


Lampedusa.
La décision était maintenant prise. Plus rien ne pouvait stopper cet immense raz de marée qui éveillait la belle femme au désir trop longtemps réprimé par une vie de bourgeoise accomplie.
L’escale d’Agrigente fut très courte.
Le père San Felice, en Maître de cérémonie sur l’embarcation funèbre, donna le signal du départ, et Cap au Sud la goélette fendit les vagues courtes de la Méditerranée et prit la direction de la haute mer.
L’île de Malte à bâbord, les côtes tunisiennes à tribord, la goélette de Luigi naviguait majestueusement en direction de l’île natale de l’industriel : l’île de Lampedusa.
Fausta, toujours en figure de proue, scrutait l’horizon. Personnage mythique enveloppée de son voile blanc qui laissait une grande liberté à ses formes, c’était une sculpture de chair, les mains posées sur l’urne et caressant pour les derniers instants l’albâtre, étreinte minérale de celui qui fut son Pygmalion.
Portée par un vent bénéfique, les voiles déployées, au matin du cinquième jour, toujours à l’avant elle vit se profiler les falaises de Lampedusa, les côtes déployées en anneaux de pierres sombres.
L’équipage l’entoura, les jeunes gens amis de Luigi se serrèrent contre son corps voluptueux, le Père San Felice déposa un baiser fraternel sur son front, sur l’urne qu’il ouvrit et se mettant dans le sens du vent il répandit ce qui restait de Luigi sur la mer.
Fausta ferma les yeux il y eut un temps de méditation pendant lequel la scie musicale improvisa un chant plaintif qui étonna les goélands nichés au sommet de la mature. Le jeune chanteur pleura, et l’équipage entonna le chant des marins siciliens.
On se dirigea ensuite vers le port pour permettre à Fausta, seule maintenant, de débarquer avec le minimum de bagages et de prendre le premier avion pour Rome.
L’aventure Africaine commençait pour elle.
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