Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

jeudi 30 juillet 2009

Sur la piste de latérite

Sur la piste de latérite. Fausta avait lu le papier griffonné par le portier, un message téléphonique de Gianfranco « peut-être ce soir, cette nuit, demain » ? Maintenant elle attendait. Ben roulait sur la piste, une poussière rouge enveloppait le carrosse de ce sympathique cocher tout dévoué à la cause de G. Un vent chaud pénétrait l’habitacle, Ben était très excité. La livraison devait se faire à grande vitesse au risque de briser quelques bouteilles mais ça ! Ben fit un superbe bras d’honneur en lâchant le volant et la roue droite s’encastra dans une ornière et ressortit dans un fracassant bruit de ferraille. Gianfranco en fut tout retourné et sermonna Ben le priant de tempérer son ardeur. Une vieille bicoque, des carcasses de voiture amoncelées, un énorme personnage blanc et noir de crasse, le visage rouge cramoisi et les yeux jaunes. Le tout puant l’alcool et le tabac. Ils furent accueillis avec force rots et rires gras. De quoi prendre la fuite au galop. Ce que firent nos deux voyageurs après avoir déposé une caisse de mampower à ses pieds. C’est le petit matin. Gianfranco pense à l’arrivée de Fausta aux Cascades. Certainement hier soir, peut-être dans la nuit… Pas de portable dans cette savane. Dans le prochain bistrot il y aura un téléphone ! Il en est sûr. Mais la tenir dans ses bras dans la soirée ? Ben rétrograde et l’antique bagnole dans un nuage de gaz malodorants grimpe une colline interminable. Les deux hommes sont déjà maquillés. Les cheveux recouverts d’une poussière écarlate, les yeux luisent au fond des orbites, ce sont des diables le visage flamboyant. Enfin ils atteignent le sommet. Le char mythologique fume, le moteur chauffe, les pneus sentent le caoutchouc brûlé. Stop ! Grâce ! Hurle l’équipage. Prenons des forces car la descente de ce relief montagneux promet des soubresauts inattendus. Tout est défoncé et juste à l’entrée du passage vers une buvette qui semble proprette une tranchée servant de fosse à ordure. Gianfranco est un aventurier de haute volée. Mais là il comprend que pour ce soir c’est râpé. Il se souvient des paroles d’une belle vénitienne qui avant son départ lui avait dit « Méfiance, en Afrique, tout change d’une minute à l’autre » et pour ce soir « adieu piscine, vin, fruits frais, glaçons, nichons, et autres friandises… ». Cependant Gianfranco est philosophe. Il sait que l’attente, la difficulté de la rencontre sera un stimulant des plus efficace. Encore un moment de concentration, de méditation au sommet de la colline. Ben semble revigoré et la descente commence en direction du bar.

2 commentaires:

croukougnouche a dit…

Mais Christian!!!! que passa??
Tu as mangé du lion!!
C'est carrément un film de John Huston !!
quelle action!!
attention! il faut que le taxi tienne le coup jusqu'à sun city !!

Christian CAZALS a dit…

Du lion mais sans sel. et pas de mampower.
Gianfranco me transmet son énergie!!