Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

mardi 30 juin 2009

Pour Coukrougnouche. Texte envoyé le 3/06/ à l'espace du dedans.

Songe de sable Les guerriers sont recouverts de sable. Un vent puissant souffle et se précipite dans le dédale des roches fendues, un vent porteur de minuscules paillettes blanches, pépites d'or, ou mica translucide, un vent chargé des mystères du désert, de la chaleur des journées étouffantes sur le dos du dromadaire, du froid glacial de la nuit étoilée, des lunes pleines et des chants d'oiseaux de proie. Les guerriers sont recouverts de sable. Assis en cercle à l'entrée de la grotte leurs têtes se penchent, le fusil se dresse entre leurs bras et les cuisses recroquevillées, les burnous usagés s'écartent et dévoilent les corps décharnés. Brahim tremble. La nuit cache la caravane. dans le lointain on dirait un tambour. Roulement incessant et rythme répété, un roulement fait de tristesse, de chants des morts et de malédiction ancestrale. Les guerriers sont recouverts de sable, gardent l'entrée de la grotte et guettent la profondeur du défilé rocheux. Une cascade fraîche chante la nuit et le plaisir miroite au coeur de l'oasis. Une antilope savoure l'eau parfumée et le saut gracile de l'animal danse la liberté. Le chant du muezzin déchire l'ombre et les guerriers s'animent.

lundi 29 juin 2009

Contribution d'Agnès Balaÿ à l'espace du dedans

From: agnes.courbier@hotmail.frTo: marbesse@numericable.frSubject: contribution au vendredi poétiqueDate: Wed, 24 Jun 2009 23:04:46 +0200 J'espère Loin des terres..
J' ai pris l' air, le vent et les nuées comme vaisseaux
Le ciel est trop proche,
Je suis couchée à l' envers
Sur le ventre du Désert ,
Son coeur bat contre ma joue,
Les astres en pluie,
Le sable,
mer immense, coulent entre mes doigts.
Je suis en état de rêve:
jamais, jamais
Jamais je n' ai dormi au Désert...

jeudi 25 juin 2009

Lampedusa

Lampedusa. La décision était maintenant prise. Plus rien ne pouvait stopper cet immense raz de marée qui éveillait la belle femme au désir trop longtemps réprimé par une vie de bourgeoise accomplie. L’escale d’Agrigente fut très courte. Le père San Felice, en Maître de cérémonie sur l’embarcation funèbre, donna le signal du départ, et Cap au Sud la goélette fendit les vagues courtes de la Méditerranée et prit la direction de la haute mer. L’île de Malte à bâbord, les côtes tunisiennes à tribord, la goélette de Luigi naviguait majestueusement en direction de l’île natale de l’industriel : l’île de Lampedusa. Fausta, toujours en figure de proue, scrutait l’horizon. Personnage mythique enveloppée de son voile blanc qui laissait une grande liberté à ses formes, c’était une sculpture de chair, les mains posées sur l’urne et caressant pour les derniers instants l’albâtre, étreinte minérale de celui qui fut son Pygmalion. Portée par un vent bénéfique, les voiles déployées, au matin du cinquième jour, toujours à l’avant elle vit se profiler les falaises de Lampedusa, les côtes déployées en anneaux de pierres sombres. L’équipage l’entoura, les jeunes gens amis de Luigi se serrèrent contre son corps voluptueux, le Père San Felice déposa un baiser fraternel sur son front, sur l’urne qu’il ouvrit et se mettant dans le sens du vent il répandit ce qui restait de Luigi sur la mer. Fausta ferma les yeux il y eut un temps de méditation pendant lequel la scie musicale improvisa un chant plaintif qui étonna les goélands nichés au sommet de la mature. Le jeune chanteur pleura, et l’équipage entonna le chant des marins siciliens. On se dirigea ensuite vers le port pour permettre à Fausta, seule maintenant, de débarquer avec le minimum de bagages et de prendre le premier avion pour Rome. L’aventure Africaine commençait pour elle.

mardi 23 juin 2009

Une super claque!!! Et vlan!!

Agnès Balaÿ à alain.mottelet, annie, antoine, AVRIL26, babeth, bernadette, blandine, Brigitte, chantal, chriscluzel, moi, christiane, christophe, cie.cyrene, claude.roche, clotilde, contact, delphine, DOMINIQUE, duvgene, école, elenavazelle, emmanuel.motte., emmanuelle, florence, galerie.a-barn. afficher les détails 23:12 (Il y a 22 minutes) Répondre document qui m' a été communiqué par une amie de Grenoble ,assez remuant , et beau .Agnès Prenez le temps de regarder, ça s' appelle une leçon : géant, magnifique, tout le contraire de la langue de bois. Ca, ça doit circuler... http://www.dailymotion.com/video/x90jh3_une-fille-de-12-ans-met-une-claque_news Pour écouter copier ce lien dans la barre d'adresse et cliquez.

Voyage Brindisi/ Agrigente

Voyage funèbre sur une mer calme

sous une voûte étoilée.

Petit vent froid dans les voiles et sur les visages.

La paix est dans les coeurs.
Le coeur de Fausta parsemé de larmes Le coeur des jeunes compagnons, assis à l'avant du navire le clapotis des vagues contre la coque de bois
accompagne en contrepoint le chant sicilien de l'équipage

Et la joie.

Une joie étrange chez Fausta

Joie de l'amante nichée au centre de l'intimité et qui parcourt le corps.

Vibrations.

Souvenir des étreintes...La serre vénitienne et les parfums capiteux.

Le diamant entre les seins. Souvenir de Gianfranco.
Le revoir cet homme étrange, bientôt et vite.

Au petit matin Agrigente et les temples en ruines.

Surréalisme des pierres amoncelées, des statues émasculées.

Bientôt Malte et les eaux de Lampedusa.

mercredi 17 juin 2009

Editions de l'Harmattan/ Marché de la poésie

Les éditions de l'Harmattan vous invitent le Vendredi 19 Juin de 18h à 20h, au stand C9 , à la signature de l'ouvrage de Christian CAZALS " Heures Africaines".
Vous pourrez également vous renseigner sur le travail associatif réalisé dans un collège de Casamance, sur la réalisation d'un film concernant le naufrage du Joola.

dimanche 14 juin 2009

Voyage et songe de Fausta. Eros et Thanatos

Elle étreignit Gianfranco. Lentement elle repoussa chaque vêtement, posa son visage sur le torse velu, huma voluptueusement le parfum exhalé de ce corps encore en pleine ardeur à bientôt soixante ans. Fouillant le secret de l’harmonieuse masse musculaire le désir de Fausta s’exprima et Gianfranco ne put réprimer un soupir de bonheur. Le cri d’un oiseau de mer accompagna son chant guttural. La lumière du jour pénétra par le hublot et Fausta ouvrit les yeux. Seule sur l’étroite couchette elle souleva la tête. Le luxe mobilier de la cabine ne remplaçait pas les lieux qu’elle venait de quitter et qui servait de décors à son rêve – une petite plage qui avait abrité ses amours de jeunesse sur la rive du Lac de Garde -. Les goélands ricanaient et les plus hardis venait se poser sur la mature et les filins qui tendaient les grandes voiles blanches. La fraîcheur du petit matin éveilla son corps en promenade sur le pont de la goélette. Une brise légère se faufilait dans sa chevelure et soulevait légèrement l’ample tunique de soie indienne. Une tunique blanche, pure, virginale. Le père San Felice la croisa et baissa les yeux. Le nouveau timonier, un jeune calabrais à la chevelure d’ébène et au regard incisif la dévisagea. Il sourit. Gianni, c’était son nom, était le marin préféré de Luigi. Celui-ci l’avait rencontré dans une taverne sicilienne de Syracuse et séduit par la beauté du jeune homme, sa force et son intelligence de la navigation il l’avait immédiatement embauché pour les voyages qu’il faisait sur les mers. Son quart terminé, Gianni disparut dans les soutes du navire. Ce lieu fermé contenant les voiles et les cordages lui servait de cabine. Il avait ses secrets et en particulier une scie musicale. La goélette filait sur la mer et l’écume des vagues fendues par l’étrave frappait avec douceur le visage de Fausta. Elle était revenue prés de l’urne d’albâtre. On longeait la côte et le voilier funèbre approchait de Brindisi. Une escale très courte était prévue et dans la soirée on entrerait dans la Mer Ionienne en direction d'Agrigente en Sicile. Le soleil était haut dans le ciel quand Gianni, les yeux rougis et gonflés par quelques heures de sommeil, revint sur le pont, une scie musicale et un archet entre les mains. S’asseyant sur une caisse il fit pleurer cet instrument magnifique. Fausta lui sourit et écouta le chant plaintif rythmé par le bruit des vagues. Les voix des autres marins chantaient. Un concert pour Luigi. Un « Ave Maria ». L’arrivée à Brindisi se fit dans la soirée. Fausta se rendit à la capitainerie qui lui transmit un message de Gianfranco. C’est ainsi qu’elle apprit son départ pour l’Afrique. L’Afrique du Sud. Sun City. Elle décida dans l’instant de tout faire pour le rejoindre. Après la dispersion des cendres elle laisserait le voilier à l’équipage sous la responsabilité du père San Felice et prendrait l’avion le plus vite possible. Dans son message il avait laissé l’adresse d’un Hôtel : Hôtel Les Cascades. Un frisson inonda son corps. Enfin. Elle regagna le voilier qui appareilla dans la soirée pour Agrigente en Sicile.

mercredi 10 juin 2009

Les Femmes dans l' art.

Thi-Von Muong-Hane afficher les détails 04:16 (Il y a 10 heures) Répondre Bonjour !Dear all ! Voici une petite vidéo sur les Femmes dans l'art travaillée en morphing que m'a fait suivre Françoise Saur et que je trouve plutôt réussie.Here is a short video about the women in art history made in morphing. http://www.artgallery.lu/digitalart/women_in_art.html Bon visionnage !Enjoy it ! Thi-Von

mardi 9 juin 2009

Vogue la goélette. Christian CAZALS

Fausta vécut une nuit merveilleuse. La goélette s’engagea sur une mer étale, un vent léger portant le voilier vers le Sud. Après l’incendie d’un coucher de soleil grandiose sur les côtes italiennes de l’Adriatique, le ciel devint de plus en plus sombre pour atteindre l’obscurité complète vers la minuit. C’est alors que le ciel se piqueta de milliers de petites étoiles scintillantes. A la nuit complète l’équipage se retira dans la cabine commune, seul le timonier à la barre, restait impassible, l’œil vif braqué sur l’immensité des flots. Fausta sortit sur le pont, et l’odeur de la mer, parfum rare d’iode et d’algues pourrissantes fit gonfler ses narines. Elle saisit le bastingage et se dirigea vers l’avant, sa démarche féline faisant rouler ses hanches. Son corps de bel animal prédateur, malgré le roulis du voilier, s’harmonisait dans son balancement avec l’ensemble des filins tendus et des voiles gonflées. L’écume projetée par l’étrave faisait de son visage un masque sur lequel des perles fines et colorées glissaient le long des narines. Une couronne translucide ourlait la racine de sa chevelure. Elle posa doucement sa main sur l’urne fixée au sommet de l’étrave, elle épousa dans un mouvement caressant la forme du vase funéraire, et se penchant lentement embrassa l’albâtre ruisselant. Ses lèvres se gonflèrent et la sensualité de sa bouche s’illumina, la pleine lune donnant un relief charnel à la scène discrètement observée par l’homme à la barre. Le jeune éphèbe vint se blottir contre elle, ses hanches frissonnèrent, un léger sourire traversa son visage. Nul doute que le souvenir de Gianfranco, le séduisant diamantaire, était dans ses pensées. A ce jour il était en affaire dans les îles de la lagune. Elle avait eu un échange téléphonique très bref le jour du décès de Luigi. Elle savait qu’il devait partir prochainement pour l’Afrique… Peut être l’Inde aussi. Elle aurait voulu passer quelques jours avec lui à la Villa Malaparte prés de l’île de Capri, mais ce diable d’homme qui lui avait ouvert à nouveau les portes du plaisir était insaisissable. La lune basculait, la nuit devenait de plus en plus froide. Elle détacha sa main engourdie de l’urne, se libéra de la présence spirituelle de Luigi et regagna sa cabine accompagnée du jeune homme à la chevelure bouclée. Elle pensait, quand elle le voyait à son ami Pasolini assassiné sauvagement sur une plage romaine. Elle pleurait alors car le souvenir de ce meurtre était toujours vivant en elle. L’homme de quart changea et la goélette continua sa course .

samedi 6 juin 2009

de Marie-Lise Armand touchée par la poésie des hérissons.

oui un peu d'air frais ça fait du bien!!! j'aime cette poésie bises marie-lise .

jeudi 4 juin 2009

Transmis par Jo Carret: Un cri de colère d'un professeur des écoles

Monsieur Le Président, Merci de lire ce message, Un p'tit bonheur sur une page, Une douceur pour l'Education Nationale. Je le confie à la toile, la grande toile du progrès, afin qu'il tisse les voiles . De la solidarité, Et qu'il rayonne aux ondes De l'humanité. Je suis Professeur des Ecoles dans un petit village de l'Eure, Trois cents âmes y demeurent, Et vingt- six élèves à l'école... Une classe, dite « unique »… Mais cinq cours, dits multiples... Dans cette école une chance, Un p'tit morceau de bonheur, Qui s'écrit avec ces trois lettres: EVS Employée de la Vie Scolaire... Pour l'Education Nationale, Un p'tit bonheur, c'est pas banal, Un léger baume sur le cœur De cette Grande Dame Un peu...bancale. Notre bonheur, c'est Géraldine, En silence elle participe A la guérison d'la Grande Dame...Elle est une Valeur Ajoutée HUMAINE rentabilité Et c'est du bonheur ...assuré ! Dès le matin, elle s'active, C'est sur le net qu'elle s'incline . Les courriers, les notes de service. Toutes les infos de l'inspectrice, Et celles de l'Académie. Mes mots notés au brouillon . Les compte-rendus de réunion, tapés, imprimés, photocopiés, Enveloppés, adressés, timbrés, Prêts à être distribués... Encadrés, les derniers dessins des CP, Affichés, sinon...à quoi bon dessiner?Un CM vient montrer son texte sur le musée, Elle l'aide à le recopier, à taper sur le clavier . Retentit le téléphone, qu'elle décroche sans tarder, Afin de ne pas gêner, le travail commencé,Un autre enfant vient finir avec elle l'exercice, Elle explique et décortique, redonne de l'énergie. Rangée la bibliothèque, Notés les livres prêtés Elle prépare la maquette, La une du journal scolaire... Ah! Notre petit journal « Magique », ils l'ont appelé Quel travail de fourmi, J'y passerai......des nuits ? Sonne la récréation, une mi-temps pour souffler. Elle me rejoint, souriante, à la main nos deux cafés,Quelques chaudes gorgées, entre... deux conflits à régler Des solutions à trouver, des mots à reformuler,Une écorchure à soigner, une blessure à consoler...Et puis...c'est reparti Sur les chemins de la connaissance, Vaincre ainsi sans cesse l'ignorance, Avec labeur, effort, sérieuxS'ouvrir l'esprit, être curieux. Ne pas oublier l'insouciance De tous ces êtres en enfance,La bonne blague!... On la mettra dans le journal, Les bons gags, et les rires, c'est vital !Dans les pots Les peintures sont bien préparées, Quatre enfants sur un chevalet. Deux à l'ordi pour recopier, les autres en dessin sur papier,..Sans elle, jamais... Ce ne serait si bien géré.Bientôt la fin de la journée, Plus l'aide personnalisée, Restent les cahiers à corriger, Faire le point pour évoluer, Et demain. .tout continuer.....> Le soir, coup de fil... C'est Géraldine, A sa voix, je perçois, Une blessure qui abîme...Ecoute, me dit-elle...c'est à pleurer ! Du « Pôle Emploi » j'ai reçu...un imprimé, Dans quelques semaines, c'est marqué, Votre contrat est terminé... Ils me demandent ce que j'ai fait, Pour trouver un futur emploi.. Sa voix se fêle. : « J'ai un emploi! »Ils me demandent ce que j'ai fait, pour me former, pour m'insérer,Sa voix se gèle.... puis accélère: « Je...suis formée,depuis trois ans, j'me sens utile, insérée et c'est varié,Pas bien payé, mais. j'veux rester ! »Sa voix s'étrangle... c'est à pleurer...Ils me demandent mes compétences . C'que j'ai acquis, que vais-je répondre? Il y a l'espace ...d'UNE LIGNE, UNE LIGNE.... mais tu te rends compte ! J'ai honte, honte...il aurait fallu UNE PAGE. Au moins UNE PAGE pour répondre, J'ai honte, honte. . pour notre Grande Dame. Pour ceux qui l'ont créée, l'ont fait évoluer, Qui a tant appris aux enfants, Qui a tant encore à leur apprendre. Et Géraldine ???On n' lui dira même pas MERCI. Bien sûr, pas de parachute doré, Et même pas d'indemnité. Ils lui précisent... Oh!. .comme ils disent D'étudier ses droits...pour ..le R.M.I. Elle a raison...c'est à pleurer.. Alors qu'on demande chaque jour, à nos élèves de dire « Bonjour »De dire « Au revoir » et.... « Merci »De s' respecter, d'être poli Comme vous dîtes, Monsieur Sarkozy... Que vais-je dire, à la p'tite fille, Qui l'aut're jour, près de moi, s'est assise, Et , toute fièrement, m'a dit:« Tu sais, Maîtresse, moi, quand j'serai grande, J'irai au collège, comme mon grand frère,J'irai au lycée, j'passerai mon bac,Et je ferai...comme Géraldine! » Je sursaute.. Mon cœur se serre.. C'est à pleurer. C.Picavet, Professeur des écoles, à l'école des Livres Magiques Saint-Grégoire du Vièvre (Eure)> En hommage à toutes les Géraldine, Florence, Sabrina, Laurence, Elodie à tous les Philippe, Sébastien, et bien d'autres qui ont valorisé mon travail, et participé à la guérison d'la Grande Dame...qui est encore bien malade... Je ne crois pas à la peur, je crois à la force et à la magie des mots, Et pour garder notre bonheur, il suffirait de quelque Euros... Quel patron, quelle entreprise, après trois ans de formation, Jetterai son salarié, pour prendre un autre, recommencer. Quel jardinier, quel paysan, brûlerai sa récolte mûre, après avoir semé, soigné? Je n'ai pas fumé la moquette . Je veux seulement que l'on arrête, De prendre les gens pour des pions, Qu'on arrête de tourner en rond ! Torpillé le « Chagrin d'école » En mille miettes de BONHEUR ! En l'honneur de tous ces p'tits bonheurs.. INONDONS LE NET, les amis, les décideurs, les chômeurs, les travailleurs, les directeurs, les inspecteurs, employés et professeurs, députés, ministres, r'm'istes ou artistes, chanteurs, compositeurs, rapeurs, slameurs, radios, journaux, télés, et à tous ceux qui sont...parents...d'un enfant, enfin à chaque être humain de ce pays qui j'espère un jour dans sa vie, a bénéficié d'un peu de bonheur, de cette Valeur Ajoutée, HUMAINE rentabilité, dans le giron de la Grande Dame. P.S: Ironie..... A la rentrée, c'est presque sûr Notre petite école rurale Sera dotée d'une Valeur Matérielle Ajoutée, Des fonds ont été débloqués, Huit ordinateurs et un tableau interactif, Une « classe numérique » Nous serons à la pointe du progrès ! Et pour cela, je serai formée ! Mais, qui m'aidera à installer, et à gérer, sans Valeur Humaine Ajoutée !

Moment de poésie

Dans ma boîte électronique reçu de Croukougnouche un moment de poésie.
Une poésie en langage codé que vous comprendrez certainement.
Un peu d'air frais ça fait du bien!!!

mercredi 3 juin 2009

Collectif “VAUCLUSE SANS OGM” Avignon, le 2 juin 2009 15, bd Sixte Isnard 84000 AVIGNON tel : 06 68 44 06 01 ou 06 61 74 98 61 collectif1384@yahoo.fr À l'attention de Madame la Maire Mairie d'Avignon Place de l'Horloge 84000 AVIGNON Objet : Adoption de la motion concernant la délibération sur les OGM. Madame la Maire, Depuis plusieurs années, le mouvement des faucheurs volontaires et les collectifs anti-OGM agissent comme lanceur d'alerte concernant la question des OGM sur notre territoire. En effet, il n'a pas pu vous échapper le bien fondé de nos actions, alors que le maïs MON 810 qui a été dénoncé et neutralisé pour des raisons sanitaires et écologiques, est aujourd'hui interdit à la culture en France. Par ailleurs, des voix s'élèvent à travers le monde, notamment à travers une association de médecins Américains relayée pas des médecins français, qui demandent le retrait immédiat des OGM dans l'alimentation. Le contexte actuel nécessite un positionnement des maires. L'application du principe de précaution semble essentiel, car il s'agit d'un engagement pris lors du “Grenelle de l'environnement”. De nouvelles autorisations de culture de plantes génétiquement modifiées étant en cours d'autorisation en Europe, une réponse locale peut prévenir des risques. D'autre part, nous nous apercevons de la nécessité de réviser la directive 2001-18, afin d'assurer la transparence concernant les déclarations de cultures de tous les OGM. Par ailleurs, en tant que députée, nous imaginons que vous êtes aujourd'hui interpellée sur la nécessité d'un étiquetage transparent et clair pour les consommateurs, avec une obligation de faire apparaître l'utilisation d'OGM dans la chaîne de fabrication du produit. Cette action est une nécessité afin d'informer les personnes de ce qu'ils mangent. En effet, 80% des Français refusent les OGM. La démocratie exige que ces personnes soient entendues et représentées. À travers la demande de délibération et de prise d'arrêté c'est bien cette représentation du peuple que nous vous demandons. Nous refusons que les multinationales décident de notre alimentation, alors que nos agriculteurs locaux ne peuvent plus vivre de leur récolte et disparaissent peu à peu. Nous souhaitons assurer la survie de notre patrimoine commun et défendre la biodiversité. Cette biodiversité que nous défendons, c'est le bien commun de nous tous et surtout de nos enfants ! Pourtant, les OGM sont la mort de la biodiversité dont nous faisons partie. Ainsi, vous le comprenez, c'est nous même que nous condamnons par l'usage de cette technique ! Ne pas interdire les cultures OGM, et ne pas se positionner sur cette question, apparaît donc comme un acte « irresponsable » envers les générations futures. Notre collectif soutiendra et appuiera vos positions ainsi que celles des élus qui iront dans le sens de la protection de l'environnement et de la santé des êtres vivants, tout comme il saura interpeller les citoyens au sujet des communes qui ne se préoccuperaient pas de la défense de notre bien commun. Alors qu'aucune compagnie d'assurance ne prend en charge les risques liés aux OGM, nous vous demandons, Madame la Maire, quelle va être votre position. Prendrez vous le risque de n'avoir rien dit ? Car vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas les risques et conséquences des OGM sur notre santé et notre environnement, compte tenu des documents que nous vous transmettons depuis un an et de notre disponibilité pour répondre à toutes vos questions. Nous conclurons sur deux faits récents qui montrent clairement que les OGM seront certainement responsables d'une crise alimentaire : 80 000 ha de maïs transgénique Monsanto cultivés n'offrant aucune récolte aux paysans en Afrique du sud, et 50 000 ha de terre non cultivée aux Etats-unis à cause de l'amarante devenu OGM malgré elle en résistant à un herbicide puissant connu sous le nom de “Roundup”. En souhaitant que vous sachiez faire le bon choix vendredi soir, nous nous tenons d'ores et déjà, et une nouvelle fois, à votre disposition pour toute question sur ce sujet. Nous nous tiendrons devant la mairie pendant le conseil municipal afin de savoir au plus tôt de quelle manière saluer votre décision. Recevez, Madame la Maire, l'expression de nos salutations distinguées. Le collectif “Vaucluse sans OGM”

mardi 2 juin 2009

L’attente fut longue. Une heure peut-être… Fausta lisant Dante et sa Divine Comédie, un grand désir de libération la tenaillait, vrillait le centre de son corps ; l’énergie qu’elle avait en elle, bridée par son éducation religieuse, sa culture artistique rigoriste, remontait à son cerveau et bouillonnait comme le magma d’un volcan depuis si longtemps éteint. Le diamant, offrande du comte, lui chauffait le corps. Il était blotti comme un insecte secret, et ses pensées s’égaraient vers les voyages de Gianfranco qu’elle ferait avec lui. Elle en était certaine maintenant. Entre ses seins au creux du sillon chaleureux le diamant avait des reflets noirs. Magie de la couleur dans ce lieu glacé du crématorium. Soudain un personnage au visage glabre se présenta, une urne d’albâtre entre les mains. Il remit l’objet sacré au jeune éphèbe avec beaucoup de déférence. Chacun toucha légèrement l’urne, le père San Felice y déposa un léger baiser. Fausta ferma les yeux, referma La Divine Comédie, et précédant le petit groupe elle sortit du lieu. On s’engouffra dans trois limousines blanches de marque incertaine servant au service funéraire et la petite colonne prit la route pour la plage du Lido. La goélette blanche, La Brenta, est au mouillage, face à la plage. Une statue de Poséidon montre la route du sud . Tout le monde embarque, les voiles se gonflent, et dans la brise du soir, le voilier met le cap sur le sud . Première escale Syracuse en Sicile après avoir doublé le cap Santa Maria et être passé au large du golfe de Tarente . Passant par le détroit de Malte arrivée prévue à Lampedusa dans trois jours. Pour l’instant la mer est belle, la goélette file sur l’onde, Fausta est dans sa cabine. Elle pense à l’avenir et se trouve déjà transportée dans de lointains pays.

lundi 1 juin 2009

Texte de Stig Dagerman par Les Têtes Raides sur youtube.com

Le groupe Les Têtes Raides proposent une video clip de 20' sur Youtube.com
Cette video est la lecture du texte "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier".
Traduit du suédois par Philippe Bouquet cette lecture est soutenue musicalement par le groupe.
Vidéo enregistrée en live au cours d'un concert organisé par la FNAC.

Texte de Stig Dagerman (1923 -1954 ) Notre besoin de consolation est impossible à Rassasier.

Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier. En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime. Qu’ai-je alors entre mes bras ? Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux. Puisque je suis poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander. Puisque je suis prisonnier : un aperçu soudain de la liberté. Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un cœur qui bat de façon sarcastique. Puisque je suis menacé par la mer : un récif de granit bien dur. Mais il y a aussi des consolations qui viennent à moi sans y être conviées et qui remplissent ma chambre de chuchotements odieux : Je suis ton plaisir – aime-les tous ! Je suis ton talent – fais-en aussi mauvais usage que de toi-même ! Je suis ton désir de jouissance – seuls vivent les gourmets ! Je suis ta solitude – méprise les hommes ! Je suis ton aspiration à la mort – alors tranche ! Le fil du rasoir est bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : par les bouches avides de la gourmandise, de l’autre par l’amertume de l’avarice qui se nourrit d’elle-même. Mais je tiens à refuser de choisir entre l’orgie et l’ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du gril de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n’est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d’une excuse : le pardon. L’idée me vient finalement que toute consolation ne prenant pas en compte ma liberté est trompeuse, qu’elle n’est que l’image réfléchie de mon désespoir. En effet, lorsque mon désespoir me dit : Perds confiance, car chaque jour n’est qu’une trêve entre deux nuits, la fausse consolation me crie : Espère, car chaque nuit n’est qu’une trêve entre deux jours. Mais l’humanité n’a que faire d’une consolation en forme de mot d’esprit : elle a besoin d’une consolation qui illumine. Et celui qui souhaite devenir mauvais, c’est-à-dire devenir un homme qui agisse comme si toutes les actions étaient défendables, doit au moins avoir la bonté de le remarquer lorsqu’il y parvient. Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure – et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses ! Je peux rester assis devant un feu dans la pièce la moins exposée de toutes au danger et sentir soudain la mort me cerner. Elle se trouve dans le feu, dans tous les objets pointus qui m’entourent, dans le poids du toit et dans la masse des murs, elle se trouve dans l’eau, dans la neige, dans la chaleur et dans mon sang. Que devient alors le sentiment humain de sécurité si ce n’est une consolation pour le fait que la mort est ce qu’il y a de plus proche de la vie – et quelle misérable consolation, qui ne fait que nous rappeler ce qu’elle veut nous faire oublier ! Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots que puisse imaginer mon cerveau. Etant donné que je cherche à m’assurer que ma vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre et je l’offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à contribuer au progrès de la littérature – je ne désire que ce que je n’aurai pas : confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde. Que devient alors mon talent si ce n’est une consolation pour le fait que je suis seul – mais quelle épouvantable consolation, qui me fait simplement ressentir ma solitude cinq fois plus fort ! Je peux voir la liberté incarnée dans un animal qui traverse rapidement une clairière et entendre une voix qui chuchote : Vis simplement, prends ce que tu désires et n’aie pas peur des lois ! Mais qu’est-ce que ce bon conseil si ce n’est une consolation pour le fait que la liberté n’existe pas – et quelle impitoyable consolation pour celui qui s’avise que l’être humain doit mettre des millions d’années à devenir un lézard ! Pour finir, je peux m’apercevoir que cette terre est une fosse commune dans laquelle le roi Salomon, Ophélie et Himmler reposent côte à côte. Je peux en conclure que le bourreau et la malheureuse jouissent de la même mort que le sage, et que la mort peut nous faire l’effet d’une consolation pour une vie manquée. Mais quelle atroce consolation pour celui qui voudrait voir dans la vie une consolation pour la mort ! Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites. Mais la liberté commence par l’esclavage et la souveraineté par la dépendance. Le signe le plus certain de ma servitude est ma peur de vivre. Le signe définitif de ma liberté est le fait que ma peur laisse la place à la joie tranquille de l’indépendance. On dirait que j’ai besoin de la dépendance pour pouvoir finalement connaître la consolation d’être un homme libre, et c’est certainement vrai. A la lumière de mes actes, je m’aperçois que toute ma vie semble n’avoir eu pour but que de faire mon propre malheur. Ce qui devrait m’apporter la liberté m’apporte l’esclavage et les pierres en guise de pain. Les autres hommes ont d’autres maîtres. En ce qui me concerne, mon talent me rend esclave au point de pas oser l’employer, de peur de l’avoir perdu. De plus, je suis tellement esclave de mon nom que j’ose à peine écrire une ligne, de peur de lui nuire. Et, lorsque la dépression arrive finalement, je suis aussi son esclave. Mon plus grand désir est de la retenir, mon plus grand plaisir est de sentir que tout ce que je valais résidait dans ce que je crois avoir perdu : la capacité de créer de la beauté à partir de mon désespoir, de mon dégoût et de mes faiblesses. Avec une joie amère, je désire voir mes maisons tomber en ruine et me voir moi-même enseveli sous la neige de l’oubli. Mais la dépression est une poupée russe et, dans la dernière poupée, se trouvent un couteau, une lame de rasoir, un poison, une eau profonde et un saut dans un grand trou. Je finis par devenir l’esclave de tous ces instruments de mort. Ils me suivent comme des chiens, à moins que le chien, ce ne soit moi. Et il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de la liberté humaine. Mais, venant d’une direction que je ne soupçonne pas encore, voici que s’approche le miracle de la libération. Cela peut se produire sur le rivage, et la même éternité qui, tout à l’heure, suscitait mon effroi est maintenant le témoin de mon accession à la liberté. En quoi consiste donc ce miracle ? Tout simplement dans la découverte soudaine que personne, aucune puissance, aucun être humain, n’a le droit d’énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s’étioler. Car si ce désir n’existe pas, qu’est-ce qui peut alors exister ? Puisque je suis au bord de la mer, je peux apprendre de la mer. Personne n’a le droit d’exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux, ou du vent qu’il gonfle perpétuellement toutes les voiles. De même, personne n’a le droit d’exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions. Pour moi, ce n’est pas le devoir avant tout mais : la vie avant tout. Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l’on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome. Ce n’est qu’en un tel instant que je peux être libre vis-à-vis de tous les faits de la vie qui, auparavant, ont causé mon désespoir. Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l’éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l’éternité ? Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auxquels j’aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ? Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie. Au fond, le temps est un instrument de mesure sans valeur car il n’atteint que les ouvrages avancés de ma vie. Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie. Je soulève donc de mes épaules le fardeau du temps et, par la même occasion, celui des performances que l’on exige de moi. Ma vie n’est pas quelque chose que l’on doive mesurer. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne sont des performances. Une vie humaine n’est pas non plus une performance, mais quelque chose qui grandit et cherche à atteindre la perfection. Et ce qui est parfait n’accomplit pas de performance : ce qui est parfait œuvre en état de repos. Il est absurde de prétendre que la mer soit faite pour porter des armadas et des dauphins. Certes, elle le fait – mais en conservant sa liberté. Il est également absurde de prétendre que l’homme soit fait pour autre chose que pour vivre. Certes, il approvisionne des machines et il écrit des livres, mais il pourrait tout aussi bien faire autre chose. L’important est qu’il fasse ce qu’il fait en toute liberté et en pleine conscience de ce que, comme tout autre détail de la création, il est une fin en soi. Il repose en lui-même comme une pierre sur le sable. Je peux même m’affranchir du pouvoir de la mort. Il est vrai que je ne peux me libérer de l’idée que la mort marche sur mes talons et encore moins nier sa réalité. Mais je peux réduire à néant la menace qu’elle constitue en me dispensant d’accrocher ma vie à des points d’appui aussi précaires que le temps et la gloire. Par contre, il n’est pas en mon pouvoir de rester perpétuellement tourné vers la mer et de comparer sa liberté avec la mienne. Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face aux organisateurs de l’oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c’est que l’homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les exigences qui pèsent sur l’homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C’est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l’oiseau et que l’animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ? Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même – mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant. Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu’une consolation et plus grande qu’une philosophie, c’est-à-dire une raison de vivre. Titre original: Vârt behov av tröst © Norstedt & Söners, Stockholm © ACTES SUD, 1981 pour la traduction française Lire l'article Stig Dagerman ou l'innocence préservée consacré à Stig Dagerman. Stig Dagerman, jeune auteur suédois trop tôt disparu (suicide à l'âge de 31 ans ), nous laisse ce texte magnifique, illuminant le ciel de nos angoisses quotidiennes. Certains y verront peut-être un scepticisme qui ne peut que nous enfoncer. Si je gratte l'écorce et fouille le coeur de cet arbre aux branches majestueuses c'est une sève vivifiante qui se répand en moi, en nous, humains agressés par la vie que nous maîtrisons avec beaucoup de difficultés.