Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

dimanche 30 novembre 2008

Nos coeurs épluchés / Babacar SALL

Nous nous retrouvons tous les deux
Avec nos baluchons scellés d'adieux
Sur les lacs bleutés d'indigo
D'où parut à la nage
La naïade tenant en gage
Nos coeurs à peine épluchés
*
La bonne saison
N'était pas aussi loin
Et nous cueillions
Sur la berge parfumée
Des rivières d'encens
Les pétales tamisés
Et les lampions pondus
Sur les nervures
Des nénuphars
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Nos coeurs épluchés / Babacar SALL

vendredi 21 novembre 2008

Gaël Premier, roi d' Abimmmmmmme et de Mornelonge

Il n' y a pas de premier chapitre. Il n' y a pas de début à cette histoire.On peut bien tourner et retourner le livre, on peut bien le secouer en tous sens, rien à faire: il manque une page. Sur cette page, sans doute, on aurait lu le premier chapitre. Impossible de savoir ce qu' il est devenu. Des souris l' ont mangé-- ou bien l' auteur était trop paresseux, il n' avait pas écrit cette page et maintenant il dit qu' on l' a mangée, il accuse des souris qui ne sont même pas là pour répondre , c' est honteux . Un chapitre qui disparait, un auteur paresseux et des souris affamées: celà fait bien trop de monde pour une page qui n' existe pas . Passons à la suite, ou plutôt: commençons avec la suite, commençons avec le deuxième chapitre . Au début du deuxième chapitre le monde était très simple. Le monde était composé de deux pays et de deux seulement. Le pays d' Abimmmmmme et le pays de Mornelonge. Entre les deux, une rivière, la Toussandras.Les habitants d' Abimmmmmme s' appelaient des Folenvhis . Les habitants de Mornelonge s' appelaient des Clairsizots. Les Folenvhis se reconnaissaient de loin: ils tenaient tous une ficelle dans la main gauche et , au bout de la ficelle , très haut dans le ciel, un oiseau . Ou une baleine. Ou un serpent. Toujours un animal, chacun le sien . Les Clairsizots, eux , dans la main gauche , ne tenaient rien. D' ailleurs ils auraient eu beaucoup de mal à tenir quelque chose dans la main gauche : ils n' avaient pas de main gauche . Sinon, tout allait bien : Les Clairsizots avaient deux jambes, une gauche , une droite, tout comme les Folenvhis. Oui, encore un détail : ils étaient tous muets. Tous. Les Folenvhis comme les Clairsizots , les Clairsizots comme les Folenvhis. si vous voulez la suite de cette étrange histoire, elle est de Christian Bobin , éditée chez " le temps qu' il fait " avec d' épatantes illustrations- collages de Saraï Delfendahl

mercredi 19 novembre 2008

Supplément à la Tombe de Jean Genêt

Une tombe sur l'étendue pierre de lave noircissant le rouge de poussière touffeur d'un après-midi flamboyant tes mains serrant le fruit juteux rafraîchissant l'étreinte du soleil et là-bas une fois sur le sol africain abandonné la mer le bleu à l'horizon blanchit et le silence autour de la pirogue pointant son étrave vers la falaise le clapotis le sel sur ta bouche ton corps en figure de proue recevant la brise musquée du désert traversé. Il est venu mourir s'étendre pour l'éternité le lourd manteau de terre lui servant de linceul la terre rouge pénétrant ses orifices la pluie brouillant son regard et l'air chargé de cris d'oiseaux et de vents maritimes en concert la nuit le jour un tourbillon de vie dans ce lieu retiré au-dessus de la ville.
La ville qui la nuit n'en finit pas de s'illuminer et de cracher les flammes de ses incendies.
Il ets venu mourir le poète sur cette falaise écarlate il a creusé sa tombe en s'aidant de ses ongles/arraché les roches encore brûlantes au feu d'une lave visqueuse s'écoulant inexorablement du sexe ouvert d'un volcan cicatrice ancienne du premier continent.
Il dort enfin et repose/
flamme sort de son coeur et court la nuit sur le sol crevassé chair millénaire exposée avec par endroit une fleur une ronce un arbrisseau sec et cassant.
La vie est là dans ce berceau de terre invitant le promeneur à grimper sous le feu du soleil.
Parfois il s'arrête et dans un mouvement lent de la tête projetée en arrière s'abreuve au goulot d'une gourde en terre cuite.
La fraîcheur de l'eau calme ses lèvres sèches et se répand au plus profond de son corps le poète étendu frémit car il a froid et les étoiles montent haut dans le ciel.
Jusqu'au petit matin jusqu'à la première prière les bédouins garderont la tombe en faisant crépiter le feu du bivouac.
Marchant l'amble la caravane disparaîtra vers l'est aux portes du désert.
Latérite

lundi 17 novembre 2008

petites nouvelles

bonsoir ! Christian , j' ai en fin commencé à comprendre comment procéder pour se servir d' un blog ( gràce à Sarah , de passage à la maison ) je n' ai hélas pas trop de temps pour écrire , le boulot , etc.;; j' ai aussi beaucoup tricoté ces derniers temps : expo d' une 20 aine de chapeaux à la cave de bourg .à + vincent fait pas mal de photos .

mardi 11 novembre 2008

Prométhée

Prométhée, premier jet. EEnchaînéEnchaîné, fixé à la roche par de lourds anneaux de bronze. nu il prolonge le sacrifice / l'attente nocturne du moment sacrificiel trouble son regard / la connaissance est en lui poussière miraculeuse infiltrée dans les interstices organiques des villosités cérébrales. Il plonge ses mains dans l'argile / malaxe et frappe la gangue refermée sur le sourire de l'enfant / - le désir de l'homme et de la femme - le sourire du vieillard, ses regrets. Torche de lune portée à bout de bras le corps du supplicié se découpe dans la roche ensanglantée. Epiméthée nu, en miroir, lui révèle sa nudité et le calme éternel en font une statuaire grecque. Le mont Caucase, ultime station du parcours. Dans le bois sacré les singes du fromager protègent, accompagnent la marche du supplicié. Un chant de mort résonne au creux de l ' hypophyse, au coeur des circonvolutions depuis l'enfance irriguées de joie. de comptines, de chants de guerre, et de couplets à boire. Dans les nuées, au dessus du brouillard levé dans la nuit, très haut dans l'immense voûte le tournoiement d'un aigle, affamé, bec enrubanné de lambeaux sanglants. Regard. Horizon. Toujours l'attente. Un corps fixé au pilori, muscles bandés l'ombre des rochers s'étend sur le sable répandu en marge du désert. Sable remué, cris et gestes, chevelures arrachées et sang en flaque sèche sur l'écorce du sol. L'ombre s'étend sur le glacis aux pieds de la forteresse, murs de latérite, de briques rongées par le vent. L'ombre sur le sol, sec, sable et sel, l'herbe rase jaunit, les sources se tarissent, le guerrier fume, son corps exhale l'odeur acre de la peur et du crime.

vendredi 7 novembre 2008

La tombe de Jean

Enfin! Exit du ferry à Tanger que je snobe ( ce qui est dommage), mais j'y reviendrai. Départ immédiat par la route en direction de El-Araïch (Larache) ancienne colonie portugaise puis espagnole. Tard dans la nuit hôtel espana. Au réveil cheminement dans les rues du marché jusqu'au promontoire face à la mer dans ce quartier dans lequel se niche le cimetière marin. J'écoute en moi les vers de Valéry...
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer toujours recommencée!
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!
Jean (Genet) repose sur un promontoire, une tombe simple et blanche dans le cimetière espagnol.
En vigie éternelle il repose dans le petit cimetière marin.
Promenade spirituelle, méditation profonde. Ce jour il pleut et le soleil se cache derrière les nuages.
L'oppidum de Lixus domine la ville.