Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

dimanche 30 août 2009

Sur la route des Monastères Africains. Keur Moussa ( Sénégal )

Texte de Deepak Chopra Nous sommes des voyageurs sur le chemin du cosmique, des poussières d'étoiles roulant et dansant éternellement dans les remous et les tourbillons de l'infini. La vie est éternelle mais les expressions de la vie sont éphémères , momentanées, transitoires. Gautama Bouddha, le fondateur du Bouddhisme a dit un jour :"Cette existence est aussi éphémère qu'un nuage d'automne. Assister à la naissance et à la mort des êtres est comme regarder les mouvements d'une danse.""Une vie est un éclair dans le ciel, elle court comme le torrent dévale une montagne escarpée. Nous nous arrêtons un instant pour nous rencontrer ,nous regarder , nous aimer , partager .Ce moment est précieux mais il est passager. C'est une parenthèse dans l'éternité. Si nous le partageons avec attention et amour , le cœur lumineux , nous créerons l'abondance et la joie les uns pour les autres. Alors , ce moment aura été digne d'être vécu ."Deepak ChopraPublié par ipapy le vendredi, août 28, 2009 5 commentaires Libellés : mercredi 26 août 2009 Publié par cazalschristian à l'adresse 8/30/2009 Libellés :Photos, textes 0 commentaires: Enregistrer un commentaire

jeudi 27 août 2009

Rencontre de Fausta et Gianfranco

Le déchirement de la nuit est salué par le chant des oiseaux peuplant le parc de l’hôtel. Reposée par un sommeil profond Fausta se retourne légèrement et laisse son corps épouser la couche souple du lit à baldaquin. Les formes se dessinent, immatérielles, sous le voilage de la moustiquaire, corps offert au voyageur toujours immobile, silencieux. Noblesse du visage, chevelure dispersée par le bain nocturne, regard profond, yeux lumineux. De braise, car Fausta sort du sommeil. Elle regarde autour d’elle. Le riche mobilier du lieu, la fenêtre, elle écoute la cascade, lentement se déplace et tend une main légère, fine, prometteuse dans le mouvement du bras qu’elle termine, un bras encore ferme. Un bronzage harmonieux. Et puis saisir la main rugueuse de l’aventurier, se dresser, se perdre contre le torse velu, retirer le peignoir de bain, attirer Gianfranco contre elle. Briser une attente si longue, plonger dans le désir enfin retrouvé. Un oiseau migrateur chante. Peut - être une alouette calandrelle… Des soupirs, de longs gémissements, deux corps soudés l’un à l’autre, étirés, arc boutés dans le plaisir des caresses, épuisés, repus, s’endormant dans le repos bienfaiteur de l’heure de midi. Le sommeil, puis le réveil, à nouveau l’étreinte. Et la chaleur africaine. La moiteur des lieux du corps qui se reconnaissent, s’épousent, se pénètrent se tendent à nouveau. Ainsi Fausta épuise Gianfranco. La soirée les voit s’acheminer vers la piscine, titubant de plaisir. Ils plongent dans l’eau fraîche, bienfaisante. Ben, un grand sourire aux lèvres apporte un plateau flottant, une bouteille de champ’ et deux coupes. A leur demande il s’assoit au bord du bassin, les pieds dans l’eau et porte un toast à leur santé. Jusque tard dans la nuit, seuls, ils se baignent et recouvrent leur énergie. Vénus brille et les accompagne dans leur suite... © 2009 christian cazals

mardi 25 août 2009

Univers poétique. Christian Cazals

La Forteresse.
L'ombre développe une langue de sable,
de terre remuée,
de cris et de gestes,
de chevelures arrachées,
de sang répandu.
L'ombre sur le glacis
S'étend aux pieds de la forteresse rouge,
des briques disjointes
façonnent le donjon,
les murailles,
les tours de gué.
L'ombre s'étend sur une terre sèche,
l'herbe rase jaunit et les ronces s'épanouissent.
L'ombre s'étend, un guerrier, les membres calcinés se consume.
Son corps exhale l'odeur âcre de la peur et du crime.
Nous n'entendons plus le chant de l'oiseau,
Perruche colorée,
Bariolée de sang.
copyright "voyage en inde"/ Le fort Rouge. christian cazals

Rubis. Texte d'Emilie Blanquier

2379 mots Blanquier Emilie Rubis « Par erreur ». Cette réponse claqua dans l’air comme un coup de fouet alors qu’elle voulait seulement savoir pourquoi "Rubis " était son prénom. Il faut, lui dit-on, remonter à quelques jours avant l’accouchement. Dans le climat d’excitation propre à cet événement, la chasse aux prénoms allait bon train. Ceux-ci fusaient de toutes parts, éclataient en bulles de sons et leur résonance flottait dans la chambre en une fumée qui dessine mille volutes. Enivrée par cette étrange polyphonie, la grand-mère crut entendre " Rubis". Et la voilà lancée dans un dithyrambe à faire pâlir de jalousie les bacchantes, sur l’originalité du prénom. Vous pensez bien qu’une fois comprise, la méprise de la grand-mère suscita un fou rire général, surtout devant l’acharnement dont elle faisait preuve. Ainsi, pour ne pas froisser la sexagénaire, les parents avaient été contraints d’adopter ce prénom. Mais finalement, cela ne leur déplaisait pas …le rubis est tout de même une pierre précieuse ! A l’abri des regards indiscrets, cette pierre promet un spectacle de toute beauté : les rayons du soleil, à la fois éclairage et acteurs, s’avancent à pas lents vers l’héroïne parée de verre vermeil. D’abord timides, ils n’osent que s’approcher, la frôler. Puis, enhardis par la danse, ils pénètrent plus profondément dans sa chair, jusqu’à l’atteindre en plein cœur. Le sang jaillit alors, libérant sa couleur intense. La vie éclate et éclabousse les murs de reflets lumineux. C’est comme si ce cœur de pierre, devenu cœur de chair, se donnait lui-même, se laissait vaincre pour offrir généreusement ce qu’il a de plus précieux : ses mille couleurs qui se déclinent par autant de facettes. Mais Rubis ne voyait pas cela. Le «par erreur » lui avait coupé le souffle. Certes, il n’était question que du prénom, mais rapide comme l’éclair, le rapprochement s’imposa à son esprit, la jetant dans un effroi paralysant. Avec fureur, le poids de son existence lui lacérait le visage de toutes ses années d’insouciance. Etait-elle une... ? Non ! Ce mot qui lui brûlait les lèvres était trop dur à accepter. Elle n’avait pourtant jamais manqué d’affection, alors pourquoi une telle agitation? En réalité, son angoisse était plus profonde, et remettait en question le processus même de la vie. Car en effet, même si ces parents l’avaient désirée, qu’est-ce qui pouvait lui garantir que le fait d’être là, à ce moment précis dans cet énorme système qu’est le monde, n’était pas une erreur ? Jusque là, Rubis ne s’en était jamais préoccupée. Elle prenait la vie comme elle venait, de toute façon avait-elle le choix ? Le choix, elle l’a eu ce jour là. Elle marchait dans la rue, quand elle vit un jeune, qui semblait égaré. Tout naturellement, elle se proposa de le mener à bon port. C’était un réunionnais fraîchement arrivé. Il avait la bonhomie et la convivialité propre à ces insulaires. A ses lèvres qu’il ne cessait d’entrouvrir pour raconter mille et une anecdotes, un sourire de gratitude avait perlé. Arrivés au lieu convenu, ils se séparèrent donc, contents de s’être connus et espérant se revoir, ayant au cœur cette douceur des gens simples qui savent partager. Nous voici samedi. Alors que le soleil dissipe les dernières brumes matinales, les marchands s’affairent à monter leur étal sur la grande place. Rubis, d’un pas léger, sillonne la ville, pour s’y rendre. Telle une corne d’abondance, la place déploie ses ressources dans un climat qui met tous les sens en éveil. Ici, les citrons, la menthe exhalent leur parfum, là les légumes dansent dans les paniers, parsemant la foule de tâches acidulées. Aucune couleur ne manque à cette gigantesque palette. Rubis y distingue le vert tendre des céleris, l’orange feutré des abricots, l’indigo des aubergines, mais aussi le carmin des tomates, le pourpre des betteraves et le rose dilué des pastèques. Et partout on crie, on court, on parle, on rit… Les yeux mi-clos, Rubis savoure cette vie qui pétille autour d’elle. Pourtant quelque chose la sort de sa rêverie, il lui semble reconnaître une silhouette qui se profile au loin. Mais le flot incessant de personnes, ne lui permet de l’apercevoir que de façon intermittente. Elle scrute cet inconnu et reconnaît soudain le réunionnais, qui lui avait laissé une si vive impression. Elle cherche donc à se rapprocher pour le saluer, mais il a disparu dans la multitude. Dépitée, elle reprend ses achats. Son panier est presque plein quand le voilà qui réapparaît un peu plus loin. Cette fois-ci, Rubis est décidée à le revoir. Elle se faufile rapidement entre les îlots de personnes, elle crie son nom, mais le brouhaha l’étouffe aussitôt. Alors elle court, elle court malgré la foule dense qui lui fait barrage. Mais enfin, a-t-on idée de s’agglutiner ainsi ? Dans sa précipitation, elle trébuche, se cogne, chancelle : elle n’est même plus sûre d’aller dans la bonne direction. Soudain, elle s’arrête net : un cageot de laitues s’est renversé sur son passage. Ecœurée de devoir s’arrêter, elle cherche du regard celui qui encore une fois, n’a laissé qu’une trace fugace dans ses yeux. Un long soupir à la fois mêlé de tristesse et d’exaspération s’échappe alors. Puis, confuse, elle balbutie quelques excuses au vendeur. « Ne t’en fais pas, je m’en occupe. » C’est alors qu’elle reconnaît sa voix. Se retournant subitement elle le voit qui arbore un large sourire, les salades à la main. Dans son agitation elle ne s’était même pas rendu compte qu’il était là, tout près. Depuis combien de temps l’avait-il vue ? Avait-il compris qu’il était la cause de son trouble ? Il n’en fallait pas plus à Rubis pour que le feu monte à ses joues, et qu’écarlate, elle se confonde avec les fruits rouges placés derrière elle. La fin du marché se fit tout en douceur : ils marchaient côte à côte, parlant très peu. Qu’avaient-ils besoin de mots ? Leurs yeux disaient bien plus. Même le bruit de la foule ne les atteignait pas. Emmitouflés dans l’écrin de leur amour naissant, ils voguaient, tel un radeau sur cette marée humaine. Dans sa prévenance, Rubis avait même songé à prendre trop de paquets pour ses deux seules mains. Le jeune s’empressa de la délester et se vit contraint, pour son plus grand plaisir, de raccompagner la demoiselle. Ce fut le début d’une idylle qui allait remplir leurs jours et éclairer leurs nuits, leur donnant la force sereine des gens qui s’aiment. Un autre personnage s’était immiscé dans la vie de Rubis, mais celui-ci à son insu. C’était un vieux monsieur de l’immeuble, installé juste au-dessus de notre héroïne. On ne connaissait rien de lui, excepté qu’il n’avait pas de famille. Cela paraissait étrange d’ailleurs, et on se méfiait de cet homme qui restait toujours chez lui, qui parlait peu, comme s’il gardait un grand secret. Victime de jugements trop hâtifs, son mutisme ne cachait pourtant qu’une trop grande sensibilité. Son passe-temps favori était d’observer le monde de sa fenêtre. Il s’amusait, comme devant un puzzle, à reconstruire la vie des gens qui passaient. Cela lui donnait une satisfaction toute particulière, ses gens lui devenaient familiers, il était un peu comme leur ami bienveillant. A force de regarder Rubis, pour laquelle il s’était pris d’affection, il semblait la connaître par cœur. Mais elle, trop occupée par son bonheur, n’avait pas même remarqué son voisin. Lors des fréquentes visites du réunionnais, il était toujours là à les observer, en hôte invisible et silencieux. Un jour, de sa fenêtre, il les vit disparaître derrière un rectangle posé sur un chevalet. La mer agitée qui se découpait sur la toile, jetait aux jeunes gens ses embruns marins. Dans ce coucher de soleil aux Sanguinaires, les couleurs dorées et rougeoyantes fusionnaient avec les dégradés violacés qu’esquissait le soir. A l’horizon, la baie d’Ajaccio se distinguait à peine, glissant lentement dans la pénombre. L’appartement de Rubis, qui lui servait d’atelier, contenait d’autres œuvres figuratives, comme Corbeille de fruits à la grenade, La traversée de la mer Rouge mais aussi des œuvres abstraites dont Le séquoia amoureux et Ronde de coquelicots. Depuis sa rencontre avec le réunionnais, son coup de pinceau était plus lumineux. Incisif, il faisait surgir la face cachée des choses. Rubis était capable de rester des journées entières à peindre, prise d’une fièvre ardente. Le jeune, dans les veines duquel se déversait le feu bouillonnant du Piton de la Fournaise, l’inspirait. Son corps ferme et droit était un vigoureux flamboyant, les deux pétales d’hibiscus que formaient ses lèvres laissaient entrevoir une chair juteuse de litchi et son regard avait la gaieté aiguisée du piment. Comme Perceval, elle se surprenait parfois à rêver au visage bien aimé, que dessinaient quelques gouttes de vin tombées sur la nappe. Mais lui aussi était comblé, Rubis était devenue son refuge, sa terre d’asile. Il lui trouvait la douceur de la mangue et le teint délicieusement nacré des fleurs ilang-ilang. Les jours passaient ainsi paisiblement. Pourtant l'horizon se voilait insidieusement. D’abord de manière imperceptible, quelques tiraillements apparurent dans la poitrine de Rubis. Son cœur lui faisait mal. Il s’essoufflait, comme s’il était tombé malade de trop aimer. Les douleurs s’intensifièrent progressivement, allant jusqu'à l'oppresser. Ce mal physique devenait handicapant. Mais au-delà de la douleur, Rubis était encore plus assaillie par la peur. L’attitude perplexe des médecins et leur silence alimentaient son angoisse. Pour vaincre sa peur, elle se remit à peindre, rassemblant ses dernières forces dans un élan rageur. Sa dernière œuvre en cours s’inspirait de l’étude Rouge sur rouge de Mark Rothko. Elle se disait que, si le peintre avait poussé jusqu’au bout cette couleur, achevant son œuvre, en quelque sorte, en répandant, de ses veines entamées, son propre sang sur le sol, elle aussi se battrait jusqu’à ce que plus une goutte ne circule dans les siennes. La sentant basculer dans la folie, le réunionnais, la pria instamment d'accorder un peu de repos à son corps. Ce qu’elle fit, ne pouvant résister à ce regard d’amour qui lui était si précieux dans son épreuve. Conjointement, les docteurs, après maintes analyses en avaient conclu à une péricardite. Cet inflammation bénigne fut rapidement soignée et voilà bientôt Rubis totalement guérie. Mais ces renversements soudains de situation marquèrent profondément la jeune fille. Elle réalisait la fragilité de la vie. Cela fit remonter à la surface une question qui l’avait déjà tourmentée. Si sa vie pouvait s’arrêter d’une seconde à l’autre, sans plus d’explications, ne serait-elle pas alors une erreur ? Chacun avait sa théorie sur les questions existentielles : certains trouvaient la vie absurde, d’autres semblaient s’y jeter à corps perdu, s’anesthésiant par les plaisirs la conscience qu’ils devront un jour mourir. Rubis, elle, se demandait si elle trouverait un jour la réponse satisfaisante. Rubis continuait à peindre. Son étude Sur-Rouge la fascinait. Elle lissait la couleur, la modelait, la travaillait, de façon à obtenir des reflets à la fois sombres et glacés, une couleur intense, allant jusqu’à la saturation. Elle sentait que ce qu’elle cherchait en peinture était toujours insaisissable, mais son envie de vaincre la poussait à continuer, dut-elle s’y brûler. Au plus profond d’elle s’élevait comme un grondement sourd, l’envie de la gloire. Poussée par cette envie, Rubis alla à un rendez-vous concernant ses tableaux. Elle se voyait déjà gravir l’escalier de la gloire mais son esprit paraissait pourtant troublé. Dehors la chaleur était suffoquante. Sa démarche agitée trahissait son incertitude. De l’autre côté de la rue, un rouge-gorge chantait, comme pour la prévenir d’un danger. N’y prenant point garde, elle continua à marcher à vive allure, quand elle fut brusquement arrêtée. Devant elle se dressait un stop qui lui barrait le passage. Elle connaissait parfaitement cette rue, mais jamais ce panneau, qui semblait aujourd’hui s’adresser directement à elle, ne lui était apparu si rouge, si ferme. Interloquée par ce signe, Rubis hésita à rebrousser chemin. Mais entraînée comme malgré elle, elle continuait à marcher. Fort heureusement ce jour là, le voisin du dessus était tout près, à l’épicerie du quartier. Ses commissions à la main, il sort dans la rue baignée de lumière lorsqu’il aperçoit Rubis. Celle-ci ne le voit pas car elle a le soleil dans les yeux. Au moment où elle s’apprête à traverser, l’homme distingue une voiture qui vraisemblablement n’a pas respecté le feu rouge. « Attention, Rubis ! » : il a juste le temps de s’élancer vers elle et de la pousser vers l’autre côté de la chaussée pour la mettre hors d’atteinte. Mais la voiture assassine arrive trop vite et c’est lui qu’elle fauche au passage. Les tomates tombées du sachet roulaient encore, maintenant orphelines, tandis que le sang salvateur emplissait la chaussée. Les secours n’avaient rien pu faire. Rubis ne comprenait pas : «Mais qui est cet homme ? Comment connaissait-il mon prénom ? ». Pourtant ce dont elle était sûre, c’est qu’il n’avait pas hésité à se sacrifier pour elle. Ce sang versé n’était pas une erreur, mais un acte purement désintéressé. Hébétée, elle regardait l’étendue rouge arriver à ses pieds, ce rouge qui lui donnait la vie scintillait au soleil, semblant braver la mort. Voulant en savoir plus sur cet homme étonnant, Rubis assista à l’inventaire après décès de son appartement. Personne ne s’opposa à ce qu’elle garde le carnet intitulé Mes pensées. Ce recueil de réflexions accompagna et guida Rubis au fil de ses jours. Il répondit à ses questions restées jusque là sans réponse. Une main dans celle du réunionnais, l’autre posée sur son ventre déjà bien arrondi, elle se disait que décidément, sa vie n’était pas une erreur.

mercredi 19 août 2009

Rencontre de Gianfranco et Fausta. Notes sur Vénus

" On sait la grande importance de Vénus dans les anciennes civilisations mezo-américaines, et notamment chez les Mayas et les Aztèques, tant pour l'établissement du calendrier que pour leur cosmogonie, l'un et l'autre étant d'ailleurs intimement liés. Chez les Aztèques, les années vénusiennes se comptaient par groupe de cinq, correspondant à huit années solaires (SOUM).
Vénus représentait Quetzalcoatl, ressuscité à l'Est aprés sa mort à l'Ouest. Le cycle diurne de Vénus, apparaissant alternativement à l'Est et à l'Ouest ( étoile du matin et étoile du soir), en fait un symbole essentiel de la mort et de la renaissance." (Dictionnaire des symboles. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant).

mardi 18 août 2009

La Rencontre. Vénus du matin et The moon.

Le chant du crapaud buffle avant l’orage Le visiteur se tient immobile. Les premières lueurs du jour donnent un relief saisissant au mobilier contemporain du lieu qui n’est plus maintenant une simple chambre d’hôtel. La présence féminine apporte le mystère. Un lieu religieux, sacrificiel, un corps nu dans un cocon de soie mousseline. Offrande de la courbe des hanches, Ondulation légère douce et régulière de Fausta, étendue. Le visiteur se tient immobile. chant d’un crapaud buffle, tapi sur la berge du marigot, ponctuant le silence à intervalles réguliers. Gianfranco, le regard intense, observe la couche immaculée. Des yeux de braise, Des yeux d’aventuriers siciliens. Il s’avance et sa respiration est presque imperceptible. Profonde. Ce qui le calme, lui donne l’assurance du sculpteur face au bloc de marbre. Il est maintenant proche de la couche parfumée. Une goutte de musc a suffit. Agenouillé Il enveloppe le pied ses doigts parcourent la cheville, Suivent le trajet des fines veines bleues, S’abandonnent dans la tiédeur de la voûte cambrée, Sur les orteils. Un léger tressaillement de Fausta L’interrompt. Son regard se perd dans le ciel de lit… Il écoute la musique roucoulée de l’oiseau du matin. Un pélican venu de la Namibie toute proche. Le dernier astre, Vénus du matin, perd son intensité lumineuse. Fausta gémit, il semble que ses paupières s’entrouvrent.

jeudi 13 août 2009

Transmis par C. CAZALS pour: http://croukougnouche.blogspot.com

Spectacle conçu ,imaginé et proposé par Josy Corrieri, comédienne -chorégraphe"Compagnie Les Bons enfants"18 bis quai Rhin et Danube 34 200 SETE06 20 71 57 4204 67 53 44 14

mercredi 12 août 2009

L'Hôtel des Cascades

Formalité que d’atteindre l’Hôtel des Cascades. Une route à quatre voies déverse le flot des voitures de luxe au centre ville. Ben fait tache avec son antique ferraille. Il se dirige vers la magnifique réserve dans laquelle l’hôtel est blotti. Au ralenti et le plus silencieusement possible l’équipage s’arrête à l’entrée. « O.K. c’est bon » dit-il à l’impressionnant Gianfranco qui se tient majestueusement à l’arrière du véhicule. James est de service, il dort un peu mais on va le réveiller. Ben s’extirpe de son siège défoncé entre dans le hall et rugit comme un lion en pénétrant dans l’immense hall vitré rutilant comme un diamant. James ouvre un œil, hébété, et regarde avec intensité ce grand farceur devant l’éternel !! Eh man !!! Quoi c’est ? Voulant éviter toute erreur d’interprétation G. prend la parole avec autorité. Fausta Beresini ? La chambre est retenue. « Suite Cent vingt deux répond aimablement le portier en frappant sur les épaules de Ben ».Après avoir placé la petite mallette dans le coffre et posé son bagage sous le bar notre baroudeur demande un peignoir aux armes de l’hôtel, un de ces vêtements de bain que les clients les plus huppés emportent dans leur bagage « Lancel ». Il s’enfonce dans le parc en direction de la piscine après avoir pris rendez-vous avec son chauffeur pour la fin de la journée. Encore à cette heure tardive de la nuit des couples batifolent dans les bosquets et les soupirs sont difficilement étouffés par le chant des oiseaux nocturnes qui sont nombreux dans ce magnifique parc aux plantes odoriférantes. Pénétrer dans l’onde fraîche de ce magnifique bassin en labyrinthe, nu, et jouir du léger picotis sur cette peau tannée de vigoureux sexagénaire. La poussière de latérite se détache du corps et celui-ci apparaît dans toute sa musculeuse anatomie. Les cheveux répandus en boucles donnent au visage des allures de statue romaine. Le retour à l’hôtel se fait sous l’œil amusé d’un jardinier matinal qui arrose une haie de lauriers roses. Avant de se diriger vers la suite de luxe il récupère la carte magnétique, sésame lui permettant l’accès à la couche de sa belle. L’employé du room service lui fait cadeau d’un flacon de parfum. Azzaro pour les connaisseurs. Quelques instants il reste debout devant l’entrée, touche délicatement le bois sculpté, puis lentement glisse la carte dans la fente prévue à cet effet, pousse silencieusement la porte et pénètre. Au centre de la pièce un immense lit. Une moustiquaire s’agite dans le vent léger du continent. Fausta, étendue, repose dans une nudité complice.

Des diablesses

Des diablesses ma p'tite dame... j'vous le dis des diablesses dan not' p'tite ville!!

Et elles font des diableries...

lundi 10 août 2009

En route pour le Paradisiaque Queen

Une antilope bondissante dans le faisceau de l'unique phare jaunâtre de la " Pigeot", et toujours les Bimbos sur les bas- cotés de la piste. De plus en plus nombreuses et sexy, ça sent la ville de tous les enfers. Le Queen est maintenant très proche et dans les faubourgs de Sun City, l'empire des lapidaires marrons et de tous les trafics.
Gianfranco nage dans le bonheur. Bientôt femmes à contempler et fric de toutes les couleurs.
Ses yeux sont largement ouverts sur le paysage aspergé de lune, les collines se douchent de blancheur, des bicoques éparpillées dans les vallons, les fenêtres laissent voir des personnages étranges.
La route, le jeu, l'argent facile et le stupre, la nuit incertaine piquetée de lumières dans un nuage de latérite poudreuse.
La route est encombrée, des petites lampes lumineuses jalonnent le parcours jusqu'au " Queen ",
boîte à danse électro façon " Budha Bar ", royaume d'un peuple trans', coloré, regard de feu, démarche féline, gestuelle caressante.
Ben arrive en trombe, freine sec et s'immobilise devant un immense videur proche des Cent cinquante Kilgrammes qui ouvre ses bras avec un grand sourire : As-salâm'aleikoum'.
Musique étrange, corps ravagés par la danse, nudités en extase sous les sunlight, on s'active pour extraire les deux dernières caisses qui disparaissent, quelques billets verts dans la poche du veston du malabar au crâne rasé, une bise sur le front et au galop, les Cascades ne sont plus très loin. Il est trois heures A.M. Enfin!!

samedi 8 août 2009

Contribution de Jo Carret.

Rôle de l’art … et théâtre de l’Opprimé 6 août 2009 L’hypothèse communiste - interview d’Alain Badiou par Pierre Gaultier dans « le grand soir , journal militant d’information alternative » Alain BADIOU Professeur émérite de philosophie à l’École Nationale Supérieure, Alain Badiou a longtemps été plus populaire à l’étranger – et surtout aux Etats-Unis – qu’en France... jusqu’à la sortie, en 2007, de son essai De quoi Sarkozy est-il le nom ? Considérable succès en librairie, ce recueil de textes lumineux et d’une grande hauteur de vue historique examine la situation politique immédiatement avant et après la présidentielle de 2002, critique la démocratie électorale (un choix fallacieux, une "désorientation organisée qui donne les mains libres au personnel de l’Etat") et analyse les différents traits d’un "transcendantal pétainiste" de la France, dont relèverait Sarkozy. En conclusion, Badiou rappelle le sens premier de l’hypothèse (ou Idée) communiste : "En tant qu’Idée pure de l’égalité, l’hypothèse communiste existe à l’état pratique depuis sans doute les débuts de l’existence de l’Etat. Dès que l’action des masses s’oppose, au nom de la justice égalitaire, à la coercition de l’Etat, on voit apparaître des rudiments ou des fragments de l’hypothèse communiste (...). Les révoltes populaires, par exemple celle des esclaves sous la direction de Spartacus, ou celle des paysans allemands sous la direction de Thomas Münzer, sont des exemples de cette existence pratique des "invariants communistes"". Quel pourrait être le rôle de l’art, aujourd’hui, dans cette "renaissance espérée de l’Idée communiste" ? Comme je le soutiens (notamment dans Circonstances 2), la difficulté aujourd’hui ne réside pas dans les formes de la critique, mais dans son dépassement affirmatif. C’est de l’Idée créatrice que nous avons besoin, non du spectacle désolant de l’oppression, lequel communique avec une pénible idéologie victimaire. Je suis, pour utiliser mon vocabulaire, un "affirmationiste". L’art contemporain doit faire voir affirmativement la possibilité de l’émancipation, laquelle ne réside jamais dans le simple constat de l’oppression, même fait du point de vue des opprimés. C’est ce qu’il y avait de juste, il faut le dire, dans certains aspects "héroïques" du réalisme socialiste. Le relais, pour l’instant, n’est pas pris. La critique occupe tout l’espace. Nous avons besoin d’une critique de la critique. …//… Selon Augusto Boal, dramaturge et homme politique brésilien, le "système tragique coercitif" d’Aristote, omniprésent au théâtre et au cinéma, participe au maintien de l’ordre établi. En effet, par la catharsis, il purge les spectateurs des pulsions socialement nuisibles. Vous qui avez écrit des pièces de théâtre et consacré de nombreux textes au cinéma, êtes-vous d’accord avec Boal ? Je n’ai jamais considéré que la théorie d’Aristote sur la catharsis soit bien fondée. L’effet artistique, dans son essence, est un effet d’incorporation à l’Idée, Idée qui, au théâtre, est symbolisée dans l’instant des corps-langages, et qui, au cinéma, est de l’ordre de la visitation dans l’image. Tout dépend donc en dernier ressort de la nature subjective de l’Idée, de son rapport à la conjoncture, du type de division qu’elle instruit dans le public. On sait parfaitement qu’un cinéma de forme tout à fait classique, comme celui de Chaplin, produit globalement des effets progressistes, ou peut les produire, tandis que des performances "participatives" n’y parviennent pas. Pourquoi ? Parce qu’il est impossible de légiférer sur le rapport entre art et politique d’un point de vue uniquement formel. Sur ce point, les avant-gardes n’ont pas eu plus de succès que le "réalisme socialiste" stalinien. Détruire les vieilles formes ne conduit pas nécessairement à des résultats politiquement utiles, mais remplir ces vieilles formes avec des contenus révolutionnaires peut tout aussi bien n’être qu’une rhétorique d’Etat. Toute la question est de savoir par où passe, dans un contexte politique et esthétique donné, la puissance de l’Idée, sa capacité à changer, au moins un peu, les individus. Et cela ne peut être décidé unilatéralement, ni du point de vue des formes artistiques, ni du point de vue des exigences politiques. On est à un croisement de deux procédures de vérité distinctes, et il n’y a pas de méta-discours qui puisse organiser ces croisements. Il faut expérimenter, et réagir selon les effets. Que pensez-vous justement du "théâtre de l’opprimé", participatif, qu’a théorisé et pratiqué Augusto Boal ? Il a de grands mérites, mais il ne dépasse pas la critique, la (re)présentation populaire de l’oppression, le cri de la révolte. Pourtant, il ne se limite pas à un simple constat dénonciateur : il se donne pour objectif d’entraîner le spectateur/acteur à affronter les situations d’oppression. La politique ne consiste pas à "affronter les situations d’oppression". Elle consiste à faire valoir, dans une situation déterminée, et de façon organisée, la force de quelques principes opposés à ceux qui dominent en général l’esprit des individus. Dans ce que j’en connais (et encore une fois, je soutiens ce théâtre, et je suis bien loin d’en connaître toutes les manifestations), le Théâtre de l’opprimé est encore très pris dans l’idée que la politique commence par la révolte sociale contre l’oppression, économique principalement, et ses dérivés. Ce marxisme classique est sympathique, mais obsolète. Nous savons aujourd’hui que la politique va des principes aux situations, et non du "social" à l’Etat par l’intermédiaire de la révolution, comme la doctrine classique le croyait. Il est de ce fait tout à fait possible qu’une comédie de Molière ait plus d’emprise politique positive sur un spectateur passif qu’un sketch "en situation" et participatif sur son public, généralement du reste convaincu d’avance.

vendredi 7 août 2009

Ben et Gianfranco. Le vieil Afrikaner

La radio crache et tousse à chaque soubresaut et répand une soupe musicale fortement rythmée parmi les sièges désarticulés du véhicule taxi qui n’en peut plus de rouler sur cette route encombrée jour et nuit. Les derniers kilomètres, et pas les plus faciles. Des animaux en liberté traversent la route, les camions freinent brutalement sans raison ou stoppent pour, le plus souvent, embarquer une jolie et jeune personne enchâssée dans un écrin robe rouge au décolleté profond, écrin fendu jusqu’au plus haut des cuisses. L’ambiance Sun City se précise. Bientôt les clubs et les bars, les richesses étalées, les diamants qui roulent sur les tables de bistrot et sous les yeux avides du personnel. Un état proche du sommeil s’est emparé de Gianfranco et l’emporte dans un monde léthargique où se bousculent les anges, les madones au visage de Fausta, les animaux sauvages étendus sous le soleil dans la savane peuplée d’oiseaux tropicaux. On gravit une colline dans un bruit bizarre de culbuteurs essoufflés. Le moteur chauffe et Ben, prévoyant, arrête les frais en plein milieu de la route, ouvre le capot et verse un peu d’eau dans le radiateur. Il s’agite à l’arrière de son véhicule, brandissant une minuscule lampe à pétrole, pour signaler sa présence aux gros culs qui foncent à tombeau ouvert. G. qui observe la scène dans son demi sommeil pense soudain au tombeau. Il ricane et précipitamment quitte son siège, s’éloigne dans la savane. Un rocher sympathique accueille son fondement trempé de sueur. Ainsi, de ce lieu il pourra observer l’enfer de la route et l’activité de Ben qui certainement pour se donner du courage ingurgite un petit gobelet de Mampower. Bof !! On est bientôt arrivé ! Heure tardive. Un peu avant minuit. Quand on sera au sommet de la colline on pourra apercevoir les lumignons de la ferme de vieux. « Le tigre endormi ». Sûr c’est le moment. Quant aux vieux ils sont encore devant leur télé satellite. Ils dorment très tard. Ils ont peur de mourir. Alors ils se couchent presque au lever du soleil. Et comme il n’y a jamais personne dans leur boui-boui… Ben diagnostique un moteur froid et compétitif. Gianfranco, majestueux, reprend sa place et Hop ! Quelques minutes seulement pour finir l’ascension de la colline et Ben se fait un petit plaisir en dévalant la piste sur la musique de Papa Wemba. C’est une formalité que d’arriver aux pieds d’un perron qui fut du faux marbre et qui maintenant est une ruine estampillée « vieilles pierres ». On klaxonne, on claque les portières, un chien, galeux à souhait, hurle à la lune. La porte s’ouvre brutalement et dans l’encadrement apparaît le vieux, un antique fusil à la main, les yeux noirs. L’afrikaner, ancien orpailleur et diamantaire des temps de vaches grasses et d’exploitation honteuse du peuple noir, est très méfiant mais en reconnaissant Ben il change d’attitude et se met à hurler : adlina c’est Ben. Le mampower ! Prépare les verres. Pas le temps s’exclame le comte de la Barbosa en exhibant sa Rolex. Les yeux de l’orpailleur sortent des orbites, Ben rigole, adlina arrive avec les gobelets pleins, on laisse une caisse, et le voyage infernal reprend. Dernière station de ce périple avant le paradis : « The Queen », musique et sexe toute la nuit. Sur la route camions et taxis -brousse se livrent une lutte sans merci. Parfois un vélo dans le fossé, une moto, et quelquefois un corps étendu.

mercredi 5 août 2009

Photopoème de Jan Petrus/ Photo Roger Ballen

Photo R. Ballen La prison
Le réfectoire
Dans son assiette le repas.
Sardine sèche.
Cuite au soleil une fois dérobée sur l’étal du poissonnier. La prison c’est un bar. Ouvert jour et nuit. Bar de rencontre, le lieu stratégique des mauvais coups, des frictions corporelles, des départs pour les pays lointains, il cache sa nudité derrière la table de bois poli par les frottements des bras, des vaisselles crasseuses, des couteaux avant la chair tailladée. Une cigarette consumée et la cendre sur le genou écarté. Jan Petrus. Bar du Perroquet endormi. Le Cap
(Nous vous proposons de poursuivre la rédaction de ce photo poème en cliquant sur commentaires ou en envoyant un mail : jan_petrus80@yahoo.fr.
Vos écrits seront scrupuleusement transcrits et protégés.

Texte de Pierre Jaccaud. Le Gorée Institut

Notre attachement à l'art Africain et à l'île de Gorée nous autorise à transmettre cet écrit de Pierre Jaccaud concernant le Gorée Institut. Remerciements à Jean Paul BLACHERE pour son aide auprés des artistes contemporains africains. Vous pouvez réagir à cet article en cliquant sur commentaires ou par mail: cazals.christian@gmail.com. Si, au cours de vos voyages vous vous trouvez prisonnier de la cohorte touristique envahissant l'île, prenez un peu de distance et rendez vous au Gorée Institut. Dans certains lieux déserts de l'île vous pourrez peut-être rencontrer des jeunes artistes africains. Leur travail est parfois saisissant. Ecrire dans l'île… Pierre Jaccaud La Fondation s'est bâtie sur la volonté de Jean-Paul Blachère de venir en aide aux artistes contemporains vivants en Afrique et ceux issus de la diaspora. Dire cela uniquement serait un raccourci. Ce projet est le fruit d'une succession de rencontres heureuses qui ont nourri la volonté de créer un programme ambitieux et généreux.La Fondation depuis 5 années est à l'origine d'actions ici et ailleurs, d'ateliers, de prix, d'acquisitions et d'expositions.Cette démarche est née dans un contexte culturel inhabituel au sein d'une entreprise d'illuminations festives et donc hors des chapelles culturelles consacrées ! Il fallait tout inventer.Nous avions envisagé ce premier quinquennat comme un ballon d'essai, un voyage en terre inconnue. Au terme de cette aventure, notre bilan nous encourage à poursuivre nos efforts. Nous ne pouvons œuvrer en solitaire, les axiomes qui gouvernent notre initiative reposent sur le partage et ces premières rencontres sur l'île de Gorée avaient pour perspective de réfléchir à l'hypothèse d'initier un réseau d'écritures critiques avec la complicité d'Africultures et d'identifier les résidences de création sur le continent africain. En vue de marquer symboliquement et concrètement ces objectifs, nous avons imaginé avec l‘ensemble des protagonistes, un projet intitulé "un artiste, un critique". Le principe étant d'associer à chaque critique, un artiste de son choix qu'il accompagnera tout au long du processus de création jusqu'à une exposition. Installé du 9 au 15 mai 2008 entre les murs ouvrant sur l'océan du Gorée Institut, le comité critique composé de Virginie Andriamirado, Christine Eyene, N'Deye Rokhaya Gueye, Moulim El Aroussi, Raphael Chikukwa, Fortuné Bationo et piloté par Roger-Pierre Turine et moi-même avait donc pour mission de dresser un bilan tout en réfléchissant aux scénarios des possibles… Parallèlement, l'équipe avait en charge la désignation des 5 lauréats du prix de la Fondation qui seront exposés dans le centre d'art à Apt du 27 octobre 2009 au 17 janvier 2010. La Dak'art est un rendez-vous important pour la Fondation. Le prix est l'occasion de révéler des artistes émergents voire d'affirmer certaines œuvres qui n'ont pas eu l'opportunité d'être suffisamment vues ! Les mots critiques du collège reflètent ces choix pertinents malgré une Biennale 2008 somme toute décevante ! Nous sommes convaincus qu'il faudrait faire plus. Nous sommes conscients des responsabilités qui nous incombent après ces années d'exercice où nous avons rêvé et fait rêver. À présent, nous devons nous engager dans la durée avec une détermination sans faille, avec la foi en ces échanges nord-sud et, dans ce dessein, nous ouvrir à d'autres mécènes afin qu'ils consolident nos espérances et profitent de cette belle aventure. Pierre Jaccaud le 29 novembre 2008 ajoutez un avisvotre avis Titre. Votre commentaire. Vous pouvez indiquer votre nom et votre e-mail, lequel n'apparaîtra pas à l'écran pour éviter les pourriels/spams mais les internautes pourront vous écrire Votre nom et prénom Votre email changer les caractères envoyer >

mardi 4 août 2009

Bimbo's Bar

Bimbo’s bar. Soirée de gala chez les dames. Toute la faune diamantifère est réunie et prête à s’éclater. Accrochée au bar fait de poutres de bois et de pierres arrachées au sol les deux policiers ingurgitent avec ardeur des verres de mampower. Raides comme des saillies ils observent les chauffeurs des énormes cargos surchargés. Dans leur regard l’inquisition. Les Ray Ban sur le front accentuent leur regard flamboyant. Gianfranco en grand seigneur s’avance vers le couple, tape dans le dos de celui qu’il considère comme le chef et lui balance quelques rands*pour pouvoir continuer à boire. Ça tape le carton dans un coin de la salle - trois monstres obèses et huileux- et un roquet montant la garde aux pieds du plus gras. Un singe est en contemplation, juché sur l’épaule d'un grand filou, celui qui porte une moustache en guidon de vélo. Nos deux voyageurs ignorent ces personnages d’opérette et vont à la recherche de la patronne dans une backroom à lumière tamisée. Musique douce, rythmée façon queen, couples de belles cariatides noires plongées dans des ébats compliqués. Gianfranco habitué à ce genre de sport pénètre dans une chambrette où il découvre celle qui régit toute cette organisation. Il faut faire vite. Il interrompt brutalement sa gymnastique. En échange de sa coopération laisse deux caisses de mampower et se dirige vers le téléphone qui trône sur un tabouret de bistrot. Ben qui sert aussi d’interprète a un grand sourire .Ouais !! Le téléphone fonctionne. Un ouf de soulagement et notre séducteur s’empare du récepteur poussiéreux des années 30. « Allo ! Jacopo ! Oui salut c’est Gianfranco. T’inquiète la neige arrive. Peu !! Les affaires sont difficiles. Il y a d’autres cadeaux. La belle Fausta ? A la piscine ? Non… No disturb. Annonce notre arrivée dans la nuit. Je la veux endormie et parfumée. « Paris » de Saint Laurent. Ad domani ! » En s’éloignant de ce lieu de stupre il cogite et pense que depuis qu’il baroude dans cet enfer il n’est plus l’élégant personnage des nuits vénitiennes. « Je la veux ! » Quelle grossièreté !! Vite retrouvons la belle Fausta… Ben le presse car il connaît la nuit sur la piste défoncée. Les nuits africaines sont mystérieuses. Il y a des chants dans le lointain. Les rythmes dans les villages. Les animaux se répondent d’une colline à l’autre. Ben embraye et avec un seul phare se dirige vers leur prochain bar. C’est « La Savane » tenu par deux vieux orpailleurs. Il n’y a jamais personne. * monnaie Afrique du Sud

dimanche 2 août 2009

Univers poétique.

La poésie transforme l'hôpital.
Il devient lieu de méditation
d'introspection
les jardins se peuplent de corps épuisés.
Les fleurs
les bourgeons
soignent les cerveaux.
L'odeur d'eucalyptus pénètre les poumons asséchés.
Fragments
Plume et pluie traversière Chant du coq dans le cœur des gitans Chant rauque Le cœur des statues alignées se fend, le condamné avance, remonte l’enfilade du chemin forestier Et les gardes en béton Dans l’immobilité des armées muselées du dictateur fusillé. Verdeur des lichens amoncelés, Pourrissante chevelure dégoulinante rejetée sur la plage… L’enfant prend la plume de l’oiseau migrateur, la plante dans la chevelure blonde de sa jeune épousée, les pieds sont bleus de froid et la boue recueillie dans la cour de la ferme craquelle la peau des chevilles graciles. (Jeudi 12 Juillet 2007. auprès du Cèdre du Liban) Une respiration. Elytre des cigales frottées à qui mieux mieux Une légère brise agite les palmes Fait chanter le vieux cèdre du Liban. Calme l’enfant dans les bras il jacasse… babille… répond au chant de l’oiseau. Désir d’une respiration à pleins poumons Glissement de l’insecte paresseux. Les corps souffrent dans ce lieu. Un pas mesuré rythme la promenade, un pas quelquefois suspendu, dans l’herbe du parterre, parmi les fleurs jaunes. Le jour de repos l’espace est désert, on entend les bruits de la ville, les crissements des pneumatiques sur l’asphalte surchauffé, bientôt le soleil va disparaître, flamme vive aux lisières de la ville. (Samedi 14 Juillet 2007)

La route.

" Faisons un état des lieux et de la situation" déclare Gianfranco.
Les heures défilent sur le cadran de sa rolex et l'inquiétude le gagne quant à son arrivée avant la nuit.
Très vite il conclut: les Bimbo's... et encore deux autres bars
et l'inconnu, l'imprévisible.
Ben, relax, pilote avec dextérité sa vieille guimbarde.
La piste de latérite est correcte.
Par endroit, de la tôle ondulée, on peut alors accélérer.
Le sachet de poudre blanche à livrer au portier de l'Hôtel des Cascades, repose dans le petit nid douillet de l'aisselle droite abondamment velue.
La mallette est cachée sous le siège arrière enveloppée d'une vieille chemise de mécanicien, grasse à souhait et déchirée.
L'équipage va bon train. Le soleil est encore haut dans le ciel et la chaleur suffocante de l'habitacle provoque une léthargie obsédante. La tête des deux voyageurs bascule en avant.
Le klaxon impérieux et agressif d'un camion chargé jusqu'à la gueule retentit et les réveille, leur fait prendre conscience du danger.
Un dépassement périlleux, Ben se fait tout petit, et laisse filer le chargement dantesque en route pour l'enfer et qui certainement va faire étape chez les Bimbo's.
Une légère brume annonce le crépuscule. Le soleil devient moins puissant.
Le réveil provoqué par ce charivari rend les deux compères tout guilleret et les plaisanteries grasses sur les Bimbo's et les dames de Lesbos les rendent hilares et rouges comme des coqs.
Soudain The sleepy Gecko ....... 5 miles.
Virage sec à droite et hue !!
Trente petites minutes et Ben stoppe devant un perron de bois et de parpaings mélangés.
Une musique du diable, des rythmes, trompettes et saxos. Les motos des deux policiers sont rangées militairement sous un appentis.