Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

samedi 17 octobre 2009

Frontières Botswana/Namibie

"Après la frontière filez sans tarder sur Windhoek". Ces quelques mots de Fausta prononcés d'une voix dure et qui n'admet pas de discussion change l'atmosphère bon enfant du véhicule. Fausta est maintenant inquiète et troublée. Elle si glamour et pétillante comme le champagne des Fêtes Vénitiennes devient sévère. Elle serre nerveusement l'écharpe de soie qui lui sert de protection quand la route devient trop poussiéreuse. Son regard se perd dans l'immensité du désert. Ben vient de bifurquer et s'engage sur une route parsemée de nids de poule. Bientôt Buitepos le poste frontière. Silence dans l'habitacle. Visages fermés. Fausta se souvient de ce texte énigmatique prononcé sur le portable confié dans la boîte de nuit. En particulier des derniers mots " elle a les seins en forme de poire". Érotisme de pacotille grogne t- elle en haussant les épaules. Elle ferme les yeux et se laisse bercer par le ronron du moteur. La mécanique fonctionne. Quelle chance!! Ben fonce en direction du poste qui bientôt apparaît au détour de la route , sur une vaste esplanade encombrée de camions surchargés, de véhicules légers rafistolés, d'enfants quêtant pour les marabouts étalés aux terrasses de bistrot, de militaires, l'arme dangereusement pointée vers le quidam égaré dans cette foule jacassante. Sans plus tarder il prend les papiers officiels de Fausta, son passe personnel et se dirige vers une cahute de planches disjointes et de tôles rouillées assemblées à la va vite. Le temps de donner des explications fumeuses sur le voyage, de débourser quelques cents et notre équipage reprend la route après un petit stop au poste de Namibie. Ben compte respecter son horaire. Il fonce en écoutant attentivement son moteur et en jetant des regards inquiets sur le rétroviseur brisé en deux. Fausta est réveillée, dérangée qu'elle fut par les arrêts et les discours de cette population bigarrée avec les militaires et d'étranges personnages hautains, un dossier sous le bras. Certainement des "officiels des douanes". Elle a eu le temps de s'apercevoir de l'absence d'affiches de recherche. Gianfranco a déjoué tous les pièges. Il doit courir vers la grande ville. Elle sent le courage revenir, se glisser en elle, se lover dans sa tête, et déployer une immense fleur blanche dans son cerveau. Un léger sourire sur ses lèvres. Ses joues se détendent. Les yeux se ferment à nouveau. En fin de journée Windhoek et, elle en est sûre, Gianfranco certainement attablé dans un bar, discutant avec deux ou trois comparses. Et puis ce sera la nuit, nuit africaine, les insectes et leurs chants multiples , les oiseaux, et dans le lointain les animaux sauvages venus du désert. Une longue étreinte dans la chaleur tropicale.

1 commentaire:

croukougnouche a dit…

oui, mais qui sait....