Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

vendredi 22 avril 2011

Ecouter... réflexions puisées dans le sable... Tranche de vie de l'enfance.

LOVE




Certainement l'enfant cherche un bijou quand il pénètre le sable de la plage. Il creuse la croûte desséchée par le soleil, laisse aller ses petits doigts jusqu'à l'humide, parfois il rencontre la carapace fuyante d'un crabe, un coquillage mollusque qui fuit et se dérobe, un objet abandonné, enseveli par la pelle du cantonnier. Le danger c'est le tesson qui le blesse, qui le surprend en le déchirant, alors le sang coule, en traçant des rigoles sur la main sablonneuse. Des larmes surgissent. Ce n'est pas douloureux... un petit picotement et la surprise de voir ainsi la vie s'écouler par la fissure charnelle. L'agression de son corps. Alors le soleil devient plus intense, il brûle les bras, le visage, il éblouit, et la chevelure blonde miroite.
L'enfant est nu, il écoute le ressac des vagues qui viennent se fracasser sur les rochers de la digue, et déversent sur le sable une mousse jaunâtre parsemée de coquillages, de minuscules galets immaculés veinés de lignes noires.
Il joue avec son sexe, l'étire, le regarde avec insistance quand soudain l'appendice de chair se raidit.
Il bondit, se dresse, ses cuisses potelées se tendent et vigoureusement il court se plonger dans la mer, les appels de sa mère sont sans effets. L'eau salée nettoie la plaie. Le sexe rétrécit. Le regard se trouble. L'enfant se laisse rouler sur la plage, rejeté, petit corps sans défense.
Il prendra quelques minutes de repos sous le soleil.
Il roule à nouveau sur le ventre et creuse un autre trou à la recherche du trésor convoité.

*

Soudain tout s'arrête. Le vent du large, les moteurs lointains, les cris d'autres enfants et les pleurs des bébés sous la chaleur caniculaire.
Le chercheur tout blond et son visage d'ange.
C'est dur sous ses doigts, c'est assez grand. Il nettoie tout autour. C'est blanc.
Sa grande patience, à la manière d'un archéologue lui fait dégager des jambes courtes qui lui semblent vigoureuses.
Des petits bras et des mains graciles.
Il n'y a pas de tête. Point de visage.
Il dégage l'ensemble. La gangue de sable humide a laissé des traces brunes sur le corps de l'angelot.
Il court vers la mer pour nettoyer la statuette.
Récupère bien vite sa trouvaille.
Le soir quand le vent devient plus froid il repart avec ses parents. Son cœur bat la chamade. Une grande joie
va s'installer maintenant dans sa vie.
C'est un peu lui qu'il a découvert dans le sable de la plage.






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