C'est ce que j'apprends de sa bouche aux lèvres carminées, une voix douce et sensuelle, grave, presque une voix de basse, surprenante chez cette femme au visage fin, au corps souple et onduleux. Ses mouvements, gestes de sollicitude autour de mon corps épuisé, sont une danse lente et voluptueuse. Elle soulève ma tête et me montre l'île de pierres grises et de ruines émergeant de la brume maritime.
La tour me fascine. Mes yeux se referment sur ce spectacle de désolation, le monde des songes ouvre grand ses bras.
Un monde de mages, de fées, un monde secret que je dois découvrir.
Tout bascule. Je pénètre cette immensité offerte à mes pensées les plus folles. Cette petite mort, la mort des amants étreint mon corps refroidi par la navigation matinale et le vent frappant la proue de l'esquif.
Des personnages étranges, entièrement vêtu de blanc, femmes, hommes, jeunes éphèbes m'entourent avec sollicitude et me parlent doucement, caressent mon corps qui peu à peu semble reprendre vie.
Je sens une nouvelle énergie me parcourir, le soleil se lève et découvre la mer légèrement démontée.
Imperceptiblement le bruit du moteur semble s'éloigner, le sillage à l'arrière devient moins creux, la navigation moins brutale, le silence s'installe. Mes yeux s'ouvrent et découvrent une jetée branlante sur pilotis qui me permet d'avancer et de contempler cette tour grise, des oiseaux de mer signalent notre arrivée en poussant des cris, le port est désert.
Elle me prend par la main et m'accompagne vers la tour. Un chant s'élève. Une litanie dans une langue inconnue. Je suis porté par le rythme, un couple de jeunes femmes, nues sous un voile s'avance vers la mer et me frôle.Leur parfum enveloppe mon corps rigide et tendu.
Parler. Vite parler. Demander dans quel lieu je me trouve. Quel pays. Quelle contrée?
Ma bouche s'ouvre. Je n'émet aucun son. Nous nous dirigeons vers la tour peuplée de choucas. Leur chant rauque remplace ma voix.
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