Ils sont apparus,comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. En tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leur manteaux de laine, leurs visages masqués par le voile bleu.... Les femmes fermaient la marche. C'étaient des silhouettes alourdies, encombrées par les lourds manteaux, et la peau de leurs bras et de leurs fronts semblait encore plus sombre dans les voiles d'indigo.
Ils marchaient sans bruit dans le sable, lentement, sans regarder où ils allaient...
Désert. Le Clézio.
J.M.G. Le Clézio ne se sent ni apaisé, ni sanctifié par ce prix Nobel. Il reste animé par la recherche de la vérité. Cette vérité que chacun nous cherchons et finalement trouvons avec tant de difficulté. Parfois on ne la trouve jamais.
Certainement cette vérité il peut la découvrir au désert. Ce désert qu'il nous conte avec talent et grande sensibilité. Ce désert qui l'étreint comme il étreint certains d'entre nous.
Ce désert qui, pour moi, fut une révélation dans sa force et son mystère, sa grandeur (je ne parle pas de son étendue géographique) morale, la nuit, au petit matin, au crépuscule. Révélation faite par les hommes et les femmes qui y vivent, gens au visage pur, au geste juste, au parler franc.
Voyageur, il revient sur les pas de son enfance. St Louis du Sénégal... une ville colorée, une ville que j'ai écouté, pleine de musique, de joie de vivre, lumineuse le soir, la nuit.
Il fait encore nuit quand le chant du muezzin berce mon corps dans l'éveil. Le fidèle lui répond. C'est un homme en haillons sur la berge du fleuve. Les pirogues multicolores couchées sur le sable sont en partance.
Le Prytanée militaire ? Ce terme, pour des raisons qui me sont personnelles me renvoie à mon enfance. Lors de ma visite à St Louis j'ai vu les enfants de cette école de haut niveau.
Leur regroupement m'a renvoyé à la pensée des enfants soldats. A la réflexion, il y a eu méprise dans mon jugement. Le Clézio dans son entretien me conforte et m'aide à rejeter cette image négative. Je souhaite seulement que les élèves sortant de ce lieu de culture ne seront pas pervertis par la vie qui leur sera offerte.
Dakar, ville tentaculaire, ouverte sur la mer, chaude et souple comme une caresse de femme, est , en effet, très ouverte sur les arts, musique, théâtre, art contemporain, danse.
Cette ville de grands départs des esclaves est maintenant pleine de joie et de liberté.
Malgré la poussière soulevée par les travaux, la circulation automobiles, il y a comme une saine respiration dans cette ville. Ce village des Arts dont parle Le Clézio est un lieu de réflexion, de pur bonheur, et d'ouverture sur le monde. La nuit Dakar s'illumine et chante.
En méditation sur les rochers du front de mer on peut écouter les vibrations de la mosquée.
La vérité est peut-être dans ce chant de prière.
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