Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

vendredi 31 juillet 2009

Comme une descente en enfer

Comme une descente en enfer. Nos deux compères laissent aller la vieille pigeot de Ben sur la piste défoncée. A cette vitesse quand Gianfranco pourra-t-il revoir la belle Fausta ? C’est l’heure la plus chaude de la matinée. On cuit dans l’habitacle et malgré les fils de fer fixés aux endroits stratégiques du véhicule : les manettes, leviers, portières, et autres tuyaux d’échappement, tout vibre et ferraille copieusement. Pourtant l’approche est nette. La petite maison de Mam’ Thérèse, c’est ce qui est inscrit sur le bout de papier gras que leur a remis Paula, se précise. Il y a même des fleurs, des plantes qui poussent courageusement dans des bidons rouillés, des cactus aux fenêtres, certainement pour que les voleurs se piquent la nuit, et fin du fin un sapin de Noël un peu jaune, mais lui aussi plein d’ardeur. Dans un effrayant crissement de frein Ben vient de stopper la calèche devant la tranchée aux ordures. Impossible d’aller plus loin. Dignement, Gianfranco pose les pieds à terre, s’étire et d’un pas lent et assuré s’éloigne de quelques cinquante mètres pour uriner contre un buisson d’épineux parsemé de boules rouges. Tout en pissant copieusement il cite Pavese « L’amour à la vertu de dénuder non pas deux amants l’un en face de l’autre, mais chacun des deux devant soi-même. » Puis il retourne prés du véhicule et Ben lui apprend que Mam’ Thérèse va venir prendre son colis. D’ailleurs elle arrive, poussant une brouette métallique d’un autre âge, en boitant, et avec un large sourire sur ses dents inexistantes. Pas de chiens alentours. Mam’ Thérèse est un ermite solitaire. Gianfranco remet le colis et la vieille aubergiste qui fut Mère maquerelle dans sa jeunesse déplie un mouchoir crasseux et en prélève la somme correspondant à l’achat de l’alcool si précieux pour son petit commerce. Le téléphone est en panne. Avec un sourire triste elle leur apprend la nouvelle mais au troisième bar il doit fonctionner. C’est là-bas au bout de la piste de latérite qui est maintenant rectiligne, en bon état et carrossable. On devrait gagner du temps pense Gianfranco et son désir échauffe le bas de son dos qui frémit. Un sourire sibyllin illumine son visage. Ben le regarde, interrogatif. Il ne comprend pas ce changement soudain de physionomie. Pas de temps à perdre ! Salut Thérèse ! G. dépose une bise affectueuse sur les joues de la vieille tenancière de bordel, car, en réalité cette petite bicoque est une maison de passe pour les chauffeurs qui font la route entre Sun City et Johannesburg. Il est presque midi. Pour ce soir ? Difficile. Arriver dans la nuit c’est bien aussi. Les sens sont relâchés et l’eau de la piscine si fraîche.

1 commentaire:

croukougnouche a dit…

et, bien , à ce que je constate, l'inspiration del Cazassienne est au beau fixe !!Bravo!!
Je cours mijoter ma gelée de mûres ,
et plein de préparatifs m'attendent avant demain où je pars à sète en train , puis Barcelone dans deux jours où la fine équipe s'envole pour l'Autriche...
ahh! elle est loin l'Afrique!!