Chambre de l'esclave.
J'ai senti ta main serrer mon bras.
En méditation dans l'enfilade des cellules ouvertes
Tes doigts étreignaient les muscles sensibles et la respiration devenait courte.
Un halètement accompagnant les soupirs d'il y a trois siècles encore prisonniers des sols de terre cuite et des murs chaulés sous le fouet.
Étrange cliquetis dans nos oreilles.
Étrange bruissement des pieds se déplaçant sur le sol ensanglanté.
Dans la nuit le chant des négriers.
Peu de lumière. Des cris. Des rires.
Le vent de la mer empeste le rhum.
Respirer Gorée.
Respirer Gorée. La barque accoste, des voix, des cris, des chocs sur le quai de pierres disjointes -peu de rires - même sous le soleil et la chaleur, malgré les fleurs, les maisons de stars là-bas dans le lointain brumeux. Respirer Gorée... et prier, pleurer sur le perron de la maison des esclaves, écouter le gémissement dans l'enfilade des lieux, les femmes les enfants les hommes, loin de la brousse, loin des pirogues et des cases de boue et de paille.
Attente pour chacun en partance.
Et maintenant le parcours obligé des hommes de progrès. Le spectacle le souvenir en ticket payant.
Prier auprès du grand arbre la cendre sous la langue.
Dans un angle de mur courber la nuque et fermer les yeux.
Alors les caravelles se détachent et emportent leur cargaison de vies pour un voyage sans retour.
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