ça VIENT DE TRÈS LOIN,
DU CENTRE DU CORPS.
UNE JOUISSANCE SANS FIN.

vendredi 22 avril 2011

Ecouter... réflexions puisées dans le sable... Tranche de vie de l'enfance.

LOVE




Certainement l'enfant cherche un bijou quand il pénètre le sable de la plage. Il creuse la croûte desséchée par le soleil, laisse aller ses petits doigts jusqu'à l'humide, parfois il rencontre la carapace fuyante d'un crabe, un coquillage mollusque qui fuit et se dérobe, un objet abandonné, enseveli par la pelle du cantonnier. Le danger c'est le tesson qui le blesse, qui le surprend en le déchirant, alors le sang coule, en traçant des rigoles sur la main sablonneuse. Des larmes surgissent. Ce n'est pas douloureux... un petit picotement et la surprise de voir ainsi la vie s'écouler par la fissure charnelle. L'agression de son corps. Alors le soleil devient plus intense, il brûle les bras, le visage, il éblouit, et la chevelure blonde miroite.
L'enfant est nu, il écoute le ressac des vagues qui viennent se fracasser sur les rochers de la digue, et déversent sur le sable une mousse jaunâtre parsemée de coquillages, de minuscules galets immaculés veinés de lignes noires.
Il joue avec son sexe, l'étire, le regarde avec insistance quand soudain l'appendice de chair se raidit.
Il bondit, se dresse, ses cuisses potelées se tendent et vigoureusement il court se plonger dans la mer, les appels de sa mère sont sans effets. L'eau salée nettoie la plaie. Le sexe rétrécit. Le regard se trouble. L'enfant se laisse rouler sur la plage, rejeté, petit corps sans défense.
Il prendra quelques minutes de repos sous le soleil.
Il roule à nouveau sur le ventre et creuse un autre trou à la recherche du trésor convoité.

*

Soudain tout s'arrête. Le vent du large, les moteurs lointains, les cris d'autres enfants et les pleurs des bébés sous la chaleur caniculaire.
Le chercheur tout blond et son visage d'ange.
C'est dur sous ses doigts, c'est assez grand. Il nettoie tout autour. C'est blanc.
Sa grande patience, à la manière d'un archéologue lui fait dégager des jambes courtes qui lui semblent vigoureuses.
Des petits bras et des mains graciles.
Il n'y a pas de tête. Point de visage.
Il dégage l'ensemble. La gangue de sable humide a laissé des traces brunes sur le corps de l'angelot.
Il court vers la mer pour nettoyer la statuette.
Récupère bien vite sa trouvaille.
Le soir quand le vent devient plus froid il repart avec ses parents. Son cœur bat la chamade. Une grande joie
va s'installer maintenant dans sa vie.
C'est un peu lui qu'il a découvert dans le sable de la plage.






mardi 19 avril 2011

lundi 18 avril 2011

LA SOURCE. Promenade chez les Elfes, les Fées et les Gnomes Crapoussins

Dans un lieu retiré de la forêt au pied d'une falaise de roches moussues je connais une source d'eau fraîche qui, même aux heures chaudes de l'été le plus torride désaltère et redonne l'énergie aux marcheurs rencontrés sur le chemin du refuge des Elfes: une grotte minuscule dont l'entrée est invisible au promeneur insouciant.
Ce promeneur ne ressent pas la présence des Elfes qui lui transmettent des frissons dans les jambes et le bas du dos. Le voile des Fées lui caresse le visage, il n'en est pas conscient. Il ressent seulement les pincements et les morsures des gnomes crapoussins sous la forme des griffures des épines des ronces. Les orties le démangent et parfois il bute sur une racine sortant du sol et certainement disposée en travers du chemin par quelque esprit malfaisant.
Il avance en aveugle simplement guidé par le gargouillis de l'eau surgissant de la terre. Des fissures, des ouvertures sur la roche calcaire laissent filtrer une eau limpide qui forme en contrebas un petit lac translucide.
Des algues, des branches immergées, une musique, l'ensemble danse car les feuillages s'agitent sous la brise, le parfum des fleurs et de certaines feuilles arrachées flottant dans l'onde, enivrent légèrement celui ou celle égarée à cet endroit. Et puis au centre de ce petit lac une forme allongée, on devine des formes jeunes et une chevelure longue flottant juste au dessous de la surface limpide.
Insensible aux Fées ce marcheur ne voit pas cette forme étendue et n'entend pas le chant triste qui s'échappe du petit Lac.
Ophélie pleure.
L'homme reste souvent fermé à cette beauté et à ce chant.