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Ainsi l'enfant vivra avec un coin planté dans son cerveau. Un coin semblable à ceux des bûcherons. Un coin solide qui prend racine dans le lieu du cerveau appelé la faux. Une lame de métal chromé plantée dans la scissure longitudinale qui sépare les deux hémisphères.
Il y aura du sang sur son front, une tache indélébile colore son visage et ses mains.
C'était dans un petit village.
Rempaillage de chaises!! Peaux de lapin peaux!!! On aiguise les couteaux et les ciseaux!!! Il courait à la fenêtre que grand-mère fermait précipitamment , se jetait sur la porte fermée à double tour avec le grand loquet de fer forgé, brutalement grand-père le rejetait dans le fond du couloir sombre de l'immense maison, il avait des yeux furibonds et sa grosse voix lui assénait dans les oreilles: " les romanichels, il ne faut pas leur ouvrir ni aller les voir dans leur roulotte, ce sont des voleurs de poules et de bien d'autre chose." L'enfant repartait penaud sans comprendre cette colère du grand père avec lequel il allait souvent chasser le canard.
Le soir venu il entendait les chants et les guitarres, les tambourins et les rires.
Il pensait "mais ce sont des gens heureux, et moi je suis là avec mes larmes?". Le sommeil était étrange, il y avait des hommes noirs assis autour de son lit. Ils avaient des têtes de bouc avec des yeux de feu.
Longtemps, longtemps après il y repense et comprend. Une libération...?
Mais le coin est toujours dans le cerveau.
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