Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

mercredi 23 février 2011

Il m'a dit bonjour. Il m'a dit viens tu?

Il m'a dit bonjour. Il m'a dit viens tu?                      © Photo: Serge Jodra 2010            

Rue Bonaparte. Je n'ai pas su lui dire bonjour. Les premiers jours du printemps 1960. Elle descendait vers la Seine. Le quai Malaquais, l'Institut, le Pont des Arts.
Le soleil du début de l'après midi inondait le trottoir.
Un balancement des hanches... Je n'ai pas su lui dire bonjour.
Simplement les yeux baissés. Un regard furtif. Le cramoisi d'un léger pull de soie fine et le doux balancement de ses deux seins.
Une démarche lente, des jambes caresses douces sur le sol, les fines attaches en forme de pattes d'oiseaux, des pigeons parisiens se posent sur les balcons, les véhicules en stationnement, vont se poser sur l'épaule d'un vieillard qui prend soin de leur distribuer des graines.
Elle semble danser sur le trottoir, valse hésitation, les antiquaires et marchands de livres anciens viennent d'ouvrir leur boutique.
L'échoppe est avenante. Un geste doux et elle pénètre sa main, caresse le vieux cuir, ses doigts glissent entre les pages, ils savent glisser le long des lieux sensibles et mettre en émoi la chair riche et palpitante, la chair du livre s'ouvre, elle peut lire quelques phrases, un corps gravé apparaît.
Mon regard plonge dans la vitrine, se faufile entre les ouvrages couverts de poussière, pour enfin apercevoir l'œuvre convoitée.
Un livre épais aux pages d'une consistance un peu rigide, peut-être ce qu'on nomme un incunable, ouvrage ancien.
Elle est belle et rend encore plus belle la tenancière de ce lieux de culture et de savoir, vieille dame respectable au visage outrageusement maquillé.
Je la suivrai ainsi tout au long de la journée.
Elle sait que je suis là, un peu distancé. Je n'en finis pas d'admirer son mouvement lent du bassin.
Nous irons ainsi dans cette douce chaleur voluptueuse jusqu'au jardin des Tuileries.
Puis les contre allées des Champs Elysées.
Elle se reposa sur un fauteuil de fer forgé, son regard se perdait dans le feuillage naissant, elle tourna lentement son visage et je crus apercevoir un sourire, un sourire lointain, une invite à se perdre dans les songes d'une sexualité maladroite, encore hésitante et troublée. 

1 commentaire:

http://jacquelinewaechter.blogspot.com/ a dit…

"Hier, j'ai rencontré le voyage.

Il m'a dit bonjour. Il m'a dit : viens-tu ?

Son beau train flambant soufflait, sur les rails comme le cheval qui piaffe entre les rênes sûres."

Mireille Havet a le don de nous faire se souvenir en beauté des lieux particuliers, ceux des amours éperdus...