Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

mercredi 19 novembre 2008

Supplément à la Tombe de Jean Genêt

Une tombe sur l'étendue pierre de lave noircissant le rouge de poussière touffeur d'un après-midi flamboyant tes mains serrant le fruit juteux rafraîchissant l'étreinte du soleil et là-bas une fois sur le sol africain abandonné la mer le bleu à l'horizon blanchit et le silence autour de la pirogue pointant son étrave vers la falaise le clapotis le sel sur ta bouche ton corps en figure de proue recevant la brise musquée du désert traversé. Il est venu mourir s'étendre pour l'éternité le lourd manteau de terre lui servant de linceul la terre rouge pénétrant ses orifices la pluie brouillant son regard et l'air chargé de cris d'oiseaux et de vents maritimes en concert la nuit le jour un tourbillon de vie dans ce lieu retiré au-dessus de la ville.
La ville qui la nuit n'en finit pas de s'illuminer et de cracher les flammes de ses incendies.
Il ets venu mourir le poète sur cette falaise écarlate il a creusé sa tombe en s'aidant de ses ongles/arraché les roches encore brûlantes au feu d'une lave visqueuse s'écoulant inexorablement du sexe ouvert d'un volcan cicatrice ancienne du premier continent.
Il dort enfin et repose/
flamme sort de son coeur et court la nuit sur le sol crevassé chair millénaire exposée avec par endroit une fleur une ronce un arbrisseau sec et cassant.
La vie est là dans ce berceau de terre invitant le promeneur à grimper sous le feu du soleil.
Parfois il s'arrête et dans un mouvement lent de la tête projetée en arrière s'abreuve au goulot d'une gourde en terre cuite.
La fraîcheur de l'eau calme ses lèvres sèches et se répand au plus profond de son corps le poète étendu frémit car il a froid et les étoiles montent haut dans le ciel.
Jusqu'au petit matin jusqu'à la première prière les bédouins garderont la tombe en faisant crépiter le feu du bivouac.
Marchant l'amble la caravane disparaîtra vers l'est aux portes du désert.
Latérite

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