Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit.


... en tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs manteaux de laine, leurs visages masqués par un voile bleu. Avec eux marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche.


Désert. Le Clézio.

samedi 23 octobre 2010

Pour faire suite à l'article de Mykonos du 7 avril 2010. Eros par Georges Bataille

L'énigme du puits.

Nous ne pouvions imaginer contradiction plus obscure, mieux faites pour assurer le désordre des pensées. Pouvons -nous d'ailleurs imaginer lieu plus favorable à ce désordre: la profondeur perdue de cette caverne, qui ne dut jamais être habitée, qui même, aux premiers temps de la vie proprement humaine, dut être abandonnée.
( Nous savons encore qu'à l'époque où nos pères s'égaraient dans les profondeurs de ce puits, il leur fallait, voulant y parvenir à tout prix, s'y faire descendre à l'aide de cordes...)
" L'énigme du puits" est certainement l'une des plus lourdes, elle est en même temps la plus tragique de celles que notre espèce est pour elle-même. Le très lointain passé dont elle émane rend compte du fait qu'elle se pose en des termes dont,en premier, l'obscurité excessive est frappante. Mais à la fin, l'obscurité impénétrable est la vertu élémentaire d'une énigme. Si nous admettons ce principe paradoxal, cette énigme du puits, qui répond d'une manière si étrange, si parfaite,à l'énigme fondamentale, étant la plus lointaine, celle que l'humanité lointaine propose à l'humanité présente, étant la plus obscure en elle-même, pourrait être en même temps la plus chargée de sens.
N'est-elle pas lourde en effet du mystère initial qu'est à ses propres yeux la venue au monde, l'apparition initiale de l'homme? Ne lie-t-elle pas en même temps ce mystère à l'érotisme et à la mort? La vérité est qu'il est vain d'introduire une énigme à la fois essentielle, et posée sous la forme la plus violente, indépendamment d'un contexte bien connu, tel cependant qu'en raison de la structure humaine il demeure en principe voilé.
Il demeure voilé dans la mesure où l'esprit humain se dérobe.
Voilé, devant les oppositions qui, vertigineusement  se révèlent, dans le fond pour ainsi dire inaccessible qu'est, selon moi, " l'extrême du possible"...
Telles sont, en particulier:
L'indignité du singe, qui ne rit pas...
La dignité de l'homme, qu'ébranle toutefois un rire " à ventre déboutonné"...
La complicité du tragique - que fonde la mort - avec la volupté et le rire...
L'opposition intime de la station droite - et de l'ouverture anale- liée à l'accroupissement...

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