Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

lundi 20 octobre 2008

Le nourrisson" suite texte de P. Quignard"

Alors le peuple demanda à l'enfant qui était son père. Mais l'enfant dit, toujours en latin, que, s'il se souvenait du visage de l'homme qui était monté sur sa mère à l'instant où il avait été conçu, comment connaîtrait-il son nom? Il dit encore: Ce n'était pas exactement son nom que mon père murmurait alors à l'oreille de ma mère. Bref, tout ce que le nourrisson pouvait assurer, c'est que cet homme n'était pas St Brice. Or le peuple, mécontent de la réponse que lui avait faite le nourrisson, désirait toujours lancer ses pierres. On décida de faire une ordalie afin que la colère de tous fût désarmée. Le forgeron mit des charbons ardents dans les mains de l'évêque. La foule demanda à Brice de porter les braises toutes rouges jusqu'au tombeau de St Martin. Brice traversa la Loire. Tout le monde le suivait en murmurant. Or, après qu'il eut posé les tisons ardents sur la pierre tombale de St Martin, les paumes qui les avaient contenus étaient intactes. * Alors la foule se retourna contre la mère du nourrisson. On dénuda les seins de la religieuse lavandière. Un jeune homme les lui coupa. Cela exécuté, le corps de la femme était non seulement couvert de sang mais aussi de lait parce qu'elle était encore à nourrir son enfant âgé de trente jours. La religieuse fut lapidée par les Tourangeaux en raison de son mensonge.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le texte de P Quignard est beau, mystèrieux.