Un Parcours.
Donné, le jour vient de poindre, la pleine lune disparaît et Vénus se cache au profond du gris des nuages, le plaisir dans cette matinée fraîche et bruineuse, de déambuler dans une ville étrange aux avenues rectilignes, née pendant mon sommeil entrecoupé de soupirs, de respirations rapides, de gémissements et de larmes car les souvenirs reviennent et taraudent les replis du cerveau, et vont chercher très loin dans l'inconscient ce qui me fait sursauter, qui me griffe les chairs et voilent le regard porté sur la fenêtre entrouverte, le jour se découvre et l'immensité de la ville encore endormie m'emporte dans un rêve, chant intérieur orchestrant mes angoisses.
Un gong oriental à la peau tendu répond au pépiement des oiseaux picorant les graines déposées la veille sur mon balcon.
Rapidement vêtu, chemise et pantalon de toile simple, repassage inexistant conservant la souplesse à cette tenue de voyageur j'arpente les rues désertes, ordures dispersées, ivrognes étendus, couples enlacés dans une ultime étreinte nocturne, parfois un squelettique chien reniflant, le grincement d'un rideau métallique, le jour découpe les ombres et fait apparaître d'étranges personnages échangeant un mystérieux paquet, quelques billets fripés, un regard malicieux.
Soudain un claquement sec, un hurlement dans une ruelle adjacente, un très gros véhicule noir passe en trombe et s'enfonce dans les entrailles d'un tunnel encore désert. Je reste immobile, le coeur battant la chamade, je pose mon cul sur le sol, ferme les yeux, le sol se dérobe.
Blog concernant notre vie littéraire, poétique, cinématographique. Tout ce qui touche à l'art, à l'expression artistique sous toutes ses formes. Tous les moyens d'expression sont reconnus dans ce blog. EXCLURE FORMELLEMENT LA VULGARITÉ ET LA GROSSIÈRETÉ.
Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.
... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.
Désert. Le Clézio.
1 commentaire:
Attention, écoutez : l'aube est une oeuvre.
Jorge Guillen
Extrait de Cantique
La vérité était que la vie nous avait jetés aux orties, l'un et l'autre, et c'est toujours ce qu'on appelle une rencontre.
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Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. Folio, 1977 (ISBN 2-07-037367-3), p. 11
Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde.
Jean Genet, L’Atelier d’Albert Giacometti
Le règlement de comptes entre les hommes frustrés par une existence de plus en plus asservie, soumise, et la dernière, la plus grande image de liberté vivante qui existât encore sur terre, continuait à se jouer quotidiennement dans la forêt africaine.
Romain Gary
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. Folio, 1972 (ISBN 2070362426), p. 181
Ce qui nous est connu est suffisamment inquiétant pour que nous puissions accepter de courir le risque de l'inconnu.
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Charge d'âme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. Folio, 1977 (ISBN 978-2-07-040366-0), p. 166
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