Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

jeudi 29 juillet 2010

Le Mal Arthur Rimbaud

Le Mal



Tandis que les crachats rouges de la mitraille

Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu;

Qu'écarlates ouverts, près du Roi qui les raille,

Croulent les bataillons en masse dans le feu;

Tandis qu'une folie épouvantable broie

Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant;

-Pauvres morts! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,

Nature! ô toi qui fis ces hommes saintement!...

-Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées

Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or;

Qui dans le bercement des hosannah s'endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées

Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,

Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir!


Arthur Rimbaud (1854 ; 1891)

mercredi 28 juillet 2010

Transe

Transe notre vibration

Rythme

Les tambours du ciel

Ouvert

Le ciel des jouissances infinies

Les yeux se ferment

Et les corps hurlent

Gémissent

Frappement du sol

De pierre et de sable

Loin

Très loin

Frissons dans nos corps.

Etrange vibration…






mardi 27 juillet 2010

Parcours . Scène 4. Les ruines du village marin.


Nous quittons l'immense rade encombrée d'une multitude d'épaves de navires de guerre dressant leurs canons réduits au silence vers les étoiles pâlissantes, les mâts oxydés, les filins tendus, les coques plantées à la verticale dans la vase encombrée de déchets de toute sorte, témoignent de l'âpreté des combats et du sabordage de la flotte royale.
Peu à peu l'espace s'élargit. J'aperçois les hautes vagues écumantes, suis étendu, articulations douloureuses, à l'arrière du puissant cigare noir dressant son étrave au dessus des rouleaux qui vont se briser plus loin sur les digues des bassins de radoub.
Mon regard est figé. Je suis hypnotisé par le pilote, cette magnifique créature qui depuis le début de notre rencontre prend soin de ma personne. C'est elle le pilote. Immobile, cap à l'ouest, sa chevelure rousse est une mandorle de lumière. Elle prend plaisir à pousser le moteur au maximum de sa puissance.
Elle fait se dresser la proue, symbole phallique évident, les gifles de la coque métallique sur les rouleaux venus du large s'abattent sur la chair écumante de l'océan.
Plusieurs miles marins sont franchis. Soleil voilé, bruine inondant le visage et le corps. Lutte sauvage de la mer et de l'homme.
Je sens mon corps s'éloigner, tout se brouille en moi, je pénètre dans le monde des rêves.
Dans le lointain une corne de brume signale la présence de rochers en surface, il faut louvoyer dans un passage étroit et nous pénétrons dans une nasse, vers une île plate et déserte.
Quelques ruines font office d'habitation.
Une tour domine. Le soir quand les oiseaux de mer reviennent du large et crient en ricanant sur les rochers, un léger panache de fumée s'échappe du sommet.

lundi 26 juillet 2010

26 Juillet . Nuit de Pleine Lune. Il est 2h A.M Toujours un frisson



Echarpée de roux,
rousseur de la chevelure
froideur de la nuit.

*

Les nuits du désert
le regard sur celle qui
parcourt le sable.

dimanche 25 juillet 2010

Dance of the Blessed Spirits. Pina Bausch/ Musique Gluck.





Nous remercions Bright Moments et Jacqueline Waechter de nous avoir fait connaître cet enregistrement magnifique et de nous aider à le transmettre à nos lecteurs.

Il était 1heure. La nuit du 25 Juillet 2010. Un frisson agitait....

Le cercle parfait
L'heure du baiser furtif
un voile entrouvert.



samedi 24 juillet 2010

Il était 1heure. La nuit du 24 Juillet 2010. Un frisson agitait....

 Des Lunes, une,
blancheur spectrale, la peur,
le frisson d' Eros....

mardi 20 juillet 2010

Parcours Scène 3

Les doigts effilés glissent sur la chevelure humide.
Accroupie elle se penche et palpe le front, les narines pincées, les mâchoires serrées, plonge son regard et pénètre l'immensité sombre de mes yeux effrayés.
Mes bras se raidissent, le corps se tend, les jambes tremblent, le froid les pénètre,

elle sourit
un sourire glacé

la ville portuaire est silencieuse.
Seul le cri du cormoran déchire les nuages bas, il apparaît, grand oiseau noir majestueux, mystérieux  dans le dessin des volutes qu'il trace au dessus de notre couple immobile.

Sur le pont métallique lancé au dessus des courbes de l'autoroute vient de passer le premier tramway de la journée. Il disparaît au loin et pénètre la couverture basse des nuages sombres de cette étrange journée.
La jeune femme s'étend sur mon corps épuisé, le réchauffe en le pénétrant, une énergie sauvage qui semble redonner vie aux articulations rigides, je sens ses bras envelopper mon torse, une force étrange me soulève. D'un pas régulier et souple elle m'emporte vers les docks.
Le moteur de l'embarcation qu'elle pilote éveille la torpeur de mes pensées.
Les coques des navires défilent sous mes yeux. Des grandes plaques de rouille s'écaillent sous la ligne de flottaison.
Elle se dirige vers la sortie du port. Double la jetée du phare pâlissant.
Un roulis caractéristique me signale la haute mer.





samedi 17 juillet 2010

Mort de Bernard Giraudeau

Cinéma 17/07/2010 à 10h38 (mise à jour à 14h39)


Le cancer a emporté Bernard Giraudeau
ARTICLE+VIdéosAtteint d'un cancer, il est mort ce samedi matin dans un hôpital parisien à l'âge de 63 ans. Retour sur le parcours de ce comédien, réalisateur, écrivain et bourlingueur.


Le comédien Bernard Giraudeau, qui souffrait d'un cancer depuis longtemps, est mort à 63 ans samedi matin à 7h00 dans un hôpital à Paris, a annoncé son agent.
Comédien, réalisateur, écrivain et bourlingueur, né à La Rochelle (Charentes-Maritimes) en 1947, il a joué avec brio les séducteurs romantiques de comédie et les héros tragiques, avant de passer à la réalisation et, avec succès, à l'écriture.
En plus de trente ans de carrière, l’acteur au sourire enchanteur et aux yeux clairs qui ne voulait pas être «un fonctionnaire de la pellicule», a cultivé nombre de passions: théâtre, cinéma, voyage, écriture, sport.
Un «homme de cœur et de caractère»
Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a rendu hommage un «grand comédien», un «romancier de talent», le «poète du grand large, qui savait faire partager son amour de la mer», un «homme de cœur et de caractère», qui avait combattu sa maladie avec un «courage vraiment admirable».



Et Nicolas Sarkozy a salué son «talent» et son «élégance au cinéma, à la télévision (et) sur les planches». «Avec lui, disparaît un homme attachant et populaire aux multiples facettes artistiques qui avait aussi comme passion l'amour de la mer», souligne encore l'Elysée.

Nous le savions au terme de sa maladie qu'il supportait avec courage. La méditation était d'un grand secours.
Mais au petit matin recevoir un tel coup de poing fait mal, très mal.

C.C




jeudi 15 juillet 2010

Condamnée à la lapidation. Signez la pétition. Merci

Alice Jay - Avaaz.org à moi


afficher les détails 08:16 (Il y a 41 minutes)



Chers amis,



l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani vient d'échapper à une exécution par lapidation suite à une grande mobilisation internationale.
Mais elle pourrait être condamnée à la pendaison -- et la peine de mort par lapidation quant à elle continue d'être appliquée. A l'heure actuelle, près d'une quinzaine de personnes risquent d'être exécutées par lapidation, pratique consistant à enterrer les victimes jusqu'au cou et à leur jeter de grosses pierres sur la tête.
Le sursis partiel accordé à Sakineh, suite à un appel à la pression internationale lancé par ses enfants pour lui sauver la vie, a montré que si nous sommes suffisamment nombreux à nous mobiliser et à dénoncer l'horreur de cette pratique, nous pouvons lui sauver la vie pour de bon et obtenir l'arrêt de la peine de mort par lapidation. Signez la pétition urgente et faites la suivre à tous -- mettons un terme à ces exécutions cruelles dès maintenant !

http://www.avaaz.org/fr/stop_stoning/?vl

Sakineh a été reconnue coupable d'adultère, tout comme 12 autres femmes et 1 homme également condamnés à la lapidation. Mais ses enfants et son avocat ont affirmé qu'elle était innocente et qu'elle n'avait pas eu droit à un procès équitable: ses aveux auraient été obtenus sous la contrainte, et parce qu'elle ne parle que la langue azérie, elle n'a pas pu comprendre les questions qu'on lui a posé pendant le procès.
Malgré la signature par l'Iran d'une convention de l'ONU limitant le recours à la peine de mort aux "crimes les plus graves" et malgré la loi votée l'an dernier par le Parlement iranien pour interdire la lapidation, l'exécution des adultères par lapidation continue d'être pratiquée.
L'avocat de Sakineh estime que le gouvernement iranien "craint la réaction de l'opinion publique iranienne et l'attention internationale" à l'égard des peines de lapidation. Et c'est peu après les déclarations des ministres turc et britannique des affaires étrangères contre la condamnation de Sakineh que celle-ci a été suspendue.
Les enfants de Sakineh coordonnent avec courage la campagne internationale pour sauver leur mère et mettre fin à la lapidation. Une condamnation mondiale massive pourrait permettre de stopper cette pratique odieuse. C'est le moment de se mobiliser partout dans le monde contre cette barbarie. Signez la pétition pour épargner Sakineh et pour mettre un terme aux lapidations:


http://www.avaaz.org/fr/stop_stoning/?vl

mercredi 14 juillet 2010

mardi 13 juillet 2010

Songes et paroles de nuit. Les fées.


La lune est noire.  Mais ce n'est pas vraiment la " Lune Noire" cet "objet" astrologique maléfique qui perturbe l'homme et l'effraie.
Mais la nuit, cette nuit, chaude et silencieuse, emporte nos pensées dans le monde des songes et des chants intèrieurs.
Le songe... Une fée... Elle occupa une grande partie du temps nocturne et ce fut une grande joie de converser avec cette magicienne qui nous accompagne.
La fée symbolise les pouvoirs paranormaux de l'esprit. C'est une messagère de l'autre monde et voyage sous la forme d'un oiseau (le plus souvent un cygne).

Une fée est belle. L'enfant aime les contes de fées.

C.C

dimanche 11 juillet 2010

Journal du Messager combattant. (Extrait de Fenêtres) Texte mis en scène de Christian Cazals.

 Le Messager 


Arpenter les chemins de l'Orient
Surveiller les troupeaux.
Je repose la nuit au creux des buissons la tête protégée par un petit mur de pierre et quand le soleil disparaît mes yeux s'emplissent du sourire des étoiles.
La Grande Ourse, le Chariot, la Croix du Sud me racontent l'histoire des tribus, des nomades du désert.
Le vent souffle et le sable s'envole jusqu'aux sommets des montagnes arides,
alors apparaissent les visages voilés des guerriers.
Mes lèvres baisent leur front.
Depuis la nuit des temps j'arpente les chemins de l'Orient.
Me perdre au désert et boire l'eau croupie des puits abandonnés.
Me nourrir de quelques dattes séchées.
Je suis l'ermite Messager et Solitaire transporté par les nuages de locustes.
J'observe, je vais de l'un à l'autre, rarement je suis accueilli avec bienveillance,
Je ne connais pas la douceur des seins des femmes solitaires.
Ma besace est un sac de toile grise et je vais ainsi sur les chemins de l'Orient.
Depuis la nuit des temps les combattants me confient leur message
et je parcours l'immensité du pays du prophète.
Les jours de tempête je me réfugie dans les ruines des palais.
J'arrache mes pieds et mes mains sur les roches coupantes des chemins de montagne.
Les combattants me confient leurs douleurs et leurs messages d'amour.
Je suis le confident des mères et parle des enfants martyrs.
Un linge de soie me permet d'essuyer leurs yeux et la douceur de mes gestes
calme l'angoisse nocturne qui raidit leur nuque.

Je vois dans les étoiles si le guerrier survivra.
Dans cette ville en ruine j'erre nuit et jour
Je quête ma survie
L'homme de troupe me laisse passer et parfois me botte le cul pour accélérer le mouvement.

Misérable mendiant! Chien galeux!
Vivre dans la rue et dormir sur un tapis de journaux
Écouter ce qui se dit au marché et sur les avenues encombrées et bruyantes,
assister aux massacres,
voir les enfants brûler dans l'explosion des bombes artisanales,
une stature de promeneur privilégié dans l'horreur
je suis le misérable célèbre,
à chaque drame je suis là et parfois j'aide et je réconforte
je prie et je pleure avec les mères éplorées
j'embrasse les enfants
et soigne leurs plaies
je suis le messager à qui rie n'échappe
et je suis porteur des nouvelles
les bonnes comme les mauvaises celles qui font sauter de joie l'enfant
qui retrouve le père après le combat
celles qui font baisser la tête des femmes voilées de noir.

La journée a été chaude et mes pieds sont nus
aux talons écorchés.
Je me suis perdu dans les ruelles malodorantes du quartier commerçant
très loin là-bas sur le chemin de la vieille ville.
Tout près des carcasses de véhicules distordus les vieux fumaient leur pipe à eau,
assis en tailleur,
ou bien se racontaient les histoires sanglantes de ces luttes interminables
du passé et des jours à venir.
Aujourd'hui en pleine chaleur, à l'heure de la sieste, j'ai vu un enfant pénétrer chez l'épicier Ahmed.
Son petit chariot qu'il promène souvent dans les quartiers touristiques
est resté longtemps sous le soleil,
devant la porte,
dans la poussière de la rue,
puis un de nos frères est venu le chercher pour le ranger dans la resserre du magasin.

Mes yeux sont faibles brûlés par le soleil et le sable du désert,
la vieillesse du corps fait son ouvrage et sans répit la cécité s'installe.
Pourtant
le regard se pose avec insistance sur toute chose.
J'ai vu à l'heure fraîche l'enfant repartir en poussant son chariot.
Son visage était radieux, il chantait et souriait.

Il fallut beaucoup de courage à la Mère pour reconnaître son corps en charpie après l'explosion de la bombe nichée au fond du chariot sous les caisses de loukoums. 

jeudi 8 juillet 2010

Cantique des Cantiques. Bashung chloe Mons

 Le 16 Juillet 2010 à 12h et 21h la Compagnie Rodolphe BURGER,Wart scène nationale de Sète et du bassin de Thau présentera au Temple Saint Martial une version du Cantique des cantiques . Bashung et Chloé Mons interprétèrent ce chant et c'est la version enregistrée que nous vous présentons ici. La musique est de Rodolphe Burger et fut écrite à l'occasion du mariage de Bashung et Chloé Mons. Pour auditionnercet enregistrement coupezla musique existante sur le blog et cliquez sur le départ de la playlist Alain Bashung. Bonne audition!!

mercredi 7 juillet 2010

Un Parcours . Scène 2 La rue vue sur le port.

Mes fesses baignent dans une flaque d'urine. Étrange peur que ces battements de coeur, ces frissons dans le dos et ce relâchement des sphincters qui laisse se répandre les fluides de notre corps. Étrange animal que l'homme qui jouit parfois de sa peur et de l'odieux spectacle des tortures.
La bouteille de scotch brisée dans la chute boursoufle la poche de ma veste et la crève et déchire le tissu élimé. Douleurs violentes dans le ventre, et la peur étreint le haut du thorax, gorge nouée, mains griffant le bitume, crispées. Les ongles saignent.
Les rues sont toujours aussi vides et désertes. 
Une ville étrange, je suis entouré de lignes rigoureusement droites, verticales, angles droits. Les oreilles bourdonnent et les yeux se troublent. Les fenêtres se déforment, les poteaux indicateurs se courbent jusqu'à baiser le sol, sur le pont franchissant le tunnel un tramway silencieux, vide, et lent dans sa progression vers les quartiers du Nord de la ville.
A l'opposé j'aperçois le port, les hangars alignés, et les containers. Il y en a des bleus, des verts, des rouges et des noirs. Certains sont rouillés.
Elle est descendue de la cabine d'une grue. Une simple robe grise courte et très échancrée.
Vers moi s'est avancée.
Belle et parfumée comme un jour d'été, un jour de chants d'oiseaux, les cormorans bercent de leurs cris mon délire. Ils viennent tournoyer au dessus de notre couple. prévenante elle se penche et caresse mon visage.
Mes yeux se ferment. La corne de brume du premier ferry de la journée annonce le départ.

mardi 6 juillet 2010

Extrait de la lettre lue à Strasbourg, aux Assises du Parlement des Ecrivains, le 28 mars 1997. Texte d' Antonio Tabucchi.

" En ce moment particulièrement difficile, quelques heures seulement après Auschwitz ( si on mesure le temps historique avec le mètre de l'homme culturel ) (...), en ce moment difficile où les luciférines idées du nazisme, de la xénophobie, de l'intolérance, de la violence, qui ont produit les fours crématoires, semblent revenir, je suis ici avec vous pour affirmer avec ma présence d'homme et d'écrivain ma répulsion pour ces idées, (...) parce que je me rends compte que contre les ténèbres qui nous menacent tous, les livres, comme disait un poète de mon pays, sont à peine une faible allumette. Mais le fait que, dans chaque pays du globe d'où vous venez, il y ait des allumettes, est déjà quelque chose. Je préfère les allumettes que sont nos livres aux grands feux où les hommes et les livres sont brûlés. La faiblesse de nos allumettes est pour moi notre force."

                                                                                                     Antonio Tabucchi

lundi 5 juillet 2010

SOUVENEZ VOUS/// Le 16 JUILLET 2010.

OEUVRES A DECOUVRIR 






ATELIER.. GRIGNOTAGES.. IMPROS

dimanche 4 juillet 2010

Un Parcours. Scène 1

Un Parcours.

Donné, le jour vient de poindre, la pleine lune disparaît et Vénus se cache au profond du gris des nuages, le plaisir dans cette matinée fraîche et bruineuse, de déambuler dans une ville étrange aux avenues rectilignes, née pendant mon sommeil entrecoupé de soupirs, de respirations rapides, de gémissements et de larmes car les souvenirs reviennent et taraudent les replis du cerveau, et vont chercher très loin dans l'inconscient ce qui me fait sursauter, qui me griffe les chairs et voilent le regard porté sur la fenêtre entrouverte, le jour se découvre et l'immensité de la ville encore endormie m'emporte dans un rêve, chant intérieur orchestrant mes angoisses.
Un gong oriental à la peau tendu répond au pépiement des oiseaux picorant les graines déposées la veille sur mon balcon.
Rapidement vêtu, chemise et pantalon de toile simple, repassage inexistant conservant la souplesse à cette tenue de voyageur j'arpente les rues désertes, ordures dispersées, ivrognes étendus, couples enlacés dans une ultime étreinte nocturne, parfois un squelettique chien reniflant, le grincement d'un rideau métallique, le jour découpe les ombres et fait apparaître d'étranges personnages échangeant un mystérieux paquet, quelques billets fripés, un regard malicieux.
Soudain un claquement sec, un hurlement dans une ruelle adjacente, un très gros véhicule noir passe en trombe et s'enfonce dans les entrailles d'un tunnel encore désert. Je reste immobile, le coeur battant la chamade, je pose mon cul sur le sol, ferme les yeux, le sol se dérobe.

vendredi 2 juillet 2010

Sur la poésie Vidéo de Gaston Bachelard

La route des Chevriers

La route des chevriers



Les sentiers de pierres broyées

Vestiges des cataclysmes

Eruptions millénaires

Cloisonnés de murets de pierres sèches.

La marche circulaire

Les plongées dans l’eau turquoise

A la nuit tombée les étreintes au sommet de la falaise.

Les mains prennent le chemin doux et musical

Des creux, des sphères, des replis soyeux,

Des ouvertures

Et des chœurs angéliques.

Jusqu’au cœur des narines frémissantes

Les effluves de musc et d’ambre,

De chèvrefeuille sur la blancheur immaculée

D’un ventre,

La caresse d’une flute dans l’oreille attentive aux gémissements.

Des larmes.

La route des chevriers passe en lacets au plus haut de l’île, plonge dans les ravins envahis de

broussaille.

La route des chevriers



Sans limites.