Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

lundi 31 mai 2010

Objet de Méditation

Commentaire de Jacqueline Waechter à la reception de ce texte: "C'est en plein tintamarre qu'il faut prêter l'oreille au chuchotement imperceptible de Dieu."
V Jankélévitch
Traverses


La musique, toute semblable à la vie, est une construction mélodieuse, une durée enchantée, une très éphémère aventure, une brève rencontre qui s'isole entre commencement et fin dans l'immensité du non-être.
On peut distinguer à cet égard un silence antécédent et un silence conséquent qui sont l'un à l'autre comme l'alpha et l'oméga. 
Le silence-avant et le silence-après, ils ne sont pas plus symétriques entre eux que le commencement et la fin, la naissance et la mort ne sont symétriques dans un temps irréversible.

                                                                               Vladimir Jankélévitch

                                                                                             ( La musique et l'Ineffable 1961)


samedi 29 mai 2010

Le compartiment de nuit

Le compartiment.



Les temps révolus.

Les temps des compartiments, six places assises, des photos de régions lointaines sur les murs, deux porte bagages à chaque banquette, la petite poignée du signal d’alarme, la porte à glissière sur laquelle, le contrôleur tape d’un coup discret pour avertir de son passage.

Sur la fenêtre donnant sur la voie : « e pericoloso sporgersi ».

Croukougnouche a toujours raison. Sa voix me dit « les trains font parfois bien les choses ».

En ce jour de chaleur des années soixante Arles sentait la mer, la nuit allait s’étendre sur les arènes et de Las Casas marchait d’un pas allègre.

Il dépassa une belle arlésienne (il pensait que c’en était une…), jeta un coup d’œil à la maison de Vincent et s’engouffra dans la gare qui sentait le tabac froid et l’alcool frelaté.

Le seul guichet ouvert, un billet pour Paris/Austerlitz, affaire rondement classée et le quai A. Le train de nuit arrivait, venant de Marseille. Une nuit de voyage.

Dans le couloir surprise de rencontrer la belle brune, les deux corps se touchent superficiellement en se croisant, sourire, enfin les deux dans un compartiment. Conversation sur la chaleur, l’orage qui gronde, les éclairs, on se rapproche, le contrôleur en visite déclare, un sourire sur le visage, qu’il va fermer le compartiment, ainsi ils ne seront pas dérangés, et tranquilles jusqu’à Paris.

Nuit de plaisirs. Roulement des boggies.

Vraiment les trains font parfois bien les choses.

© christian cazals 2010

vendredi 28 mai 2010

La Promenade de De las Casas

Jeudi 27 Mai 2010. Grève des trains.
De las Casas paumé dans une ville du Sud. Quelques heures à tirer avant le départ hypothétique d'un tortillard devant desservir une dizaine de lieux avant de retrouver la Drôme du Sud, encore provençale, mais presque lyonnaise.
Une p'tite pièce!!
Certainement poète famélique. Cling! M'ci.

Question sur le lieux.
C'est le jardin des poètes.
J'y cours.Trois heures à tirer.
S'asseoir sur un banc. Écouter le chant des oiseaux, une guitare dans un fourré, un grand éclat de rire, il résonne encore dans la tête du voyageur.
Un vent léger courbe les branches.

Un jeune enfant noir passe sur un vélo de fortune.

Pas très loin de Bob Wilson dans ce jardin. Le mouvement est lent.
Poésie d'un rythme de danse lent.

Sur un banc, solitaire, un aveugle, âge incertain, avec l'extrémité de sa canne repousse un cailloux, du regard il suit l'envol d'un oiseau au plumage gris.
Le temps passe vite, le regard de De las Casas s'agite en tourbillons. Vous avez l'heure. Dix huit heures réponds l'aveugle. Il faut y aller, étrange personnage qui fait les demandes et les réponses.

Le train partira en retard. De las Casas est épuisé. Une petite sauterelle bondit dans le couloir. Ma voisine sourit.
Ce fut un jour de grève poétique.

mercredi 26 mai 2010

Offert sous forme de commentaire concernant " Le combat des Anges" par l' Espace du Dedans.

lundi 24 mai 2010

pour Christian C.
Qui donc, si je criais, parmi les cohortes des anges

m'entendrait ? Et l'un d'eux quand même dût-il

me prendre soudain sur son cœur, ne m'évanouirais-je pas

sous son existence trop forte ? Car le beau

n'est que ce degré du terrible qu'encore nous supportons

et nous ne l'admirons tant que parce que, impassible, il dédaigne

de nous détruire. Tout ange est terrible.

Et je me contiens donc et refoule l'appeau

de mon sanglot obscur. Hélas ! qui

pourrait nous aider ? Ni anges ni hommes,

et le flair des bêtes les avertit bientôt

que nous ne sommes pas très assurés

en ce monde défini. Il nous reste peut-être

un arbre, quelque part sur la pente,

que tous les jours nous puissions revoir ; il nous reste

la rue d'hier et l'attachement douillet à quelque habitude du monde

qui se plaisait chez nous et qui demeura.

(...)

Oui, les printemps avaient besoin de toi. Maintes étoiles

voulaient être perçues. Vers toi se levait

une vague du fond du passé, ou encore,

lorsque tu passais près d'une fenêtre ouverte,

un violon s'abandonnait. Tout cela était mission.

Mais l'accomplis-tu ? N'étais-tu pas toujours

distrait par l'attente, comme si tout cela t'annonçait

la venue d'une amante ? (Où donc voudrais-tu l'abriter,

alors que les grandes pensées étrangères

vont et viennent chez toi, et souvent s'attardent la nuit ?)

Mais si la nostalgie te gagne, chante les amantes ; il est loin

d'être assez immortel, leur sentiment fameux.

Chante-les (tu les envies presque !) ces délaissées qui te parurent

tellement plus aimantes que les apaisées.

Reprends infiniment l'inaccessible hommage.

(...)

Première Elégie de Duino















De tous ses yeux la créature

voit l'Ouvert. Seuls nos yeux

sont comme retournés et posés autour d'elle

tels des pièges pour encercler sa libre issue.

Ce qui est au-dehors nous ne le connaissons

que par les yeux de l'animal. Car dès l'enfance

on nous retourne et nous contraint à voir l'envers,

les apparences, non l'ouvert, qui dans la vue

de l'animal est si profond. Libre de mort.

Nous qui ne voyons qu'elle, alors que l'animal

libre est toujours au-delà de sa fin :

il va vers Dieu ; et quand il marche,

c'est dans l'éternité, comme coule une source.

Mais nous autres, jamais nous n'avons un seul jour

le pur espace devant nous, où les fleurs s'ouvrent

à l'infini. Toujours le monde, jamais le

Nulle part sans le Non, la pureté

insurveillée que l'on respire,

que l'on sait infinie et jamais ne désire.

Il arrive qu'enfant l'on s'y perde en silence,

on vous secoue. Ou tel mourant devient cela.

Car tout près de la mort on ne voit plus la mort

mais au-delà, avec le grand regard de l'animal,

peut-être. Les amants, n'était l'autre qui masque

la vue, en sont tout proches et s'étonnent...

Il se fait comme par mégarde, pour chacun,

une ouverture derrière l'autre... Mais l'autre,

on ne peut le franchir, et il redevient monde.

Toujours tournés vers le créé nous ne voyons

en lui que le reflet de cette liberté

par nous-même assombri. A moins qu'un animal,

muet, levant les yeux, calmement nous transperce.

Ce qu'on nomme destin, c'est cela : être en face,

rien d'autre que cela, et à jamais en face.



S'il y avait chez l'animal plein d'assurance

qui vient à nous dans l'autre sens une conscience

analogue à la nôtre – , il nous ferait alors

rebrousser chemin et le suivre. Mais son être

est pour lui infini, sans frein, sans un regard

sur son état, pur, aussi pur que sa vision.

Car là où nous voyons l'avenir, il voit tout

et se voit dans le Tout, et guéri pour toujours.



Et pourtant dans l'animal chaud et vigilant

sont le poids, le souci d'une immense tristesse.

Car en lui comme en nous reste gravé sans cesse

ce qui souvent nous écrase, – le souvenir,

comme si une fois déjà ce vers quoi nous tendons

avait été plus proche, plus fidèle et son abord

d'une infinie douceur. Ici tout est distance,

qui là-bas était souffle. Après cette première

patrie, l'autre lui semble équivoque et venteuse.

Oh ! bienheureuse la petite créature

qui toujours reste dans le sein dont elle est née ;

bonheur du moucheron qui au-dedans de lui,

même à ses noces, saute encore : car le sein

est tout. Et vois l'oiseau, dans sa demi-sécurité :

d'origine il sait presque l'une et l'autre chose,

comme s'il était l'âme d'un Etrusque

issue d'un mort qui fut reçu dans un espace,

mais avec le gisant en guise de couvercle.

Et comme il est troublé, celui qui, né d'un sein,

doit se mettre à voler ! Comme effrayé de soi,

il sillonne le ciel ainsi que la fêlure

à travers une tasse, ou la chauve-souris

qui de sa trace raie le soir en porcelaine.



Et nous : spectateurs, en tous temps, en tous lieux,

tournés vers tout cela, jamais vers le large !

Débordés. Nous mettons le l'ordre. Tout s'écroule.

Nous remettons de l'ordre et nous-mêmes croulons.





(...)

lundi 24 mai 2010

Le combat des Anges.


Le combat des Anges

Les Anges luttent sans merci ils se percent le cœur et déchirent leur visage
parfois l’Ange devient noir.
Les pensées des Anges basculent leurs cris nous épouvantent, ce sont chants d’oiseaux égarés.
Ainsi disparaît un ange.

Le vent l’emporte dans une pure blancheur, les ailes brisées retombent.
Tout est silence, recueillement, méditation maintenant.
Nous ne comprenons pas les Anges.

Une chambre triste, des murs aux couleurs passées, quelques gravures sur les murs, un lit ouvert les draps dispersés, une lumière pâle blêmissant les visages des amants.

Située au sommet d’un building dans le quartier des affaires d’une grande ville d’un pays de l’est, une immense baie vitrée emporte le regard sur un triste panorama d’usines, donne le change d’une richesse artificielle.

Ils vivent dans la folie et la déchirure. Les pensées s’affrontent.

Ce sont les acteurs d’un drame qui n’en finit pas. Ils le vivent jour et nuit. Sur les plateaux de cinéma, dans les rues et les immeubles qu’ils visitent.

Anges intranquilles nous les rencontrons souvent.

Des roses sur la pierre tombale. Un ange mélancolique se déplace.

(écrits de nuit)












dimanche 23 mai 2010

Extrait du quotidien "Libération" par Marie Lechner sur la video de Thomas CAZALS In the Tube with Carla. www.vimeo.com/11733797

In the Tube with Carla from Thomas Cazals on Vimeo.

Thomas CAZALS a réalisé et mis en ligne un portrait caustique de la première dame de France entièrement conçu à partir de vidéos glanées sur You Tube.

Paillettes,sexe, et pouvoir, In the Tube with Carla, clin d'oeil à " In Bed With Madonna " propose un piquant portrait d'une autre icône people, Carla Bruni, réalisé par Thomas Cazals exclusivement à partir d'images provenant de You Tube.
In The Tube vith Carla nous dépeint une sacrée coquine qui n'a pas ses (sept) langues dans sa poche. " Je suis parti avec l'idée de mieux faire connaissance avec ce personnage", explique le réalisateur, qui dit ne pas regarder la télévision ni lire les magazines people. C'est donc dans la peau d'un extraterrestre qu'il s'est mis à farfouiller le site de partage de vidéos à la recherche des déclarations de l'ex-top devenue chanteuse folk puis femme de.
Portrait du montage de 27 minutes. Le film est composé à 90% d'archives étrangères.

Sources: Libération. Le Mag. Samedi 22 et Dimanche23 Mai 2010.

Pour visionner: www.vimeo.com/11733797

samedi 22 mai 2010

Hors-la-loi film de Rachid Bouchareb/ Festival de Cannes.

Vient d'être présenté en Sélection officielle et déjà la polémique naît.
Ce film n'est pas un documentaire mais un film de fiction et l'auteur n'est pas tenu de respecter "à la lettre" la vérité historique.
Je n'ai pas vu le film et mon propos est simplement d'annoncer cette oeuvre que je crois très honnête dans  sa réalisation.
Je renvois le lecteur à l'étude des différents journaux de ce jour et lui demande de faire lui-même son analyse des faits.
Notons que l'épisode du massacre de Sétif par l'armée française est très mal connu. L'historien Benjamin Stora met en lumière avec beaucoup d'intelligence ce moment dramatique. (Imaginaires de guerre. Algérie et Vietnam Ed La découverte 2005. Le mystère De Gaulle. R. Laffont

jeudi 20 mai 2010

Ratification de la Convention sur l'interdiction des Mines Antipersonnel.




Mao Sopheap a perdu ses parents à cause d'une mine antipersonnel. Puis, à l'âge de 16 ans, elle a elle-même marché sur une mine qui a déchiqueté sa jambe gauche dont on a du l'amputer. Durant un interview elle s'est écriée:
"Cette mine m'a donné un avenir de larmes pour le reste de ma vie."
Les Etats Unis ont fait le choix scandaleux de ne pas signer le traité interdisant l'utilisation des mines anti personnel  en vigueur depuis 10 ans. Mais la semaine dernière 68 sénateurs des Etats Unis  ont écrit au Président Obama pour soutenir ce traité d'interdiction ce qui lui donne la majorité des 2/3 nécessaire à la ratification.






La Convention sur l'interdiction des Mines Antipersonnel a vu le jour grâce à une mobilisation citoyenne mondiale -- aujourd'hui si nous sommes suffisamment nombreux à soutenir ce geste du Sénat américain, nous pourrions obtenir la signature de l'administration Obama! Cliquez ci-dessous pour agir et diffusez largement ce message, la pétition sera remise à la Maison Blanche quand nous aurons atteint 200 000 signatures: 





http://cdn.avaaz.org/fr/obama_ban_mines/?cl=584396821&v=6338




Certains conseillers militaires s'opposent à ce traité, mais leur argument consistant à dire que le traité serait une atteinte à la sécurité ne tient pas -- les Etats-Unis n'ont pas utilisé de mines antipersonnel depuis 1991, ont mis en place une interdiction aux exportations depuis 1992, et n'ont pas produit de telles mines depuis 1997.









Depuis 1999, 156 pays ont signé la convention mondiale interdisant leur usage et leur production, ce qui a permis de réduire fortement le nombre de victimes des mines. Mais il est frappant de constater que les Etas-Unis, la Chine et la Russie ne l'ont pas signée, et sans les Etats-Unis, il y a peu de chance d'aboutir à une interdiction mondiale totale, indispensable pour éliminer ces armes qui tuent aveuglément.



La lettre adressée par les Sénateurs la semaine dernière rapproche un peu plus les Etats-Unis de la ratification. Mais pour contrer la résistance des militaires nous avons besoin d'une vague de soutien mondial pour convaincre le Président de signer enfin le traité. Signez la pétition ci-dessous, puis faites suivre ce message à vos proches. 


mercredi 19 mai 2010

Réponse à l'Espace du Dedans






Réponse en miroir au message de "l'espace du dedans" sur Rilke.
Extrait de la 1° élégie de Duino:

"Ils n'ont donc plus besoin de nous, enfin, ceux qu'enleva la mort précoce:
doucement du terrestre on se déshabitue, ainsi que doucement on passe l'âge
où l'on a besoin du sein de la mère." R.M. Rilke

Des hommes et des Dieux Xavier Beauvois. Festival de Cannes 2010




Nous présentons les premières images du film sur le massacre des Moines de Thiberihine ainsi que les réactions " à chaud" des avis des spectateurs.
Par la suite nous ferons une analyse de ce film. Notons que nous avons déjà écrit dans ce blog au sujet du drame de cette communauté cistercienne.

lundi 17 mai 2010

Poème de Georg Trakl traduit par GUILLEVIC.

Suite au bref billet paru dans Textes et Fragments concernant le poète allemand G. Trakl , considéré par certains comme un autre Rimbaud
Pourquoi aimer Trakl et sa poésie? A cette étrange question posée par une de ses amies professeur en Allemagne GUILLEVIC répondit " parce qu'il m'empoigne, c'est tout ".
En effet la lecture des poèmes de Trakl, j'ajoute d'ailleurs leur interprétation, ne nous laisse pas insensible
à ce qui se dégage des mots. Il se répand en nous comme un frisson porteur des sensations que Trakl
désire nous communiquer.
Le dernier mot revient à GUILLEVIC qui nous dit:" Je n'ai rien dit. Parler de Trakl sert à quoi? Il faut lire ses poèmes. Même traduits, ils donnent, ils ouvrent un monde."

Le poème présenté maintenant : " A un jeune mort "  Edition OBSIDIANE


A un jeune mort








O,l’ange noir qui sortit lentement de l’intérieur de l’arbre,

Quand le soir nous étions doux compagnons de jeu,

Au bord de la fontaine tirant sur le bleu.

Tranquille était notre pas, les yeux ronds dans la fraîcheur brune de l’automne,

O, la douceur pourpre des étoiles.



Lui cependant descendit les marches de pierre

Du Mont-des-Moines,

Un sourire bleu sur le visage, étrangement chrysalidé

Dans son enfance plus calme, et mourut ;

Et dans le jardin resta le visage argentin de l’ami

Epiant dans le feuillage ou la vieille pierre.



L’âme chantait la mort, la verte putréfaction de la chair,

Il y avait le bruissement de la forêt,

La plainte ardente du gibier.

Dans le crépuscule, sonnaient toujours depuis les tours les cloches bleues du soir.



Vint l’heure où celui-ci vit les ombres dans le soleil pourpre,

Les ombres de la pourriture dans le branchage nu ;

Le soir, quand près du mur sombre chanta le merle,

L’esprit du jeune mort entra calmement dans la chambre.



O, le sang qui coule de la gorge de celui qui crie,

Fleur bleue ; ô la larme de feu

Pleurée dans la nuit.



Nuage d’or et temps. Dans la chambre solitaire

Tu fais du mort plus souvent ton hôte,

Tu vas dans un dialogue confiant sous les ormes

En descendant le long du fleuve vert.



Traduction de GUILLEVIC.

samedi 15 mai 2010

Nouvelles de Jan Petrus sur la route de Rimbaud, L'Homme aux semelles devant( Sculpture d'Ipoustéguy, commande du Président F. Mitterrand.)


A mon retour, Jan Petrus me laisse un message d'Aden sur la route d'Harare. Son ardeur et son désir de découverte rare est toujours aussi vif. C'est ainsi qu'il me fait découvrir" L'Homme aux semelles devant ", sculpture d'Ipousteguy (commande du Président Mitterrand).
Rimbaud, toujours de l'avant dans son parcours, la même ardeur que celle de Jan Petrus.
Jan Petrus n'est pas Homme à mettre une cravate.

mardi 11 mai 2010

Jusqu'au Vendredi 14 Mai je troque l'ordinateur pour
un crayon un bloc papier.Vous pouvez envoyer des mails.
Samedi matin nous nous retrouverons pour un nouveau message.

Jan Petrus est sur les traces de Rimbaud. Il séjourne à Aden sur la route d'Harare


Retour à Gorée. 10 Mai Journée commémorative de l'abolition de l'esclavage






Respirer Gorée

Respirer Gorée.
La barque accoste, des voix, des cris, des chocs sur le quai de pierres disjointes,
peu de rires,
 sous le soleil et la chaleur, les bougainvilliers,
les maisons de stars là-bas dans le lointain brumeux.
Respirer Gorée...
et prier, pleurer sur le perron de la maison des esclaves,
écouter le gémissement dans l'enfilade des lieux,
les femmes les enfants les hommes,
loin de la brousse,
loin des pirogues,
des cases de boue et de paille.

Attente pour chacun en partance.

Maintenant le parcours obligé des hommes de progrès.
Le spectacle le souvenir en ticket payant.
Prier auprès du grand arbre la cendre sous la langue.
Dans un angle du mur courber la nuque et fermer les yeux.

Alors les caravelles se détachent et emportent leur cargaison de vies pour un voyage sans retour.

                             christian  CAZALS

lundi 10 mai 2010

Léopold Sedhar Senghor, Aimé Césaire poète de la négritude.

Poésie de Léopold Sédar Senghor


Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voila qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d' Est
Tamtam sculpté, tamtam qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.


Aimé Césaire.

La femme et la flamme

Un morceau de lumière qui descend la source d'un regard
l'ombre jumelle du cil et de l'arc-en-ciel sur le visage
et alentour
qui va là angélique
et amble
Femme le temps qu'il fait
le temps qu'il fait peu m'importe
ma vie est toujours en avance d'un ouragan
tu es le matin qui fond sur le fanal une pierre de nuit
entre les dents
tu es le passage aussi d'oiseaux marins
toi qui es le vent à travers les ipoméas salés de la connaissance
d'un autre monde s'insinuant
Femme
tu es un dragon dont la belle couleur s'éparpille et s'assombrit
jusqu'à former l'inévitable teneur des choses
j'ai coutume des feux de brousse
j'ai coutume des rats de brousse de la cendre et des ibis
mordorés
de la flamme
femme liant de misaine beau revenant
casque d'algues d'eucalyptus
                                    l'aube n'est-ce pas
                                    et au facile des lisses
                                    nageur trés savoureux





Pensées auourd'hui à l'esclavage
chavirement du regard à l'île de Gorée
regard sur l'immensité de la mer
l'océan sur lequel
se perdirent
les navires négriers.

c.c

Enfin! Pierre Etaix au Festival de Cannes. Transmis par Christian Cazals


Chers ami(e)s,




L’association « Il Etaix une fois » est heureuse de vous annoncer la FIN HEUREUSE & DÉFINITIVE de l’imbroglio juridique qui bloquait depuis de nombreuses années la ressortie des films de Pierre Etaix !
La restauration des négatifs a ainsi pu reprendre en vue de la ressortie prochaine de l'ensemble des films de Pierre Etaix (il y aura même un inédit ! ) *
Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, nous avons l'immense plaisir de vous annoncer la sélection du film «Le grand amour » au 63 ème Festival de Cannes. Il sera projeté en présence de Pierre Etaix, le 19 mai à 17 heures, salle du Soixantième dans la programmation « Cannes Classics ».
A cette occasion, et afin lui permettre de poursuivre les actions entreprises, l'association « Il Etaix une fois », en accord avec Pierre Étaix, édite en souscription « La Cène de Pierre Étaix », vibrant hommage au grand Léonard et aux maîtres du « slapstick » américain.

vendredi 7 mai 2010

Camille Claudel face à son destin. Cazals Christian.




Je pense l'artiste en devenir.
Confrontés au vide   NOUS SOMMES

nous aussi
jusqu'à l'ULTIME.      un destin.

Envoi de Joseph CARRET. Entretien à Rue89. Transmis par Christian CAZALS


Elias Sanbar occupe une place à part dans la diaspora palestinienne. Cet intellectuel palestinien natif de Haifa, aujourd'hui ville israélienne, installé en France depuis de longues années, peut, quasiment dans la même phrase, vanter le génie des poètes et s'enthousiasmer pour la dernière initiative de Barack Obama qu'il nous prédit prêt à s'engager réellement en faveur d'une paix imposée au Proche-Orient.
C'est ce qu'Elias Sanbar fait dans la vie, mais aussi dans le « Dictionnaire amoureux de la Palestine » qu'il vient de publier, dans lequel il réussit à mêler, en déroulant l'alphabet, de petits essais ciselés et percutants sur les enjeux de ce territoire qui n'est pas encore un pays, tout en y mêlant l'humour, la poésie, la culture.
L'auto-dérision aussi, comme cette entrée à la lettre « P ou B, telle est la question », qui ironise sur l'incapacité des Palestiniens à prononcer la lettre « P » alors que c'est le début de ce nom qu'ils ont eu tant de mal à faire accepter, au point de rester, pour tout visiteur des territoires occupés, le « beuple balestinien »…
Elias Sanbar explique, dans un entretien à Rue89, ce qu'il a voulu faire avec ce « dictionnaire », à commencer par le personnage de Yasser Arafat, non pas à la lettre « A », mais à « V ». « V » comme « Vieux ». Un dictionnaire qu'il a voulu « subjectif », éloigné des « mythes qui écrasent » la Palestine, très personnel aussi. (Voir la vidéo)Nous lui avons demandé de choisir une définition de son dictionnaire et d'expliquer son choix, qui s'est porté sur le mot « absence ». Une référence, explique-t-il, au fait qu'en 1948, lors de la naissance de l'Etat d'Israël, « la Palestine n'est pas un pays occupé, c'est un pays disparu. C'est ce qui fait la grande différence avec ce qui adviendra en 1967 en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est, où on sera face à une occupation classique. Alors qu'en 1948, c'est une disparition ». (Voir la vidéo)Une phrase, dans ce livre, m'a frappé par son pessimisme effrayant, surtout venant d'un homme qui a été associé à plusieurs étapes des négociations de paix, à Madrid au lendemain la première guerre du Golfe de 1991, ou dans différentes réunions d'« experts » qui tournent court depuis bientôt deux décennies :

« Maintenant que les colons sont parvenus à rendre la paix quasi impossible, quel miracle soustraira les deux peuples au sort funeste qui les attend, car pour reprendre le titre du beau livre de Rachel Mizrahi, si l'un meurt, l'autre aussi. »
Tout la nuance tient dans le « quasi » qui garde la porte entrouverte, car il considère qu'il reste « toujours une marge pour être surpris par l'accélération de l'Histoire ».
Même s'il reconnaît que l'extension de la colonisation crée une situation « extrêmement inquiétante », à la fois par le poids des colons dans les unités d'élite de l'armée israélienne qui pourraient être amenées un jour à exécuter un ordre d'évacuation des territoires palestiniens, ou même par le simple fait qu'un membre important du gouvernement comme le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, habite lui-même une colonie.
Et pourtant, Elias Sanbar est venu nous rendre visite vendredi avec ce qu'il considère comme des nouvelles encourageantes pour la paix.
Des nouvelles venues des Etats-Unis, où l'administration Obama, excédée par l'intransigeance israélienne et considérant que celle-ci met en danger les positions des Etats-Unis dans le monde arabo-musulman, vient de faire savoir aux Palestiniens qu'elle ne s'opposera pas à l'adoption au Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens.
De même, Elias Sanbar prête au Président américain le projet de laisser quatre mois aux deux parties pour « enclencher une solution négociée », faute de quoi il convoquera une conférence internationale qui pourrait l'imposer. Un passage en force qu'il juge indispensable dans la configuration actuelle :
« Avec cette équipe aux commandes en Israël, il est quasiment impossible d'arriver à la paix sans une intrusion d'un acteur extérieur. »
Une paix d'autant plus indispensable qu'une véritable course de vitesse est engagée, selon lui, avec le risque de guerre et de violence, en particulier avec l'Iran. Une confrontation qui, selon Elias Sanbar, arrangerait les affaires des plus durs des Israéliens qui y verraient le moyen de ramener les Etats-Unis 100% à leurs côtés.
Mais ce « piège », selon lui, ne fonctionnera pas car « c'est une partie de cartes dans laquelle tous les joueurs connaissent les cartes de tous les autres joueurs… »
Reste la question de la division palestinienne, argument là encore utilisé par la partie israélienne pour éviter d'avancer, mais qui s'appuie aussi sur la réalité de l'hostilité ouverte entre l'Autorité palestinienne dirigée à partir de la Cisjordanie par Mahmoud Abbas, et les islamistes du Hamas, solidement installés dans la bande de Gaza.
Elias Sanbar rejette l'argument d'un revers de la main, en affirmant que si l'absence de perspective de paix sert à « gonfler la baudruche » du Hamas depuis des années, une négociation qui aboutirait à une solution véritable retournerait l'opinion palestinienne rapidement et réduirait le Hamas à son étiage d'origine, celui d'un noyeau idéologique limité. (Ecouter le son)S'il est un personnage qui traverse ce « dictionnaire amoureux », ce n'est pas Yasser Arafat ou un leader politique quelconque, c'est le poète Mahmoud Darwich, disparu en 2008, et qui incarnait une certaine idée de la culture palestinienne, mais aussi une exigence morale forte.

Elias Sanbar était son ami, son traducteur aussi (sa dernière œuvre traduite, « Le Lanceur de dés », vient de sortir chez Actes-Sud). Il l'évoque en termes émouvants et forts, comme tous ceux qui ont connu ce poète de l'exil, mort et enterré à Ramallah, en Cisjordanie, pas si loin de sa région natale située près de St Jean d'Acre ; une région dont il était toutefois séparé par un mur de béton.
► Elias Sanbar, « Dictionnaire amoureux de la Palestine », éd. Plon, 481 p, 24,50 €.

mercredi 5 mai 2010

Sur une plage déserte. Après Pondichery Route d'Auroville. Mémoires Indiennes.

Mémoires Indiennes.

Sur les plages de l'Inde, le voyageur solitaire, sac sur le dos, fait souvent d'étranges rencontres.
Ce ne sont pas les petits insectes venimeux qui courent sur le sable brûlant, ni les chiens décharnés et les chèvres extatiques couvertes de mouches.
Parfois, un enfant venu de nulle part, qu'on dirait accouché par la plage, surgit. Le sable s'ouvre et l'enfant paraît, étrange bébé déjà chevelu, crasseux des pieds et des mains, les genoux usés et les yeux plein de vie, de braise fleurant le santal, de sourire, bouche éclatée sur les dents rouges du bétel patiemment mastiqué.
Nous avons rencontré cet enfant sur une plage déserte, un jour de vent chaud, de mer effrayante - l'océan indien en se fracassant sur la côte écumait sauvagement et les rouleaux à la crête blanche tiraient nos corps vers le large. Le soleil brûlait l'épiderme.
L'enfant nous regarda puis son regard se perdit sur l'immensité de l'océan. Il fixait un oiseau, vautour planant très haut, cherchant sa proie, prêt à s'abattre.
L'enfant bougeait lentement sur le sable, il rampait. Ses doigts s'enfonçaient dans la lave cristalline brûlante et rugueuse de la plage.
Une de ses jambes traînait, paralysée, maigre, sans muscle et sans réflexe. Il tendait le bras vers la chevelure mordorée de celle qui avait choisi de franchir avec moi cette distance au dessus des pays en guerre, des pays muselés dans leurs pensées et leurs écrits.  
Ses doigts très fins, entraînés à nouer la laine des tapis, à modeler la bouse des vaches- reines efflanquées de ces lieux- à fouiller dans l'ordure et la fiente, ses doigts semblaient aux plumes effilées terminant l'aile d'un ange. 
Sous le vent venu de la mer, la penne se courbait et pénétrait la masse brune parcourue de reflets auburn.

mardi 4 mai 2010

Sortie en librairie.




Le blog ipapy  http://ipapy.blospot.com/ nous annonce et nous demande de relayer l'information
de la sortie du 1° livre de Daniel Morin à la date du 25 Mai 2010, ce que nous faisons bien volontiers.


Eclats de Silence
L'indiscible simplicité d'Etre
Préface Alexandre Jollien
Editions Accarias
L'ORIGINEL 

ROST. Requiem pour Jérusalem





Parfois un chant nouveau, une oeuvre sauvage illumine votre soirée.

dimanche 2 mai 2010

White Material- Claire DENIS

Le cinéma de Claire DENIS est un cinéma d'Homme, je veux dire un cinéma de l'Humain.
Dans White Material elle suit le cheminement de ses personnages mus par un ressort qui se déroule et les entraîne vers leur destin qui est aussi celui d'un pays, le pays africain, cherchant sa vérité au-delà de toute politique actuelle qui ne fait qu'enfermer le pays concerné dans un carcan rigide international et politicien.
Le cinéma de Claire DENIS est certainement un cinéma difficile évoluant hors des sentiers commerciaux. C'est un cinéma d'art et de respect pour l'être humain car il raconte notre histoire.
Il y avait huit spectateurs dans la salle. No comments. Je vous laisse en présence de Claire DENIS qui nous parle de son film



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