Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

samedi 28 novembre 2009

La fille aux cheveux rouges

Fille aux cheveux rouges bois tropicaux dispersés par les grandes marées. La fille aux cheveux rouges n'en finit pas d'étirer son bandonéon. Elle fait semblant dit-on. Pourtant il y a des sons dans le coeur mutilé de la belle. La plage est déserte. Elle voit sur la mer des voiles faseiller L'esquif gîte dangereusement Le vent hurle dans les cordages Le son de l'instrument faiblit. La fille aux cheveux rouges voit ses doigts bleuir sur les touches. Le froid s'infiltre dans l'échancrure d'une chemise de lin Jusqu'à durcir la peau fine et fragile des seins. Dans le lointain des pleurs. Un gitan solitaire chante. La fille aux cheveux rouges ferme les yeux.

vendredi 27 novembre 2009

Personne. Gwenaëlle AUBRY

"Persona" est le terme latin pour "masque," celui porté par les comédiens dans les tragédies antiques. " Je n'écris pas pour dire que je ne dirai rien, je n'écris pas pour dire que je n'ai rien à dire. J'écris : j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps prés de leurs corps; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie." Georges PEREC " Je ne sais pas quand je me suis dit pour la première fois "mon père est fou" quand j'ai adopté ce mot de folie..." Voyage de Gwenaelle Aubry au coeur de la "folie" de son père. Portrait comme elle le dit en vingt-six angles et au centre absent. Le centre, son père, mélancolique, qui n'a jamais fait bloc avec lui-même et laissé place à tous les autres en lui.

Lettre ouverte et bouteille brisée pour Mr Besson

Bien sûr aligner des mots Mais Youssoupha le fait très bien Je préfère lancer une bouteille à la mer Elle se brisera contre les rochers et vous pourrez écouter ce poème musical.

jeudi 26 novembre 2009

Martyr des Moines de Thibéhirine

Nous avons récemment parlé des moines de Thibérihine, et chose surprenante nous apprenons la déclassification de certains documents secrets concernant ce drame. Il faut maintenant espérer que l'enquête va s'accélérer et que nous pourrons bientôt connaître la vérité. Les moines de Thibéhirine montrent dans leur souffrance un exemple d'engagement dans la foi qu'ils pouvaient transmettre aux populations de cette région sous la forme du don de soi. Espérons maintenant qu'aucune entrave ne vienne perturber l'enquête et son déroulement.

mercredi 25 novembre 2009

le soir s'étire..

Il s'était levé avec regret, Le soir était encore doux et embaumait les glycines, Mais sans doute était-ce dans ses souvenirs d'été, Novembre était là avec les frimas du matin. Penché à la balustrade ,il contempla la splendeur du couchant, De légers nuages formaient une couronne dans le ciel. Il sourit pour lui-même et ferma la porte-fenêtre: Demain ,il ferait beau, Une nouvelle page à écrire..

lundi 23 novembre 2009

Interrogation en forme de commentaire

que veut Jan Petrus? S'embarquer dans une aventure ? Partir ? rester? rêver? La fille aux cheveux rouges ne sait pas jouer du bandonéon, elle fait semblant. Croukougnouche

Qui est Jan Petrus? Que veut Jan Petrus?

Jan Petrus n'est pas comme ces brigands chercheurs de diam's ou comme ces coureurs de filles, peu importe la couleur des cheveux, c'est plutôt un loup solitaire, non un monstre. Il aime simplement déambuler sur les quais du port de La Havane,écouter la musique d'Ibrahim Ferrer, parfois une fille aux cheveux rouges rejoint l'orchestre et semble jouer du bandonéon. Jan Petrus ouvre son cerveau et un impressionnant défilé d'images colorées emporte sa vieille carcasse. Des carcasses il y en a partout sur le port: antiques "Ford", "Dodges" en ruine, rutilantes "mustang" de los musicos cubanos. Jan Petrus ne cherche plus d'aventures. Sous son "Panama" fripé il rêve et sa voix grave, éraillée, chante avec l'orchestre.

La Havane/ Jan Petrus. A la recherche de la fille aux cheveux rouges

Promenade musicale dans les rue de La Havane. La fille aperçue sur le port. le vieux chapeau crasseux, panama fatigué, son dos voûté, la démarche hésitante, le souffle court, il arpente les quais du port. Les bistrots sont débordants d'une faune alcoolisée à cette heure tardive, vomissements et filles aux cuisses dénudées, musique. Belle musique rythmée. Voitures anciennement luxueuses. Jan se saoule de couleurs, de chants, de femmes faciles. Il sent le sexe qui vit en chacun. Sa recherche est vaine. Dans cette foule la fille aux cheveux rouges. Il sait qu'elle joue du bandonéon.

Envoi commentaire de Croukougnouche

croukougnouche a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Journal de Jan Petrus.Transmis par Christian Cazal..." : ce vieux storyboard , le papier gondolé a pris l'humidité ; la vieille en a voulu cher, mais c'était de bonne guerre . la poussière danse dans le soir qui tombe , un bus bringuebalant klaxonne un chien pelé qui traverse la rue; son verre est vide , Jan Petrus se lève , remet son chapeau avachi et remonte la rue vers son meublé.

samedi 21 novembre 2009

Journal de Jan Petrus.Transmis par Christian Cazals. Commentaire Plan séquence de Storyboard

Cuba Des larmes dans les yeux de Jan Petrus en lisant ces" mots bleus " en feuilletant ce carnet d'images le souvenir des spectacles des tournages souvenirs cinéma c'était au Mexique... non pour lui Cuba... les belles américaines... les bars et la musique, et les actrices, voluptueuses. Jan Petrus acteur vieillissant lecture tremblotante sur les lèvres desséchées. Les couleurs pour lui étalées du bout des doigts lèvres en forme de baisers, une bouche d'amour de rose aux joues. Jan Petrus se souvient. Le bar aux guéridons poisseux. Un verre de tequila, une bière forte du pays alimentent son cerveau boursouflé. La luminosité d'un storyboard sur vieux papier. Il a découvert cette merveille dans les cartons d'un broc d'une rue crasseuse de La Havane. Jan Petrus verse quelques larmes. Ah! Jan Petrus!

lundi 16 novembre 2009

La Termitière/ Songe de Jan Petrus

La Termitière Dressée Percée Abri silencieux, épigée, système clos hublots, Jan Petrus aime le refuge et le silence des lieux secrets de prière, de calme dans le coeur. Il aime jeter un regard,passer une partie de son visage, et revenir vite se protéger, étendre ses membres raides. Enfant il se souvient, Des nuits troublantes du chant de la hulotte et de son refuge dans la chambre quadrangulaire. C'est un nain dans l'immensité du lieux. A croupetons il fouille la nuit silencieuse de ce qui est immense, démesuré, des angles lointains. Seul dans l'effroi de toucher le sol rugueux Le songe de Jan Petrus l'étouffe quand la nuit est trop chaude.

vendredi 13 novembre 2009

Lu dans Poézibao. Florence Trocmé

En préambule à la publication d’un compte rendu de la rencontre organisée hier soir à l’auditorium du Petit Palais, à Paris, autour de Michel Butor. À travers les pages à travers les alphabets Les encres et les phrases les cartes et les images À travers les histoires à travers les cris Les explications et les interrogations les sous-entendus et les ironies À travers les voyages à travers les songes les points et les blancs les prémonitions et les nostalgies Révéler fixer le silence et le paradis. À travers la chevelure à travers la salive Le souffle et le sang les lèvres et les articulations À travers la peau à travers le sommeil Les doigts et les yeux les plaintes et les caresses À travers l’effort à travers la palpitation La souffrance et la fraîcheur la tendresse et la buée Révéler fixer l’angoisse et le délice. Prince de l’instant alchimiste d’ombre À travers le noir à travers les os Refus et fureurs douceurs et regards Fixer libérer la mort et l’éveil. Michel Butor, « ballade du photographe », Envois, Œuvres complète. IV, Editions de la Différence, p. 892-895, cité in Michel Butor, rencontre avec Roger-Michel Allemand, Argol, 2009, p. 184 • Le plus grand critique, le plus inventeur, est le plus modeste. Lorsque nous le lisons, il nous donne immédiatement envie de revenir au texte même. Et le voici ce livre poussiéreux, enfin sorti de son rayon : quel génie, quel éclat, quelle nouveauté ! Comment avons-nous pu être aveugles à ce point, comment ce critique lui-même a-t-il pu être aveugle à ce point, car il y avait tant de choses à dire ! Nous l’en oublions presque. Cette mise en branle de notre propre imagination critique à sa suite prouve qu’il a su réorganiser tout le halo, s’installer comme fenêtre illuminante autour du noyau des textes, les reprendre en leur totalité comme composants d’un nouveau foyer. L’œuvre neuve est un germe qui croît dans le terrain de la lecture ; la critique est comme sa floraison. Ici et là immenses arbres poussant à chaque saison tant de nouvelles branches sur le tissu des bois. Michel Butor, « la critique et l’invention », Répertoire III, Œuvres complètes, II, p. 727, cité Michel Butor, rencontre avec Roger-Michel Allemand, Argol, 2009, p. 194 Michel Butor a également participé à l'écriture d'un ouvrage sur le martyr des sept moines assassinés.

Les Sept Dormants, récit commun aux chrétiens et à l'islam.

jeudi 12 novembre 2009

11/11/2009 3h A.M Cérémonial

Étale
Mer caressante
Alanguie
Se meurt sur la berge de sable fin
" Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle"
Le bout des doigts pique et se glisse s'infiltre dans la chevelure "d'elle"
un petit cailloux blanc parfaitement poli par les flots, circulaire,
que l'on retrouve en lieux et place du sexe de Boudha.
Des ibis en formation se dirigent vers une Namibie incertaine, survol des déserts,le jour paraît. 11 Novembre 2009. Le ciel respire la neige.

Les Films du Horla

L'Ouragan KALATOZOV. film documentaire de Patrick CAZALS. 2009/74' produit par les Films du Horla, le Kalatozov Fund, Cinécinéma, l'ICAIC Cuba, la Procirep et l'Angoa.
En offrant en 1955 à l'URSS la Palme d'Or à Cannes pour "Quand passent les cigognes",Mikhaïl Kalatozov, cinéaste d'origine Géorgienne, a bouleversé des millions de spectateurs. Son génial opérateur, Sergeï Ouroussevski, lui resta fidèle pour d'autres aventures et notamment " Soy Cuba". Tourné à Moscou, Tbilissi, La Havane, Honfleur, ce film retrace grâce aux témoignages de partenaires et interprètes de ses films et à la complicité de son petit-fils, un autre Mikhaïl, lui aussi cinéaste, l'itinéraire de Kalatozov, trés impliqué dans l'histoire politique, culturelle et diplomatique de l'ex-URSS.
Vendredi 20 novembre 2009
à 19 h 30 salle Charles Brabant à la Scam 5, avenue Vélasquez- 75008 PARIS (métro Villiers ou Monceau) Cocktail géorgien proposé à l'issue de la projection. Contact: filmsduhorla@free.fr

lundi 9 novembre 2009

Suite de l'article transmis par Jo Carret

Le corps féminin

Le corps féminin, dans la société traditionnelle africaine, est d’abord assigné à un rôle de procréation et à ce titre, il est régi par des normes sociales. « C’est à travers le corps de la femme que la société se perpétue. Ainsi ce corps doit-il être façonné, contrôlé et marqué ». [17] Il est commun de rencontrer dans la lecture du texte d’Angèle Ntyugwetondo Rawiri, Fureurs et cris de femmes la notion de « corps ». Il se constitue en matrice de la structure sacrificielle et il se signale ensuite par la symbolique de la douleur dans ses romans, qui indiquent ce qui s’augure. Ensuite, elle trouve une place dans la narration pour s’achever dans une sorte de représentation réitérée au cœur de laquelle trop vive, la douleur explose et conduit à la réappropriation du corps. Dans Elonga d’Angèle Ntyugwetondo Rawiri, le sort organise la vie des personnages. De plus, le milieu social où échoue Igowè est un milieu fétichiste. Le milieu social s’offre comme cet obstacle majeur, dressé sur le parcours de la femme vers sa réalisation. La sorcellerie révèle l’impuissance des sujets à s’unir, à jouir d’une vie convenable. Leur vie semble comme suspendue, rompue par le sort donc la recherche d’une protection sous les traits d’une femme : « sachez que cette poupée est destinée à me protéger contre les entreprises de sorcellerie ». [18] Elle rompt avec l’existence passive précédente dont l’objectif est de rendre l’existence dynamique. Igowè la fille d’Igowo et d’Ayila, offerte en holocauste, rend l’âme victime d’un esprit malveillant, « une grosse tâche impalpable apparaissait sur son chemin ». [19] p.258. Ses parents fous de douleur veulent se venger et on entre dans un cercle vicieux d’où on ne sort pas. « Je veux voir Mboumba étendu, mort comme ma fille ». [20] La manducation du corps de la jeune Igowè prend la forme d’un rite sacrificiel qui permet à Mboumba (esprit maléfique incarné dans un homme) de renforcer son pouvoir spirituel. Dans ce cercle familial pernicieux se déploient diverses forces occultes des membres qui contrecarrent la destinée des uns ou des autres, décident de la vie ou de la mort des filles qui généralement, détiennent des pouvoirs supra-humains à exploiter. Ces pratiques s’apparentent à une conception magico-religieuse qui anime les hommes désireux d’obtenir des faveurs en contrepartie du corps féminin sacrifié comme Jephté qui offre sa fille pour que vive Israël (La Bible, Livre des juges, 11, 29-40). Après la représentation sacrificielle du corps féminin dans Elonga, le roman d’Angèle Ntyugwetondo Rawiri, Fureurs et cris de femmes s’appuie sur un support discursif qui rend l’expression de la douleur plus patente. D’ailleurs, la douleur liée à la décrépitude du corps est récurrente dans la production romanesque. Elle fait l’objet d’une attention particulière notamment lorsqu’elle sert d’élément catalyseur à la création. Ntyugwetondo Rawiri nous invite à connaître les tourments du corps féminin à travers certaines prémices indispensables afin de comprendre ce qui s’ensuivra. La stérilité au sein du couple est prise en acte, en train de se manifester et de se déployer comme venant démontrer les apports discursifs qui ont permis d’énoncer et d’annoncer la relation adultérine de l’époux d’Emilienne, Joseph qui possède une maîtresse, son « deuxième bureau avec qui il a deux enfants » [21]. Il appert que le rapprochement des corps de l’épouse, Emilienne et de la maîtresse de son mari, Dominique est au faîte de la fusion. Les gestes d’empathie d’Emilienne envers Dominique dénotent du champ sémantique de l’affection, palliatif à l’amour de l’homme. La femme se retrouve et intensifie son sentiment d’existence par l’octroi de sensations fortes. Son corps qui n’était qu’une terre de douleurs devient un arbre de plaisirs. L’affectivité nous vient du corps et peut aller au langage selon Chantal Chawaf, la « chair linguistique » [22] guide le questionnement de l’héroïne sur l’amour et met en cause le dualisme féminin/masculin. On constate seulement qu’Angèle Ntyugwetondo Rawiri transmet aux mots la culpabilité, les cris de rage et écrit ce que sa chair lui dicte. Pour remédier à sa stérilité, Emilienne va voir un guérisseur car la stérilité est considérée comme un sort parce qu’elle se dit « frappée de stérilité ». [23] Lorsqu’Emilienne parvient à ses fins, elle affirme son caractère priapique en rejetant alors son mari et la maîtresse de son mari devenue son amante. Toute l’intrigue qui a suscité l’intérêt et maintenu le lecteur en état d’effervescence maximale jusqu’au bout, est enfin dénouée. Dans cette optique, l’intrigue commande une stratégie d’écriture permettant au discours d’intensifier son potentiel attractif. L’enfant que l’héroïne désire tant occupe son esprit et les vides creusés par le manque d’amour et le cri de son corps. C’est le lieu de convergence de tous les points du récit. L’aboutissement de l’action principale plonge le récit à un stade supérieur, à un degré supplémentaire de son déploiement. Après avoir fait une auto-représentation du corps en proie à la douleur, du corps transformé par la maternité ou par la vieillesse et le corps rongé par l’angoisse de la stérilité dans une société qui contrôle la virginité, le plaisir féminin et la fertilité, le « corps-découverte »[24] est plus que présent dans le récit d’Angèle Ntyugwetondo Rawiri : « Pendant une semaine, Emilienne se laisse entrainer par ce cri nouveau de son corps qu’elle peut faire taire à volonté par les caresses qu’elle échange avec sa secrétaire dans son bureau ». (Fureurs et cris de femmes, p.116.) Cette posture explore les méandres de la conscience féminine qui s’éveille en voulant rivaliser avec l’homme. Angèle Ntyugwetondo Rawiri dresse le portrait d’Emilienne qui goûte aux plaisirs de l’adultère avec Dominique, sa secrétaire également la maîtresse de son mari, dans son bureau afin de ressentir les mêmes émotions que son mari. On mesure l’ampleur des transformations corporelles au sens où la femme découvre son corps en comblant le vide affectif et le manque sexuel, plutôt que de subir les infidélités et les rebuffades de son époux. Et on peut penser qu’Emilienne veut supplanter l’homme dans le cœur de Dominique. Par ailleurs, dans G’amàrakano, au carrefour, Angèle Ntyugwetondo Rawiri met en scène un autre type de protagonistes qui prennent les hommes comme des objets afin de favoriser leur ascension professionnelle. Toula et les personnages féminins périphériques refusent de se constituer en victimes des hommes qu’elles utilisent comme moyen d’accession à la réussite professionnelle. La mercantilisation de la relation amoureuse est l’expérience abyssale de la femme pour sortir de l’asservissement en exigeant financièrement de l’homme le maximum. « Les hommes commandent encore aux femmes. Et ça nous oblige à faire tous nos efforts, à déployer tous nos charmes pour leur être attirantes ». [25] Sa vision de l’amour vise un approfondissement de la connaissance de l’homme à travers un guide de séduction : conseils diététiques, esthétiques, attitude à adopter pour retenir l’attention, cadeaux à exiger, une fois la victime subjuguée. Pour atteindre son but, Toula ne s’embarrasse pas de scrupules, l’attrait physique ne compte pas. Ekata, la collègue et l’initiatrice de Toula définit sa relation avec les hommes comme suit : « je me contente de leur argent et de jouir de la vie tant que je peux ». [26] Cela induit, dans la trame discursive, une forme de théâtralité, faisant de l’action du roman, une mise en scène introduisant un jeu qui oppose savamment l’homme et la femme. A ce niveau, nous assimilons ce jeu au renversement des rôles dont les pérégrinations prouvent la duplicité de la femme. La réalisation des personnages féminins dépend des bases fondées au sein de leur milieu professionnel en vue de la construction d’une stratégie féminine et, entre autres, d’un possible existentiel. Le bureau apparaît comme le lieu du njembè, société secrète exclusivement féminine chez les omyene, groupe ethnique auquel appartient la romancière. Cette secte initiatique met en valeur chez l’impétrante, représentée dans le récit par Toula, tous les atouts et les pouvoirs mystiques féminins pour lui permettre de réaliser un parcours ascensionnel en séduisant son patron.

L’inscription textuelle du corps chez les romancières africaines est non seulement un désir de rompre le silence mais aussi une écriture en porte-à-faux audacieuse. La représentation du corps est insérée dans un projet esthétique personnel qui n’a aucun rapport sur le plan familial, économique ou politique. Le corps devient expression du désir féminin, création d’un espace propre de subjectivité du discours féminin. Marianne Bosshard, expliquant les rapports du corps et du verbe chez Chantal Chawaf dit qu’« il faut humaniser l’histoire humaine non par le biais d’une spiritualité détachée du corps mais par la spiritualisation et la verbalisation du corps et de la chair afin de leur rendre leur place perdue auprès de l’Esprit ». [27] Par le corps, le « je » féminin se décline sous le mode de la relation existentialiste de l’être en situation et va libérer de l’inertie, l’inconscience, la corporalité du langage refoulé. Les romancières font vivre leur chair à travers leurs écrits par une sorte de transcendance scripturale.

La valorisation de la femme africaine

dimanche 8 novembre 2009

Suite article transmis par Jo Carret

La dénonciation

Les premiers romans des femmes africaines se sont appliqués à infuser leur témoignage car le jeu de voix narratives polyphoniques s’est limité à un « je » qui se définit par rapport à l’homme dans la sphère publique et privée. Le tableau dépeint par les romancières africaines faisait le réquisitoire d’une société longtemps dirigée et contrôlée par des hommes. De ce fait, il y a eu une déconstruction du schéma classique des romans africains de la première heure qui rompt avec une réalité africaine appréhendée comme rassurante en présentant une image de la femme révoltée. Les écrivaines telles que Calixthe Beyala mettent constamment en exergue la révolte de la femme face à un système phallocratique. « L’univers dépeint par la romancière frappe par le sentiment d’horreur qui émane du récit où domine la violence. Ateba exprime son dégoût pour l’homme qu’elle n’entrevoit que dans des rapports purement érotiques et brutaux ». [3] Calixthe Beyala se constitue en narratrice homodiégétique, figure certes rare, dans le roman, mais ce mode narratif lui permet de décliner sous le mode personnel des modalisations affectives. Sa voix où perce un immense sentiment de répulsion et d’abjection fait écho à une catharsis pour se libérer. Surtout, le caractère engagé du discours romanesque oblige la romancière à rallier l’expérience collective à l’individualité. Ateba est une jeune fille douce, respectueuse et soumise comme dans les cultures africaines devenue une rebelle à cause des turpitudes de la vie et des épreuves douloureuses telle que la mort de son amie qu’elle impute à l’homme. L’image de la femme-Eve à l’origine de la perte de l’homme, souvent mise en scène dans la littérature est renversée dans C’est le soleil qui m’a brûlée de Calixthe Beyala : « En le regardant, elle comprend mieux pourquoi ces corps d’hommes ont réussi à mettre l’humanité à leurs pieds. Ils sont de ceux qui détruisent, saccagent, mutilent mais réussissent à se blanchir les mains en un clin d’œil ». [4] Face au musellement, la femme est obligée d’utiliser un protolangage ; à travers le regard, l’héroïne, Ateba, fait passer le message qui décrit les relations complexes entre l’homme et la femme. Ateba est attirée par Jean mais son discours tend à la convaincre du contraire. Ateba cherche à réfréner le désir qu’elle éprouve pour l’homme en mettant autant de mépris dans son regard et de réticences dans ses gestes pour le repousser. La femme devient ainsi le parangon de la suprématie féminine par la domination de l’homme, elle soumet la virilité de l’homme à rude épreuve. Et il y a une similitude de contexte dans la plupart des romans de Calixthe Beyala, la femme est l’héroïne, au centre des préoccupations sociales avec des référents symboliques divergents. Andela, l’héroïne de L’homme qui m’offrait le ciel de Calixthe Beyala est une femme amoureuse qui a perdu toute capacité de discerner le vrai amour d’une aventure sans lendemain avec un homme marié. François Ackermann l’abreuve de mots doux et elle se laisse langoureusement flotter sur les nuages qu’il lui apporte et le ciel qu’il lui offre la suffit. Chez Calixthe Beyala, c’est toujours l’homme qui est à l’origine des malheurs de la femme, qui la consume, qui l’attire vers le bas, vers la prostitution à la fin de C’est le soleil qui m’a brûlée et la plonge dans un profond désarroi dans L’homme qui m’offrait le ciel. Notons, en tout cas, que pour Calixthe Beyala, l’amour se veut, dans un premier temps, un complexe discursif, un ensemble théorique qui présentent l’homme comme un objet de réflexion. « J’ai terriblement envie de parler de cette aube triste, de ces heurs qui ont couru avant l’arrivée de l’homme…Tout est sa faute…Et elle…Il a fallu qu’elle séduise les étoiles pour survivre ». [5] l’auteure décrit le lent processus selon lequel le dégoût de l’homme pousse la femme dans les bras d’une autre femme. C’est le cas dans Tu t’appelleras Tanga, les deux amies, Tanga et Anna-Claude, se rapprochent dans l’univers carcéral, se touchent, se confient l’une à l’autre et finissent par développer des gestes d’amour empreints de sensualité : caresse des mains, des cheveux. [6] Calixthe Beyala nous propose des personnages féminins dont le discours est pluriel et expansif. La solidarité et la complicité féminines se transforment en une tendresse proche de l’attirance sexuelle. Le rapprochement d’Irène et d’Ateba dans un élan de consolation se traduit par un hétaïrisme évoluant vers le saphisme surtout lorsqu’Ateba dans C’est le soleil qui m’a brûlée, écrit aux femmes comme on écrirait une lettre enflammée à un amoureux et elle conclut même : « Femme, je t’aime ». [7] La correspondance amoureuse enflammée a été longtemps une forme distinguée, très convaincante d’exprimer à l’être aimé la profondeur de ses sentiments. Elle a inspiré des vers, transformé la vision simpliste que l’on pouvait avoir de l’amour. La correspondance a rendu publique la conception de l’amour vivant et vrai. L’attirance mutuelle entre les femmes s’opère lorsque celle qui joue le rôle de protectrice et de consolatrice, constamment en contact physique lors des confidences, développe un dégoût pour les hommes. Simone de Beauvoir explique ce phénomène chez la femme, « ennemie des hommes qui lui imposent leur domination, elle trouvera dans les bras d’une amie à la fois un voluptueux repos et une revanche ». [8] Irène qui se sent perdue sans l’homme avoue à Ateba : « sans lui, je ne suis qu’une illusion et personne ne me continuera » Ateba lui rétorque « tu existes parce que la femme existe, enfin, tu te continueras ». [9] Ateba se rend dans le bar où son amie Irène se prostituait pour y noyer son torrent d’infortunes. La propension de l’existence rêvée accule son amie Irène par dissimulation et par négation de son existence, celle qui ne se reconnaît pas dans ce monde traumatisant qui ne lui offre que désolation. Dans l’ordre du récit, l’actant subsumé en la personne d’Ateba, se confond à un objet sexuel afin de venger son amie Irène. Son parcours pérégrinatif, s’appréhende comme une quête de « prise de position », au sens où la vie rêvée, mais semble-t-il, irréalisable est vécue à travers la transcendance verticale. Les hypothèses formulées sont controversées par les actes d’Ateba qui dit que si « Dieu a sculpté la femme à genou aux pieds de l’homme », [10] elle mettra son client-victime à ses pieds. L’expérience d’Ateba ne l’éclaire pas, elle l’invite à se penser comme accroissement de la conscience souffrante afin de connaître un autre état, celui qui semble la hisser au-dessus de la domination masculine en reléguant l’homme au rang de liquide séminal : « Toutes ces polémiques pour cette espèce de lait tourné qui prend sa source dans les pantalons et se jette dans les pagnes. Franchement ! ». [11] Quand Ateba tue son client, elle scande le nom de son amie : « Irène, Irène », [12] elle semble prendre sa revanche sur la vie des femmes qui ont tant souffert à cause de l’homme, sa mère Betty, sa tante Ada, son amie Irène. Elle semble nous dire qu’il faut tuer l’homme pour que naisse la femme, pour qu’elle se retrouve et se découvre enfin. A la fin du roman, Ateba rêve qu’elle retrouve son amie Irène : « Elle dit Irène, tu m’as fait peur viens ». [13] Irène est morte, son âme est meurtrie, mais elles se retrouvent, se fondent dans la même douleur, le même rêve de bonheur perdu. Par contre, dans L’homme qui me promettait le ciel, ce qu’on retient c’est que la chute est terrible lorsque la femme doit redescendre sur terre. La quête de la jouissance avec François constitue aussi la forme du langage et reflète cette action dont l’objet essentiel est de vivre à travers le semblant d’amour que lui procure cette relation problématique. Andela interprète, lucide et acerbe, les mots d’amour de François en disant qu’il la paye de « cette petite monnaie marquée imbécile avec laquelle les hommes paient les femmes, ces petits mots non côtés en bourse qui servent de mors et nous enlèvent le mordant de la lucidité ». [14] La nature de la relation amoureuse se trouve pensée dans sa dimension matérielle. Notamment, lorsque nous entrons en résonance avec la pensée de Calixthe Beyala. Son discours connaît une bifurcation qui introduit une nouvelle séquence au cœur de laquelle s’organise et s’opère le récit. Et ce faisant, reflétant le caractère volcanique de l’héroïne Andela, de même que son caractère amplement matérialiste. La passion dans le récit est alimentée des soubresauts qui inaugurent une nouvelle étape du récit : le renversement de la situation à l’avantage d’Andela par le biais de la victimisation. C’est dire qu’au fond que comprendre la relation d’Andela et de François serait, un temps soit peu, porter attention à la singularité des rapports amoureux qui se limitaient aux plaisirs de la chair. Il y a autre chose que la simple relation amoureuse, à savoir une relation transitive qui va de l’adoration à la vénération de l’homme dont dépend le bonheur du personnage : « J’ai besoin d’admirer pour aimer ». [15] Entre son désir d’indépendance et son besoin d’amour, la femme demeure écartelée, c’est pourquoi il y a parfois une alternance entre une voix narrative homodiégétique et une voix narrative extradiégétique : « Ateba dit que la femme devrait arrêter de faire l’idiote, qu’elle devrait oublier l’homme et évoluer désormais dans trois vérités, trois certitudes, trois résolutions. Je les connaissais : revendiquer la lumière, retrouver la femme et abandonner l’homme aux incuries humaines…Etait-ce ce que je voulais ? ». [16] Dans un premier temps, il faut rompre avec l’idée selon laquelle le destin de la femme est arrimé à celui de l’homme dans C’est le soleil qui m’a brûlée (1987). Dans un second temps, l’homme est indispensable à l’équilibre d’Andela nonobstant le fait qu’il soit un homme marié dans L’homme qui m’offrait le ciel (2007).

Le corps féminin

WINSTUB.

...Et une gigantesque chope de bière mousseuse en guise d'enseigne. Une mousse débordante s'écoulant sur un comptoir astiqué. De la bière du pays. Pas de l'importation. Fausta, flanquée de son cerbère fit irruption dans la taverne enfumée, puant l'alcool, le vieux tabac froid et l'herbe magique. D'étranges personnages attablés s'essayaient au poker, un musicien noir, sans âge, grattait avec doigté une antique guitare crasseuse, un perroquet coléreux accueillait les nouveaux clients en poussant des cris d'orfraies. Le patron, il aurait fallu plusieurs semaines pour en faire le tour tant son ventre était gonflé, jetait avec insistance un regard vicieux sur la naissance des seins de Fausta et sur le diamant noir fixée par une chaînette argentée à la gorge souple de la belle. Le bonhomme était très étonné par le couple. Son visage se crispa et une ride profonde se creusa entre les deux yeux. Deux chopes de Un litre apparurent comme par enchantement sur le comptoir de bois tropical. Un simple regard de Ben servit de bon de commande et le liquide frais se répandit sur les lèvres desséchées, pénétra les gorges assoiffées. L'estomac se gonfla. La fraîcheur du liquide envahit le corps tout entier, le cerveau s'ouvrait au monde. La situation de Fausta devenait positive. On était presque au bout de la route. Demain serait un autre jour. Gianfranco? Qui est Gianfranco? Connais pas.

Foire du Livre . BRIVE Transmis, écrit par Christian CAZALS

Hier soir j'ai eu l'imprudence de regarder certain journal télévisé. Grande stupeur. Mes oreilles et mes yeux sont pollués...Il ne manquait plus que ça pour compléter ma maladie de foie. Sur l'écran Mr C..... présentait son livre à la foire littéraire de BRIVE la Gaillarde. EnHaurme pavé. Un autre Monsieur, celui-ci grassouillet, le couvrait de blandices, un grand flatteur devant l'éternel certainement. Il faisait le beau et le spirituel ayant l'air de s'attaquer à des moulins à vent. Heureusement notre copine Croukougnouche m'a fait parvenir ces musiques à la suite de mon message et que vous retrouverez sur "Petites histoires sans importance". Rien de tel pour votre santé que d'écouter et de vous laisser porter par ces rythmes. Là il y a de la vie et de la générosité. Renseignement pris le Mr Grassouillet fut 1° secrétaire du Parti Socialiste. Je frémis. Et une grande tristesse me trouble. Quant à ce Mr C..... Pshitt!! Histoire abracadantesque.

samedi 7 novembre 2009

Ecriture et femme africaine. Marina Ondo

L’écriture féminine dans le roman francophone d’Afrique noire Le 7 novembre 2009 par Marina Ondo Aujourd’hui, les écrivaines africaines soulèvent toujours autant la polémique. Entre celles qu’on considère comme des féministes tout court et des féministes modérées, il y a une écriture féminine qui pense la femme simplement dans ce qui caractérise son univers personnel, son rapport avec elle-même, sa conception du combat intellectuel et politique. Penser l’action féminine pour elle-même, vivre et assumer la féminité sans complexe d’assimilation égalitaire aux attributions spécifiquement masculines, dire que l’écriture de la valorisation féminine hisse la femme au rang d’épicentre du système social, est l’orientation qu’elles tentent de donner à leur création. Jusque dans les années 1950, la littérature nègre était le domaine réservé de la gent masculine. Tant et si bien que lorsque Jacques Chevrier dans La littérature nègre établit les différentes phases d’évolution du roman africain, il ne répertorie, en majorité, que des romanciers africains. En effet, Jacques Chevrier retrace les différentes étapes du roman africain sous les catégories de roman de la contestation, de roman historique, de roman de la formation, de roman de l’angoisse et de roman du désenchantement [1] sans évoquer des romancières africaines car selon lui, en 1984, « peut-être est-il trop tôt pour parler d’écriture féminine ». [2] La littérature féminine émergeait à peine car les femmes africaines n’écrivaient que pour dénoncer des situations inégalitaires d’oppression. Jacques Chevrier cite, à ce propos, La parole aux négresses d’Awa Thiam qui, à travers des témoignages recueillis par des femmes en 1978, fait une critique poignante de l’excision. Par la suite, les romancières africaines se sont lancées à l’aventure de l’écriture en adaptant leur production littéraire aux contextes sociaux. Aujourd’hui, on peut dire qu’il existe une écriture féminine qui est une aventure de l’écriture, une recherche au niveau des structures verbales où se déclinent, sous divers modes, des personnages féminins variés. On se doit, dès lors, d’appréhender la femme à travers la peinture de ses différentes facettes, ce qui ne répond donc pas forcément à une description normative. Cet article transmis par Jo Carret est trés long. Il va vous être délivré en plusieurs billets pour soulager votre lecture. Prochain envoi demain Dimanche 8/11/2009

jeudi 5 novembre 2009

Commentaire de Vincent Balaÿ

deVincent Balay
àcazalschristian
date5 novembre 2009 07:57
objetRe: [MISCELLANEES] Nick Cave Cassiel's song
envoyé parorange.fr
masquer les détails 07:57 (Il y a 2 heures)
"a quand les anges passent ?
ah ! quand les anges passent...
à quand les anges, passe ...
Haaaaaaaa. quand les anges passent !
..................................................... .
le vent du monde se faufile sur nos papilles
pour ouvrir son histoire."
-- Envoyé par cazalschristian dans MISCELLANEES le 11/05/2009 01:56:00 AM
Répondre
Transférer
« Boîte de réception
Archiver

Monologue de fin Nick Cave

Nick Cave Cassiel's song

Solveig Dommartin

Un insert personnel avec cette scène, pour moi très importante, de Solveig Dommartin. Puisse la destruction du mur apporter la paix dans le monde, comme dans l'âme de Solveig.

Commentaire de Croukougnouche sur le mur de Berlin et les images des Ailes du désir.

oui, très très beau.. je suis encore complètement imprégnée et retournée après vision du documentaire d'hier soir , sur la 2 , consacré au "mur" , super bien fait , documents exceptionnels , puissants et donnant le frisson. à l'époque , en 89 , j'étais tellement "planant à mille mètres " engluée dans des problèmes personnels , que tous ces évènements m'étaient restés très lointains .. hélas.

4 novembre 2009 16:03

Envoi de Jo Carret concernant le mur élevé entre la Palestine et Israël

merci Christian pour cette émotion et cette jubilation rare que m'a procuré ce passage des Ailes du Désir... ...... ... ... ... ... ... ... ... Mais en parlant de mur, il en est un qui subsiste encore, qui n'est pas prêt de tomber comme les remparts de Jéricho au septième appel des trompettes, mur plus injuste que l'Autre, qui ne sépare pas deux mondes antagonistes, mais qu'une armée d'oppression utilise pour prendre un peuple martyrisé dans la nasse que chaque jour elle referme et retrécit.
Salutations fraternelles
JoCarret
----- Original Message -----
Sent: Wednesday, November 04, 2009 12:31 PM
Subject: [MISCELLANEES] Les ailes du désir. Au pied du mur
. Bruno Ganz . Tres bel ange au pied du mur. -- Envoyé par cazalschristian dans MISCELLANEES le 11/04/2009 12:26:00 PM
berlin_palestine_4-page1.JPG

mercredi 4 novembre 2009

Les ailes du désir. Au pied du mur

. Bruno Ganz . Tres bel ange au pied du mur.

La Marseillaise/ Gainsbourg

En ces temps de réflexions "profondes" sur l'identité nationale et la Marseillaise, hymne national nous joignons avec Gainz....barre notre contribution musicale et nos pensées également "profondes".

mardi 3 novembre 2009

Prix Goncourt à Marie N'Diaye. Trois femmes puissantes

Trois femmes puissantes" de Marie N'Diaye

Une femme décroche la plus haute distinction littéraire française. Cela faisait onze ans qu'une femme n'avait pas été récompensée par l'Académie Goncourt (Paule Constant pour Confidence pour confidence chez Gallimard). Depuis la création du prix en 1903, la célèbre Académie en a couronnées seulement neuf.

Muriel du Brusle

Elue dès le premier tour avec cinq voix contre deux pour Jean-Philippe Toussaint (La vérité sur Marie, Minuit) et une voix pour Delphine De Vigan (Les heures souterraines, JC Lattès), la romancière française d'origine sénégalaise qui vit depuis deux ans à Berlin, était présente au restaurant Drouant pour recevoir son prix. "Je suis très contente pour le livre et pour l'éditeur. Je suis très contente d'être une femme qui reçoit le prix Goncourt" a-t-elle déclaré aux journalistes venus en masse. Elle a qualifié de "sorte de miracle" le succès du livre. "Ce prix est inattendu. C'est aussi le couronnement et la récompense de 25 ans d'écriture et de cette opiniâtreté".

Plus ou moins dramatiques, parsemées de métaphores, ces histoires explorent les différents visages de la femme africaine, qu’elle soit fille, épouse ou veuve, lui opposant à chaque fois le point de vue ou la responsabilité des hommes.

Première page :

E t celui qui l’accueillit ou qui parut comme fortuitement sur le seuil de sa grande maison de béton, dans une intensité de lumière soudain si forte que son corps vêtu de clair paraissait la produire et la répandre lui-même, cet homme qui se tenait là, petit, alourdi, diffusant un éclat blanc comme une ampoule au néon, cet homme surgi au seuil de sa maison démesurée n’avait plus rien, se dit aussitôt Norah, de sa superbe, de sa stature, de sa jeunesse auparavant si mystérieusement constante qu’elle semblait impérissable. Il gardait les mains croisées sous son ventre et la tête inclinée sur le côté, et cette tête était grise et ce ventre saillant et mou sous la chemise blanche, au-dessus de la ceinture du pantalon crème.

Il était là, nimbé de brillance froide, tombé sans doute sur le seuil de sa maison arrogante depuis la branche de quelque flamboyant dont le jardin était planté car, se dit Norah, elle s’était approchée de la maison en fixant du regard la porte d’entrée à travers la grille et ne l’avait pas vue s’ouvrir pour livrer passage à son père – et voilà que, pourtant, il lui était apparu dans le jour finissant, cet homme irradiant et déchu dont un monstrueux coup de masse sur le crâne semblait avoir ravalé les proportions harmonieuses que Norah se rappelait à celles d’un gros homme sans cou, aux jambes lourdes et brèves.

couverture du livre "Trois femmes puissantes" de Marie N'Diaye

Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye - Gallimard, 318 p., 19 euros.

lundi 2 novembre 2009