Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

jeudi 10 décembre 2009

Cinéma. Scénaristes, cinéastes exprimez vous.

Outrage et Rébellion : 40 films enragés contre la violence policière Le 8 juillet dernier, Joachim Gatti, réalisateur de 34 ans, petit-fils du poète et cinéaste Armand Gatti, a été la cible d’un tir de flashball lors d’une manifestation à laquelle il participait à Montreuil-sous-bois. Blessé à l’oeil, il en a définitivement perdu l’usage. Joachim Gatti n’est pas la première victime de ces “armes à létalité réduite”, dont l’usage se développe de manière inquiétante ces dernières années chez les policiers (pour les abonnés de Médiapart, l’article de Carine Fouteau publié le 9 décembre revient sur les circonstances et le contexte politiques de cette tragédie). Mais il a cristallisé une ample mobilisation, notamment dans le milieu du cinéma, contre l’usage de ces armes, et plus largement, contre la politique répressive du gouvernement actuel. Au lendemain du drame, l’historienne et théoricienne du cinéma Nicole Brenez et la monteuse Nathalie Hubert on fait circuler une pétition qui a recueilli 2500 signatures, pour dénoncer la «spirale de la répression» et l’«arbitraire opaque» de la police. Dans la foulée, elles ont lancé un appel à projets, demandant à des cinéastes, des militants, des graphistes, des artistes, de réaliser des petits films, destinés à être diffusés sur Internet mais aussi en salles. “L’idée, explique Nicole Brenez, était de demander aux gens de faire quelque chose d’immédiat, et en image, sur les causes de cette situation : comment est-on arrivé à ce qu’une police armée tire sur quelqu’un qui n’est pas menaçant? Les films sont des ciné-tracts, sans contrainte esthétique d’aucune sorte, sauf qu’ils ne devaient pas durer plus de dix minutes“. Réunis sous le label Outrage et Rébellion, une quarantaine de films a été réalisée à ce jour. Parmi leurs réalisateurs figurent de grands noms du cinéma (radical) comme Philippe Garrel, Jean-Marie Straub, Marcel Hanoun, Lionel Soukaz, Lech Kowalski (voir le post que je lui ai consacré récemment), ou de l’art contemporain comme Ange Leccia. Luce Vigo a quant à elle accepté d’être la marraine du projet. “Parmi ceux qui se sont mis au travail, il y a des gens pas du tout politiques, pas du tout engagés, et qui ont fait des films vraiment enragés, poursuit l’instigatrice du projet. Çà en dit long sur l’état d’exaspération et sur la honte qu’il y a à être en France aujourd’hui sous ce gouvernement dégueulasse“. Pensés comme une “constellation”, ouverte aujourd’hui encore à ceux souhaiteraient y apporter leur contribution, Outrage et Rébellion est diffusé à partir de ce jour, jeudi 10 décembre, à raison d’un film par jour, sur le site http://www.mediapart.fr/ (en accès libre et gratuit). Les films peuvent aussi être montrés “par grappes”, au gré de programmations festivalières par exemple. Une dizaine d’entre eux sera ainsi projetée à l’Institut pour l’image d’Aix en Provence dans le cadre d’une thématique de films sur la police. “Ce qui résume l’esprit du projet, explique Nicole Brenez, c’est que cette constellation constitue un arsenal d’images avec plein d’utilisations possibles. Il y a des essais, des clips, des coups de poing, des poèmes, toutes sortes de propositions qui nous ont été transmises sous tous les formats possibles : clé USB, DVD, pellicule 16 mm, et même du 35… ce qui correspond pleinement à ce qu’est le cinéma aujourd’hui! C’est une configuration qui m’a beaucoup intéressée en tant que cinéphile. Nous allons créer une page Internet pour Outrage et Rébellion, et chacun pourra piocher ce qu’il veut “. Une forme film est par ailleurs en projet, qui prendra la forme d’un “assemblage linéaire”. Sur Médiapart, le programme commence par Exercice de double pensée, une belle proposition de la jeune cinéaste Caroline Deruas. Le titre fait écho à la contradiction mise en scène ici entre le Code de déontologie de la police nationale, dont des passages sont lus en off, et les violences que celle-ci pratique au quotidien, dont des images sont diffusées sur le mur d’un vieil immeuble. Il fait référence à 1984 de George Orwell, dont un passage est cité, qui se termine" C'est en conciliant les contraires que le pouvoir peut se maintenir indéfiniment." La silhouette d'une très jeune fille dansant sur un morceau de musique punk rock, qui vient remplacer sur le mur celle des policiers en action ouvre le film sur l'idée d'une résistance joyeuse et salutaire, la croyance dans la vitalité et la puissance de rébellion de la jeunesse.

1 commentaire:

La sirène a dit…

Un petit coucou de la Sirène... Merci pour tes passages sur mon blog***