A l'heure où je trace ces mots, la ville africaine s'éveille. La circulation est dense, un léger brouillard monte du fleuve, déjà les hommes s'activent autour de l'immense colline de cacahuètes, il faut presser l'arachide. Dans la cour de la petite maison où viennent se réfugier les enfants de la rue, des cris, des rires, on se dispute les rares aliments disponibles, on se prépare au départ.Ce sera la déambulation quotidienne sur les quais du port, sur les berges du fleuve, dans les grandes avenues encombrées d'une foule disparate, aux abords de l'aéroport, dans les marchés empoussiérés... Les touristes sont les premiers donateurs, les plus faciles à décider car apitoyés par la misère, la maigreur, la tristesse des visages malgré les sourires. Ce sont des sourires tristes. Parfois lorsque le don est trop important à leurs yeux il y a une lutte fratricide, inégale, les plus petits et les plus faibles ont toujours tort, une lutte sans merci.
A la nuit les enfants reviendront à la maison. Ce sera le moment le plus dur. Il faudra faire les comptes, et accepter les coups de bâton si la quête n'est pas suffisante.
L'enfant, c'est cet enfant qui arpente les rues de la ville et quête toute la journée avec sa grande boîte de conserve.
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