Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

mercredi 25 août 2010

L' Amour- Maladie. Marcel Proust

                                                                                                                          De fait, l'amour de Swann en était  




De fait l'amour de Swann en était
arrivé à ce degré où le médecin et, dans certaines affections, le chirurgien le plus audacieux, se demandent si priver un malade de son vice ou lui ôter son mal, est encore raisonnable ou même possible.
Certes l'étendue de cet amour, Swann n'en avait pas une conscience directe. Quand il cherchait à le mesurer, il lui arrivait parfois qu'il semblât diminué, presque réduit à rien; par exemple le peu de goût, presque le dégoût que lui avaient inspiré, avant qu'il aimât Odette, ses traits expressifs, son teint sans fraîcheur, lui revenait à certains jours. << Vraiment il y a progrès sensible, se disait-il le lendemain; à voir exactement les choses, je n'avais presque aucun plaisir hier à être dans son lit: c'est curieux je la trouvais même laide.>>; Et certes, il était sincère, mais son amour s'étendait bien au-delà des régions du désir physique. La personne même d'Odette n'y tenait plus une grande place. Quand du regard il rencontrait sur sa table la photographie d'Odette, où quand elle venait le voir, il avait peine à identifier la figure de chair ou de bristol avec le trouble douloureux et constant qui habitait en lui. Il se disait presque avec étonnement: <>;, comme si tout d'un coup on nous montrait extériorisée devant nous une de nos maladies et que nous ne la trouvions pas ressemblante à ce que nous souffrons. il essayait de se demander ce que c'était; car c'est une ressemblance de l'amour et de la mort, plutôt que celles, si vagues, que l'on redit toujours, de nous faire interroger plus avant, dans la peur que sa réalité se dérobe, le mystère de la personnalité. Et cette maladie qu'était l'amour de Swann avait tellement multiplié, il était si étroitement mêlé à toutes les habitudes de Swann, à tous ses actes, à sa pensée, à sa santé, à son sommeil, à sa vie, même à ce qu'il désirait pour après sa mort, il ne faisait tellement plus qu'un avec lui, qu'on n'aurait pas pu l'arracher de lui sans le détruire lui-même à peu près tout entier : comme on dit en chirurgie, son amour n'était plus opérable.

1 commentaire:

http://jacquelinewaechter.blogspot.com/ a dit…

"Eh bien, mon cher ami, lui demanda Bro, comment avez-vous supporté l'opération d'hier?
- Très bien...C'était très curieux. Imaginez-vous que ces bourreaux-là m'ont charcuté pendant dix minutes.
-Vous avez dû souffrir horriblement?
-Pas trop...je pensais à autre chose,
-A quoi pensiez-vous?
-A un tableau.
-Comment cela?
-C'est bien simple. J'avais fait tourner la tête de mon lit en face de la glace, de sorte que, pendant qu'ils travaillaient sur mes reins, je les regardais faire en me soulevant sur mes coudes. Ah! Si j'en reviens, je vous réponds que je ferai un fier pendant à l'étude d'anatomie d'André Vésale! seulement mon étude d'anatomie, à moi, sera faite sur un homme vivant"
Le peintre Géricault,
mort par amour ...des suites d une chute de cheval.