Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

vendredi 1 juillet 2011

LA GROTTE DE LOMBRIVES


Il suffit de suivre le signe gravé dans la roche, à flanc de montagne, de gravir les éboulis et de se frayer un passage au travers des ronces desséchées, épineux des montagnes ariégeoises. Le sentier muletier grimpait vers une falaise de roches moussues, empilement de forme verticale, que mon cerveau d'enfant venu de la ville pensait complètement infranchissable. De fait l'ascension cassait mes petites articulations et très vite les muscles devenaient douloureux. Les choucas survolaient l'épaisse garrigue, de temps en temps ils s'abattaient sur une proie déjà en décomposition. Enfin, épuisé, les pieds et les mains sanguinolents, les ronces me saisissaient avec perfidie au détour du chemin, je percevais une fissure dans la roche, une saignée pratiquement invisible et recouverte de branchages.

(Une interruption de quelques jours et je reprends le cours de la rédaction de ce souvenir d'une enfance lointaine). Les cathares étaient pour moi un miroir aux alouettes, des personnages mystérieux que je rencontrai dans les ruines des bergeries, dans ce vieux moulin aux ailes désemparées des bords de l'Aude, parfois, tapis dans l'alignement bruissant des vignes, ils se tenaient prêts à bondir et à me saisir à la gorge pour m'emporter dans les grottes dissimulées au creux des défilés rocheux des monts ariégeois.
Le soir, quelques étoiles piquetaient le ciel, le chant du grillon berçait ma respiration, étendu sur la paille qui servait certainement de couche aux guerriers, je m'endormais sous le regard des religieux cathares que je pensais être des combattants chevelus, barbus et crasseux.




Aucun commentaire: